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mercredi, 16 juillet 2008

Lazare sent mauvais

Zvezdo, dans un commentaire au billet précédent, s’étonne d’apprendre que Lazare sentait mauvais lors de sa résurrection.

C’est pourtant une représentation classique dans l’iconographie de l’épisode. Ainsi, dans la verrière de la cathédrale de Chartres consacrée à Marie-Madeleine, alors que Jésus crie : « Lazare, sors ! » (devant un sarcophage, alors que le texte de Jean parle d’une grotte), les personnages qui assistent au miracle se bouchent le nez.


C’est évidemment une illustration très imagée de Jean 11.39 :

Jésus dit : Otez la pierre. Marthe, la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là.


Il me semble, comme partout ailleurs dans l’art médiéval, et tout particulièrement à Chartres, que le message va bien au-delà du caractère purement illustratif du vitrail.
En effet, l’odeur dégagée par le cadavre de Lazare en voie de putréfaction, quatre jours après son ensevelissement, est un signe qui permet de mettre en évidence la différence entre sa résurrection, miracle réalisé par Jésus sous la pression populaire (sur le mode « t’es pas cap »), et la Résurrection promise à tous, au dernier jour du jugement dernier (sauf aux âmes damnées et condamnées aux feux de l’enfer).

Contrairement à Jésus (dans les évangiles) et à la Vierge (dans la tradition ultérieure de la dormition et de l’assomption), Lazare a subi la décomposition promise à tous les cadavres humains, avec les effluves qui l’accompagnent. Sa résurrection, purement charnelle si l’on peut dire (et il finira par mourir tout de même (en Provence dit la légende locale)), n’est pas à confondre avec celle du Christ, dont le corps est resté intact (fors les différents plaies infligées sur la croix), et sans odeur.

mardi, 24 juin 2008

La taille de l'encensoir

Le célèbre vitrail dit de la Belle Verrière de la cathédrale de Chartres résulte de l’enchâssement d’une vierge à l’enfant du XIIème siècle, rescapée du grand incendie de 1194, à l’intérieur d’une nouvelle verrière du début du XIIIème siècle.
La différence majeure entre les deux époques, pour ce qui concerne le verre, est la composition de la couleur bleue, obtenue avec du cobalt pour les vitraux romans (le fameux bleu de Chartres, si lumineux et aérien), et du manganèse pour les vitraux gothiques (un bleu plus sombre tirant un peu sur le violet).


Aussi bien sur le plan artistique que du point de vue théologique, les verriers du XIIIème siècle ont parfaitement réussi l’intégration de la Theotokos romane. Cependant, à regarder attentivement le cortège des anges, un détail attire l’attention :


La disproportion de l’ange gothique et de l’encensoir roman est manifeste, quoique le raccord soit presque indécelable. En effet, les dimensions de la fenêtre de la nouvelle cathédrale ont contraint à une réduction de la taillle des anges et imposé ce frottement d’échelle.

Il m’est venu la fantaisie d’imaginer le vitrail d’origine, avec des anges capable de supporter ces grands encensoirs :



La taille gigantesque est impressionnante, et fait douter de la vraisemblance du résultat !

jeudi, 15 mai 2008

Louis VIII in situ

Je vous l'avais signalé et montré ici, et : le vitrail de Louis VIII fut exposé exceptionnellement en février dernier, après sa restauration et avant son remontage dans les parties hautes du choeur de la cathédrale de Chartres.

Voici in situ l'effet produit :



samedi, 01 mars 2008

Exceptionnel ! Rare ! Extraordinaire ! (la preuve par l'image : bis)

En ces temps de célébration du 414ème anniversaire du couronnement d'Henri IV dans la cathédrale de Chartres, voici un royal cheval blanc, ultime vision de près du vitrail de Louis VIII que je vous offre avant, peut-être, une image in situ dans les verrières hautes du choeur.




Merci à LP pour les photographies.

mardi, 26 février 2008

Exceptionnel ! Rare ! Extraordinaire ! (la preuve par l'image)

Il est désormais trop tard pour admirer de près Louis VIII. Vous devrez à partir de demain vous munir de jumelles et scruter les verrières hautes du choeur de la cathédrale.
Quelques images pour vous faire regretter :




L'oeil était dans le heaume et regardait...


lundi, 25 février 2008

Exceptionnel ! Rare ! Extraordinaire !

Je sors de mon sillence pour inviter tous ceux de mes lecteurs se trouvant à moins d'une heure de Chartres (et a fortiori les chartrains bien entendu) à se rendre demain, mardi 26 février, à 19h30 dans la chapelle basse de la tour Sud de la cathédrale pour admirer de près, après restauration, la petite rose d'un vitrail du haut choeur.



Cette rose du XIIIe siècle, représentant le roi Louis VIII de France en chevalier, sera replacée dès vendredi à son emplacement originel, à trente mètres de hauteur. Il s'agit donc d'une occasion exceptionnelle à ne pas manquer, d'autant plus que l'oeuvre est splendide (et en couleurs, naturellement).

jeudi, 06 septembre 2007

I have a dream

La prise de pouvoir de la psychanalyse, au début du XXe siècle, a fait basculer définitivement l’interprétation des rêves du côté de l’intime et de l’introspection, alors que pendant des siècles, et à tout le moins pendant le Moyen-âge, le songe fut un moyen d’expliquer le monde et ses mystères, de prédire le futur ou de deviner le passé.
Dans un contexte théologique, la Bible et la vie des Saints fourmillent de rêves, permettant la médiation de l’homme et de Dieu (ou du Diable), sous une forme peut-être plus acceptable pour le quidam que de véritables apparitions.

C’est ainsi que les vitraux de la cathédrale de Chartres nous montrent de nombreux dormeurs (notons cependant immédiatement que les concepteurs du programme de la vitrerie chartraine n’ont guère versé dans la rêverie légendaire et fantastique, se concentrant sur leurs objectifs théologiques et politiques).

A tout seigneur, tout honneur, Charlemagne est enjoint, dans un songe, par Saint Jacques de délivrer son tombeau à Compostelle.


Dans la même verrière, Charlemagne de songeur devient songé, puisqu’il apparaît à l’empereur byzantin Constantin, lui annonçant son aide contre les sarrasins.


Des bons rois (selon l’Eglise), passons aux mauvais rois dans le vitrail de Saint Etienne. Le mauvais roi songe en effet au Diable.


Du vitrail et des rois à la sculpture et aux mages, ou aux rois mages, avertis en songe, au portail Nord, de ne pas retourner vers Hérode.


S’il est un homme aux songes dans la Bible, c’est bien Joseph, le fils de Jacob. Dans le vitrail qui lui est consacré (en tant que préfigurateur de Jésus), le songe aux étoiles est figuré (11 étoiles, la lune et le soleil).


Mais c’est surtout comme interprète des rêves d’autrui qu’il est représenté, tout d’abord ceux des serviteurs de Pharaon…


...puis celui de Pharaon lui-même.


Bien entendu des saints locaux sont aussi honorés. Tout d’abord Saint Savinien, légendaire évêque de Sens, auquel apparaissent en songe Saint Pierre et Saint Paul.


Et puis évidemment le célèbre Saint Martin de Tours, auquel apparaît le Christ.


Mais il est un autre dormeur, dans les images de Chartres. C’est Jessé, du flanc duquel sort l’arbre portant les rois de Juda et, au sommet, le Christ.


Il s’agit là bien sûr du célèbre arbre de Jessé illustrant à la fois la prophétie d’Isaïe (Un rameau sortira de la souche de Jessé, / un rejeton jaillira de ses racines. / Sur lui reposera l'esprit du Seigneur ) et la généalogie du Christ de l’évangile selon Saint Matthieu.



Mais alors, le Christ, et le christianisme par conséquent, ne serait donc qu’un songe de Jessé ?

dimanche, 15 juillet 2007

Une image de Chartres par semaine (51) - Feu d'artifice

Le rectorat de la cathédrale de Chartres a eu, cet été, la bonne idée d'ouvrir l'édifice jusqu'à dix heures du soir, trois jours par semaine, en proposant en outre quelques animations (dont il faut bien dire qu'elles sont, pour celles auxquelles j'ai assistées, passablement prêchi-prêcha). Cette initiative, nonobstant son inscription dans un ensemble de mesures destinées à maintenir les touristes une nuit sur place, a essentiellement le mérite de permettre d'assister aux jeux de la lumière du soleil couchant sur les vitraux situés au Nord, en particulier la rose et les lancettes du transept.

Las, jusqu'à présent, le temps sombre n'avait pas permis le flamboiement espéré.
C'est vendredi dernier seulement que les quelques visiteurs attentifs purent être submergés par la couleur (les autres étant sagement assis dans la nef devant l'écran blanc, attendant la projection consacrée au vitrail de Saint-Eustache).


Le vitrail typologique de la crucifixion



Le transept Nord












lundi, 28 mai 2007

Orléans, Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme (Chartres)

Ré-mi-do Ré-mi-do
Ré-mi-fa-mi-ré-mi-do
Mi-rééé-do Mi-rééé-do


Il y a manifestement de nombreux fils qui relient Vendôme à Chartres, à tout le moins l'abbaye de la Trinité à la cathédrale Notre-Dame, nonobstant l'appartenance du Vendômois au diocèse chartrain du temps de sa splendeur.

En premier lieu, le clocher roman de ladite abbaye fait furieusement penser à la tour Sud de la cathédrale.


Il semble en effet établi que le chef-d’œuvre chartrain soit inspiré du modèle vendômois, en le portant toutefois à un degré de perfection que ce ce dernier ne possède pas.


En second lieu, on ne peut manquer de faire le rapprochement entre Notre-Dame de la Belle Verrière, chartraine, et la Majesté Notre-Dame, vendômoise, et plus ancienne.


Cependant, la Sedes Sapientae est une figure classique de la sculpture, de la peinture et de la verrerie romanes, et il n'y a guère de raison de voir une quelconque influence de Vendôme sur Chartres en la matière.

Enfin, le maître d’œuvre de la flèche de la tour Nord ainsi que du pavillon de l'horloge et du tour du chœur de la cathédrale, Jehan Texier, dit Jehan de Beauce, est arrivé à Chartres en 1506 en provenance de Vendôme.
La tradition lui attribue la conception de la superbe façade flamboyante de l'abbaye de la Trinité.



Mes amis que reste-t'il
A ce Dauphin si gentil ?

Orléans, Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme... mais pas Chartres, plus souvent opposée au Roi de France que dans son camp !

dimanche, 11 mars 2007

Une image de Chartres par semaine (33) - Reflet d'une belle verrière

Un œil bleu se regarde.