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vendredi, 10 juin 2005

Cinématographe

Les derniers films que j'ai vus en salle (salle n'étant pas le mot adéquat, en vérité):

Casanova d'Alexandre Volkoff (1927)
Le Voleur de Bagdad de Raoul Walsh (1924)
L'Heure Suprême de Frank Borzage (1927)

mercredi, 08 juin 2005

Corps présent - Corps absent


Je poursuis la lecture de Noli me tangere de Jean-Luc Nancy. Celle-ci ouvre de nombreuses perspectives intéressantes, et la réflexion ralentit la progression dans cet ouvrage pourtant mince.
Ainsi, l’auteur décrit, au début du premier chapître, le paradoxe fondamental de la scène de l’apparition à Marie-Madeleine, en particulier dans le Ne me touche pas


D’une certaine façon, […], le christianisme aura été l’invention de la religion de la touche, du sensible, de la présence immédiate au corps et au cœur. A ce titre, la scène du Noli me tangere serait une exception, un hapax théologique. Ou bien, elle demanderait de penser ensemble, sur un mode oxymorique ou paradoxal, les deux paroles «Hoc est corpus meum» et «Noli me tangere» : et c’est peut-être en effet exactement de ce paradoxe qu’il s’agit.
[…] ici, le Christ écarte expressément le toucher de son corps ressuscité. A aucun autre moment Jésus n’a interdit ni refusé qu’on le touche


Pour abonder dans le sens d’une religion du sensible, je pense qu’il serait intéressant de dénombrer les épisodes où le corps du Christ est touché, mais je n’en ai ni le temps, ni le savoir suffisant, et cela a dû déjà être fait, probablement.

En revanche l’association sur le mode de l’oxymore de la Cène et de l’apparition à Marie-Madeleine me laisse perplexe.

Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps.
Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous;
car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés
(Matthieu XXVI 26-28, Bible de Segond 1910)



Les questions de présence et d’absence sont en effet au cœur des deux passages, de façon complémentaire plutôt que paradoxale me semble-t-il.

Ici, le corps du Christ ressuscité est physiquement présent. Mais dans le même temps, dans le même mouvement, Noli me tangere, Jésus signifie son absence au monde, son départ vers son Père.
Là, par son geste, Prenez, mangez, ceci est mon corps, le Christ indique que, malgré son absence physique, il sera spirituellement et réellement présent dans l’Eucharistie, creuset fondamental de l’église chrétienne.

Présence absente, absence présente, l’oxymore n’est qu’apparent. En miroir, en écho à la Cène, l’apparition à Marie-Madeleine prend sa véritable dimension, et l’on s’étonne moins de l’intérêt qu’y ont porté de nombreux artistes.

Mais je ne suis ni fidèle ni croyant, et je ne vous ai fait part là que de mes modestes réflexions qui n’ont rien de théologiques, mais tout de littéraires.

mardi, 07 juin 2005

Noli me tangere- Ne me touche pas - Rühre mich nicht an

J’ai pris l’habitude, lorsque je me rends à un spectacle où le placement est libre, de partir tôt, et de prendre avec moi un livre pour tromper l’attente.
C’est ainsi que samedi soir dernier, je me suis retrouvé au Temple du Hâ à feuilleter Noli me tangere de Jean-Luc Nancy en attendant le début du concert de Sagittarius consacré à deux cantates de Bach (BWV 198, Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl, magnifique ode funèbre, et la bien connue BWV 147 Herz und Mund und Tat und Leben).

Pourquoi avais-je choisi cet ouvrage… Il était sur le haut d’une des piles de livres à lire, toujours prêtes à s’effondrer, et il m’interpellait depuis plusieurs jours déjà. En outre, je venais de classer les nombreuses cartes postales acquises à la National Gallery de Londres, parmi lesquelles figurent le tableau que Le Titien a peint sur le sujet de l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine.


Ce choix ne fut pas excellent, le brouhaha m’empêchant de lire un texte qui nécessite une certaine concentration. D’habitude, je me munis plutôt de poètes, Pierre-Jean Jouve récemment.

L’opuscule de Jean-Luc Nancy m’avait été conseillé par Dominique Autié, à la suite d’une sienne note pascale, traîtant d’une autre apparition de Jésus après sa Résurrection, aux pélerins d’Emmaüs en l’occurrence.
Entre toutes ces épiphanies, Marie-Madeleine a ma préférence, par ce qu’elle signifie de la puissance de la parole, de la parole du Christ, certes, mais tout autant de la parole humaine, et des mots.

Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre;
et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.
Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répondit: Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.
En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
Jésus lui dit: Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai.
Jésus lui dit: Marie! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni! c'est-à-dire, Maître!
Jésus lui dit: Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.
(Jean XX 11-18, Bible de Segond 1910)


Au calme, je viens seulement d’entamer la lecture de Jean-Luc Nancy. Je peux en revanche vous conseiller dès à présent la lecture de l’Apparition à Marie-Madeleine de Marianne Alphand, Guy Lafon et Daniel Arasse dans la collection Triptyque de Desclée de Brouwer.
Daniel Arasse note à juste titre la difficulté de représentation picturale de l’épisode, par la prégnance de la séduction dans la relation entre les deux protagonistes, voire de son érotisation. Cela n’a pas empêché la réalisation d’un nombre relativement important de tableaux (outre Le Titien, Le Corrège, Holbein, Giotto, Le Pérugin, Pontormo Rubens, Magnasco, Rembrandt, Del Sarto,…).

L’essence de l’esprit d’escalier étant d’être lent, je me suis souvenu, à l’entracte, d’un concert précédent par les mêmes interprêtes, et dans le même lieu, au cours duquel je fus littéralement frappé, émergent d’un flot d’ennui, par ce dialogue de Schütz, notamment l’échange de la révélation, d’une grande intensité, dramatique oserais-je dire, et véritablement prenant :

Dialogo per la Pascua (SWV 443)

Jesus: Weib, was weinest du ?
Marie: Sie haben mein Herren weggenommen und ich weiss nicht, wo sie ihn hingeleget haben. Sie haben Herren weggenommen.
Jesus: Maria !
Marie: Rabbouni !
Jesus: Rühre mich nicht an, denn ich bin noch nicht aufgefahren zu meinem Vater. Ich fahre auf. Ich fahre auf zu meinem Vater und zu eurem Vater, zu meinem Gott.


Si cette œuvre est d’une grande qualité, elle est aussi remarquable par la rareté, me semble-t-il, du thème représenté : Noli me tangere. Je crois en fait ne connaître aucune autre œuvre musicale sur ce sujet – Jean-Luc Nancy signale une Marie-Magdeleine de Massenet que je ne connais pas.

Pourtant, il est probablement plus aisé à un compositeur qu’à un peintre d’éviter l’écueil de l’excessive sensualité de la rencontre. Y aurait-il donc aussi une difficulté particulière de la représentation musicale de cet épisode ?
Il y a là certainement une question à creuser.

lundi, 06 juin 2005

Billets en sablier: un jeu de Kozlika

Les consignes de jeux

Mon billet en sablier du lundi

Mon billet en sablier du mardi

Mon billet en sablier du mercredi

Mon billet en sablier du vendredi

Mon billet en sablier du samedi

Mon billet en sablier du dimanche

Tous les textes des participants

Le site de l'organisatrice

dimanche, 05 juin 2005

Scéance onéreuse

Mon billet en sablier du dimanche


« Amour, parce que comme tout le monde j'en ai besoin. Plein.
Bleu, parce que c'est joli, le bleu. Parce que mon âme en est pleine, de bleus.
Couette, fidèle compagne, seule chaleur de mes nuits (sauf des fois). »

- Mais, dîtes moi, vous êtes adepte de l’Oulipo ?
- Non, pourquoi ?
- Vous venez de commencer un abécédaire. C’est peu commun pour une première scéance chez son psychanaliste.
- Ah, mais c’est involontaire. Et qu’est que cela veut dire ?
- Vous vous croyez où ? Ici, c’est moi qui pose les questions ! Cela fera 100 euros.