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dimanche, 29 avril 2007

Tharaud président !

Alexandre Tharaud est intelligent, Alexandre Tharaud est virtuose, Alexandre Tharaud est beau, Alexandre Tharaud est généreux, Alexandre Tharaud est étonnant, Alexandre Tharaud est éclectique, Alexandre Tharaud est époustouflant, Alexandre Tharaud est original et naturel, Alexandre Tharaud est aérien et profond, Alexandre Tharaud est génial…


Alors pourquoi pas, comme l’a crié spontanément un spectateur dans le délire des bis du concert du pianiste, hier soir au théâtre des Champs-Élysées, Tharaud président ?

(oui, je sais, cela fait un peu trop groupie du pianiste, mais j’assume.)


Bach, Couperin, Ravel – Alexandre Tharaud, piano – Théâtre des Champs-Élysées – Samedi 28 avril 2007.

Une image de Chartres par semaine (40) - Murs

On voit des choses curieuses sur les murs de Chartres.


Des carreaux de céramique espagnole en l'honneur de la Vierge du Rocio



Une unique pièce métallique affleure sur le mur jaune fraichement crépi

jeudi, 26 avril 2007

L’œuf et la poule

Ce matin, Claire-Marie Leguay était l’invitée de Lionel Esparza sur France-Musique à l’occasion de la parution d’un disque qu’elle a consacré à des sonates dans la tonalité d’ut mineur de Haydn et Mozart. De façon tout à fait classique, elle a souligné le caractère sombre et profond qui s’attache à cette tonalité (Ut mineur ou la couleur du drame).
Or cette affirmation me semble complètement erronée et relever d'un lieu commun dans le cadre du tempérament égal utilisé quasiment systématiquement en Occident depuis deux siècles et demi.

Vous trouverez ici une page très bien faite qui permet de comprendre ce qu’est un tempérament. En résumé, pour accorder un instrument, il est nécessaire d’altérer les quintes (intervalle de cinq notes) pour conserver la pureté de l’octave (intervalle de huit notes). Comme l’indiquait Bruno Procopio lundi dans la même émission matinale, les compositeurs français des XVIIe et XVIIIe siècles utilisaient des accords qui pouvaient rendre certaines tonalités inutilisables, certaines tierces étant complètement fausses. Aussi, de nombreuses recherches (dont celles du fameux Andreas Werckmeister) ont visé à trouver un accord qui pourraient permettre d’utiliser toutes les tonalités. C’est ainsi que Jean-Sébastien Bach a pu composer son Clavecin bien tempéré.
Toutefois, ces tempéraments restaient inégaux, en ce sens que toutes les quintes et les tierces n’étaient pas altérées de la même façon, ce qui donnaient, effectivement, un caractère spécifique à chaque tonalité.
A partir du moment où l’octave a été divisée en douze demi-tons strictement égaux (le tempérament égal, qui facilite grandement les modulations chères au style classique), il n’y a plus, objectivement, aucune différence entre tonalités (surtout si l’on y ajoute la variable de la hauteur du diapason).

Cependant, il est indéniable qu’il y a une parenté d’atmosphère entre, par exemple, les sonates de Mozart et de Haydn choisies par Claire-Marie Leguay.
Il me semble que nous sommes là devant un phénomène de l'œuf et de la poule, les compositeurs désirant composer une musique de caractère sombre ou profond choisissant la tonalité d’ut mineur plus pour la tradition qui s’y attache que pour les qualités intrinsèques de ladite tonalité.


J’ai profité de l’absence de Zvezdo pour me lancer dans cette tentative de remise en cause d’un lieu commun, mais vous ne le lui répèterez pas, bien sûr.

17:19 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (4)

mercredi, 25 avril 2007

L'Irréprochable

Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.

Tour de David, voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.

Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.


Charles Péguy - Extrait de La Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres

mardi, 24 avril 2007

A la porte

Assis seul dans un compartiment – vide – d’un train – vide – quittant la gare Saint-Lazare – vide – vers une destination inconnue – mais sûrement vide – dans un monde d’après la catastrophe, dont personne ne sait que le signe annonciateur a été la mort de ses enfants, broyés dans leur voiture le long d’une nationale, le philosophe – un professeur de philosophie à la retraite devient-il nécessairement philosophe ? – contemple, installé sur la banquette qui lui fait face, le portrait de Cornelius van der Geest, trouvé dans le sous-sol du café situé à l’angle de la rue des Récollets et du canal Saint-martin, portrait dans lequel il s’est reconnu alors qu’il se regardait dans la glace des toilettes.
C’est ainsi que s’achève, vers le soleil couchant, le voyage au bord de la folie, du rêve ou du cauchemar (mais pas tellement au bord, en fait) entamé une heure et demie auparavant sur le seuil d’une porte, malencontreusement claquée alors que les clés sont restées sur le guéridon, à l’intérieur.



Seul sur scène, avec seulement quelques chaises, la lumière et un beau texte dense, dans un décor réduit à quelques panneaux rouges évocateurs, Michel Aumont est magnifique, merveilleux, époustouflant, génial, jouant, avec son corps et sa voix, les silences, les émotions, les emportements bernhardiens, les changements de ton, emportant avec lui dans les névroses du personnage les spectateurs fascinés.


A la porte, texte de Vincent Delecroix, adapté et mise en scène par Marcel Bluwal, avec Michel Aumont – Théâtre de l’Œuvre – Dimanche 22 avril 2007.