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lundi, 02 avril 2007

Foules

Samedi soir, gare Montparnasse (en fait, il est dimanche matin). Nous rencontrons tout d’abord une foule de policiers et de CRS entre lesquels nous slalomons pour atteindre notre train (qui pour une fois n’est pas une vieille guimbarde). Nous croisons sur le quai une foule de supporteurs des Girondins, relativement calmes, ma foi. De toutes les façons, nous avons deux forts volumes du Journal de Travers dans le sac pour nous défendre éventuellement (un coup sur la tête d’un ouvrage de 800 pages doit laisser quelques traces).
En l'absence de cris frénétiques, nous pensons que leur équipe a perdu (a perdu quoi et contre qui, je n’en sais fichtre rien). Nous apprendrons ultérieurement que les Girondins ont en fait battu l'Olympique Lyonnais en finale de la coupe de la Ligue.
Bordeaux mériterait-elle sa réputation de ville sage, voire triste, au milieu d’un Sud-Ouest exubérant ?

Dimanche matin. Je suis réveillé par les chants, tout à fait médiocres (cette soupe vaticandeusesque est vraiment à des années lumières de la Johannes-Passion de Bach ), de la foule des marcheurs du pèlerinage étudiant de Chartres, inspiré par Charles Péguy, une plaque commémorative apposée sur un pilier du sanctuaire en témoigne. Si les deux à trois mille pèlerins suivent plusieurs itinéraires différents dans la plate Beauce, ou dans la vallée de l’Eure, ils se rassemblent avant d’arriver à la cathédrale et passent tous dans ma petite rue résonnante.


La foule des prêtres attend devant la porte

dimanche, 01 avril 2007

Une image de Chartres par semaine (36) - Porte cochère

Le temps, le vent, la pluie ont fait chacun leur effet. Mais la décoration baroque de la porte cochère du musée des Beaux-Arts, ci-devant évéché, se voit encore, pour qui veut bien regarder.

samedi, 31 mars 2007

Herr Bach, ich will dich preisen ewiglich !

Moins que Bob Wilson (dont j’avais adoré Orlando avec Isabelle Huppert), et même moins que Lucinda Childs (qui m’avait laissé indifférent dans la Maladie de la Mort avec Michel Piccoli, toujours mis en scène par Bob Wilson), c’est Emmanuelle Haïm qui m’avait incité, en début de saison, à ne pas prendre de place pour la Passion selon Saint-Jean au théâtre du Châtelet. J’avais en effet trouvé sa direction parfaitement soporifique dans Tamerlano, et d’autre part son Orfeo, si loué par la critique qu’il soit, m’a semblé tout à fait ennuyeux. Je crois que mes a priori négatifs ont dû d’ailleurs intoxiquer Bladsurb !

Mais en farfouillant sur Ibai, je suis tombé sur deux places on ne peut mieux placées à un prix défiant toute concurrence pour la représentation d’hier soir (et j’en remercie grandement le vendeur). La Passion selon Saint-Jean étant une de mes œuvres favorites (je suis de plus en plus bouleversé par cette musique), j’ai sauté sur l’occasion.
Bien m’en a pris, car ce fut un spectacle magnifique.

Evidemment, Bob Wilson wilsonise, utilisant son répertoire habituel, mais il y aurait mauvaise grâce à le lui reprocher, tant son univers est très personnel et très fort ; si personnel et si fort que certains lui font le procès de ne pas se renouveler, ce qui est faux, à mon avis. Il est vrai que les parti-pris wilsoniens sont plus ou moins cohérents avec l’œuvre qu’il met en scène, mais en l’occurrence l’adéquation me semble très satisfaisante.
En effet, la Passion selon Saint-Jean n’est pas un opéra – malgré le drame, les arias, les dialogues entre les protagonistes de l’action – car l’évangile johannique, qui est omniprésent, dans son intégrité et son intégralité, n’est pas conçu dans un objectif de progression et d’efficacité dramatique, non plus que la présence d’un narrateur (« Jésus dit », « Pilate répond » und so weiter) imposé par le respect scrupuleux du texte.
Aussi, les images hiératiques et intemporelles de Bob Wilson conviennent parfaitement à la hauteur de vue de Bach – si l’on accepte le principe d’une représentation, bien sûr, ce à quoi personne n’est tenu, tant cette musique se suffit à elle-même – , suggérant plutôt que montrant, arrêtant le geste avant qu’il ne soit trop démonstratif, et le symbole avant qu’il ne soit trop évident (pas de croix, mais presque).
Le contrepoint de Lucinda Childs apporte peu, mais n’est vraiment superfétatoire que dans le dialogue entre Pilate et le chœur où son agitation apparaît bien inutile.


Musicalement, Emmanuelle Haïm est aux antipodes de Frans Brüggen, entendu la semaine dernière.
En incise, je note que j’ai lu les quelques recension de la première représentation de la Passion haïmienne et wilsonnienne (mercredi dernier), et que j’ai vraiment l’impression de n’avoir ni vu ni entendu la même chose.
Autant Brüggen était dans l’épure et la retenue, faisant de la Passion une grande déploration introspective sur la mort du Christ, sans théâtre, mais non sans drame, concentré dans les récits, autant Haïm est dans le registre de l’expressivité. C’est elle qui m’a le plus surpris, dès les premières notes, car c’est d’elle que j’attendais le moins, et sa direction souple et dynamique, avec une belle pulsation, m’a vraiment plu.
Le choix des chanteurs participe à cette optique lyrique, tous ayant un timbre chaleureux, et une voix vibrante, les plus représentatifs étant à cet égard Emma Bell (soprano) et Luca Pisaroni (Jésus). A noter l’impressionnant Pilate de Simon Kirkbride et la superbe basse Christian Gerhaher (époustouflant Betrachte, mein Seel). Je serai plus réservé quant au ténor encore un peu vert Finnur Bjarnason (mais s’intégrant parfaitement dans la conception d’ensemble), et dubitatif quant à Andreas Scholl (que je n’avais jamais entendu) qui a un timbre curieux et une projection limitée, mais dont l’air Es ist vollbracht était émouvant au plus haut point.
Il n'y aurait naturellement pas de Passion sans Evangéliste. Pavol Breslik n'est certes pas dans la lignée des Helden-évangélistes, mais il vit et transmet le drame de la Passion avec beaucoup d'intensité (et de voix de tête) et d'expressivité.
Le chœur était à l’unisson, moins précis que d’autres, mais plus lyrique et très expressif (et capable de remarquables nuances), et l’orchestre absolument splendide (sur ce point, je ne comprend absolument pas les critiques qui ont trouvé le Concert d’Astrée médiocre), coloré et virtuose.

Beaucoup d’émotions, et quelques larmes !


La Passion selon saint Jean BWV 245, de Johann Sebastian Bach. Avec Luca Pisaroni, Pavol Breslik, Emma Bell, Andreas Scholl, Finnur Bjanarson, Christian Gerhaher, Simon Kirkbride, Robert Wilson (mise en scène, décors et lumières), Frida Parmeggiani (costumes), Lucinda Childs (chorégraphie et danse), Orchestre et Choeur du Concert d'Astrée, Emmanuelle Haïm (direction). Théâtre du Châtelet. Vendredi 30 mars 2007.

dimanche, 25 mars 2007

Une image de Chartres par semaine (35) - Tympans canoniaux

Il faut savoir tourner la tête, même devant le portail royal de la cathédrale de Chartres.
Vous verrez alors la façade de la seule maison canoniale du cloître Notre-Dame qui nous soit parvenu sans trop de restauration depuis le XIIIe siècle.











samedi, 24 mars 2007

La pluie et la neige tombent du ciel

Après la Passion selon Saint-Jean mercredi soir, me voilà de retour à Saint-Roch pour écouter Sigiswald Kuijken, sa Petite Bande et quelques chanteurs (Siri Thornhill, Petra Noskaoiva, Marcus Ullmann, Jan van der Crabben) dans trois cantates de Jean-Sébastien Bach (la BWV 22 ayant disparu du programme). Deux voyages successifs depuis Chartres, c’est un peu trop, mais les cantates ne sont pas souvent jouées, et je ne voulais pas manquer cela.
Comme à son habitude, Kuijken commence par une petite introduction destinée d’une part à situer les œuvres dans le temps liturgique (avant le carême pour les BWV 18 et 23, lors de l’annonciation pour la BWV 1 (en forme de cantate festive de Noël)) et d’autre part à présenter, rapidement, sa marotte actuelle, le violoncello da spalla, avec lequel il joue les sonates pour violoncelle seul. N’ayant pas le temps de faire un exposé musicologique détaillé, il demande aux spectateurs de le croire sur parole, sachant que de toutes les façons, il a raison.
Kuijken n’aime pas les compromis : aucun de ses instrumentistes à cordes n’a de mentonnière, les cors naturels n’ont pas le moindre soupçon de trous, les effectifs sont réduits (une voix par pupitre pour le chœur). Il ne va cependant pas jusqu’à choisir des enfants pour les vois de soprano et d’alto, car il est aussi réaliste, je suppose.

Trois belles cantates, très variées, qui mettent bien en évidence le génie multiforme de Bach, entre la litanie venue du fond des ages du BWV 18/3, le duo soprano/alto pergolésien du BWV 23/1, le chœur d’entrée de la cantate-choral BWV 1 et les airs da capo tout droit sortis des opéras que n’a pas écrits le Cantor de Leipzig.


Très belle qualité et homogénéité instrumentale et vocale, superbe sonorité d’ensemble, avec notamment les savoureuses couleurs des instruments à vent (très beaux cors naturels).
Je reprocherai cependant, histoire de chipoter, à Kuijken un certain manque de nerf, assez sensible dans les BWV 18 et 22, en particulier dans les récits de la basse. Il s’agit moins, de mon point de vue, de tempo, d’articulation ou d’accentuation que d’un léger manque de soutien.

Heureux de ma soirée, je m’en retournai ensuite, dans la nuit froide, vers mes pénates, non sans une discussion de A. à Z. Je dois bien avouer que la journée de vendredi fut difficile !