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mercredi, 25 avril 2007

L'Irréprochable

Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.

Tour de David, voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.

Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.


Charles Péguy - Extrait de La Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres

jeudi, 24 août 2006

Avez-vous lu Pannard ?

Si Apollinaire a créé le mot de Calligramme, il n’a pas inventé l’objet. La référence à Rabelais et à sa Dive bouteille est traditionnelle, en revanche Charles-François Pannard, né à Courville sur Eure en 1689, est peu cité. Recherchant des renseignements sur l’action de Pasteur en Eure-et-Loir (j'y reviendrai), je suis tombé par hasard sur ce dramaturge et poète beauceron, et en particulier sur son verre à pied :


Nous ne pouvons rien trouver sur la terre
Qui soit si bon, ni si beau que le verre.
Du tendre amour berceau charmant,
C'est toi, champêtre fougère
C'est toi qui sers à faire
L'heureux instrument
Où souvent pétille,
Mousse et brille
Le jus qui rend
Gai, riant,
Content.
Quelle douceur
Il porte au cœur !
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne ;
Qu'on l'entonne
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne
Vite et comme il faut.
L'on y voit, sur ses flots chéris,
Nager l'Allégresse et les Ris.


(Cette histoire de Tôt-tôt-tôt est quand même assez nulle)

11:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (11)

vendredi, 10 février 2006

Le travail du poète

Pourquoi la poésie, pourquoi les poètes?
Voilà l'admirable réponse de Philippe Jaccottet.

L'ouvrage d'un regard d'heure en heure affaibli
n'est pas plus de rêver que de former des pleurs,
mais de veiller comme un berger et d'appeler
tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort.
Le travail du poète in L'ignorant


Parole du berger, choral du veilleur.

12:21 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 27 janvier 2006

L'embarquement de Ferrando et Guglielmo

Ma contribution à l'année Mozart.


Soave sia il vento
Tranquilla sia l'onda
Ed ogni elemento
Benigno risponda
Ai nostri desir

C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde, [...]
« Ô toi, désir, qui vas chanter… » Et ne voilà-t-il pas déjà toute ma page elle-même bruissante,
Comme ce grand arbre de magie sous sa pouillerie d'hiver : vain de son lot d'icônes, de fétiches,
Berçant dépouilles et spectres de locustes; léguant, liant au vent du ciel filiales d'ailes et d'essaims, lais et relais du plus haut verbe -
Ha ! très grand arbre du langage peuplé d'oracles, de maximes et murmurant murmure d'aveugle-né dans les quinconces du savoir...








Port de mer avec la villa Médicis (1637) Claude Gellée dit Le Lorrain
Cosi fan tutte (trio de l'acte I - scène 6) Wolfgang Amadeus Mozart - Lorenzo da Ponte
Vents I (extraits) Saint-John Perse

lundi, 23 janvier 2006

Sur le tympan d'une église romane



Maison pour recevoir l'abandon de Dieu,
Dos étréci et bleu de pierres.

Ah! désespoir avide d'ombre,
Indéfiniment poursuivi
Dans son amour et son squelette.

Vérité aux secrètes larmes,
La plus offrante des tanières!




L'art roman - ses églises, ses cathédrales et ses basiliques, ses sculptures et ses peintures - trouve en moi des résonnances profondes, sur les origines desquelles je m'interroge à intervalles réguliers. Ce texte de René Char, retrouvé par hasard à l'occasion d'une recherche d'un nouvel exergue, n'est pas sans apporter quelques indices, probablement.

samedi, 12 novembre 2005

Confiotes

En dédicace particulière à Samantdi


Dans ce monde qui est notre monde et qui est encore assez trop souvent un monde de brutes épaisses, la confiote est une parenthèse :


Confiotes de Rémi Checchetto est édité aux Editions de l'Attente, petite maison d'édition tout à côté de chez moi.

mardi, 08 novembre 2005

Pages

Les livres, ce qu'il déchira,
La page dévastée, mais la lumière
Sur la page, l'accroissement de la lumière,
Il comprit qu'il redevenait la page blanche.
Yves Bonnefoy

Elle a chanté, parfois incohérente, signe
Lamentable!
                  le lit aux pages de vélin,
Tel, inutile et si claustral, n'est pas le lin!
Stéphane Mallarmé


23:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)

samedi, 18 juin 2005

Qu’est-ce que la lumière ?


Il rêva qu’il ouvrait les yeux, sur des soleils
Qui approchaient du port, silencieux
Encore, feux éteints ; mais doublés dans l’eau grise
D’une ombre où foisonnait la future couleur.

Puis il se réveilla. Qu’est-ce que la lumière ?
Qu’est-ce que peindre ici, de nuit ? Intensifier
Le bleu d’ici, les ocres, tous les rouges,
N’est-ce pas de la mort plus encore qu’avant ?

Il peignit donc le port mais le fit en ruine,
On entendait l’eau battre au flanc de la beauté
Et crier des enfants dans des chambres closes,
Les étoiles étincelaient parmi les pierres.

Mais son dernier tableau, rien qu’une ébauche,
Il semble que ce soit Psyché qui, revenue,
S’est écroulée en pleurs ou chantonne, dans l’herbe
Qui s’enchevêtre au seuil du chäteau d’Amour

Yves Bonnefoy Ce qui fut sans lumière
Claude Gellée dit Le Lorrain Psyché devant le château d'Amour