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vendredi, 23 mars 2007

Barocco-liste

Hier soir, la conversation tournant autour de la musique baroque (de A. à Z.), je me suis remémoré tous les concerts auxquels j’ai assisté, et, naturellement, j’en ai fait une liste, dont la règle est la suivante : figurent ci-après tous les chefs d’orchestre, ou d’ensemble, et les instrumentistes, interprètes de musique baroque respectant les règles issues de la recherche musicologique (dont le choix des instruments d’époque, mais pas uniquement).


John-Eliot Gardiner (English baroque soloists, Monteverdi choir) – Malcolm Bilson – Charles Farncombe – Trevor Pinnock (The English Concert) – Philippe Herreweghe (Collegium Vocale de Gand) – William Christie (Les Arts Florissants) – Pierre Hantaï – Frans Brüggen (Orchestre du XVIIIe siècle, Capella Amsterdam) – Ton Koopman – Tini Mathot – Gérard Lesne (Il Seminario Musicale) – Jean Tubery (La Fenice) – Daniel Cuillier (Stradivaria) – Christophe Rousset (Les Talens lyriques) – Joel Cohen (Boston Camerata) – Barthold Kuijken – Bob van Asperen – Martin Gester – Rinaldo Alessandrini (Concerto italiano) – Skip Sempé – Olivier Fortin – Marcel Pérès (Ensemble Organum) – Reinhard Goebel (Musica Antiqua Köln) – Michel Laplénie (Sagittarius) – Gustav Leonhardt – Jordi Savall (Concert des Nations, Hesperion XX) – René Jacobs (Concerto Köln) – Sigiswald Kuijken (La Petite Bande – Emmanuelle Haïm (Concert d’Astrée) – Paul van Nevel (Huelgas ensemble) – Joel Suhubiette (Les Eléménts, Ensemble Jacques Moderne, Café Zimmermann) – Benjamin Alard – Ensemble La Maurache – Patrick Cohën-Akenine (Les Folies Françoises) – Nikolaus Harnoncourt (Concentus Musicus)


Il en manque quelques uns à mon palmarès, parmi les plus grands, en particulier Nikolaus Harnoncourt, Jean-Claude Malgoire (qui, quoique l’on puisse penser aujourd’hui de ses interprétations, a eu une importance certaine dans les années 70 et 80), quelques anglais (Hogwood) et d’autres que j’oublie sur l’instant.
Je note, en revisitant mes archives, que William Christie est, de loin, celui que j'ai vu le plus grand nombre de fois.

Mise à jour du 26 décembre 2007

20:50 Publié dans Listes | Lien permanent | Commentaires (6)

jeudi, 22 mars 2007

La Passion selon Frans et Markus

Quand Frans Brüggen, mercredi soir, pénètra dans la croisée du transept de l’église Saint-Roch, où étaient installés les musiciens – l’orchestre du XVIIIe siècle, la Cappella Amsterdam, Markus Schäffer (l’évangéliste), Thomas Oliemans (Jésus), Nele Gramss (soprano), Patrick van Goethem (alto), Marcel Beeckman (ténor), Geert Smits (basse) – c’est un spectre qui apparût, revenu me hanter depuis l’église Saint-Paul de mes vingt ans.


Il avait choisi de remettre une nouvelle fois sur le métier Jean-Sébastien Bach, et sa Passion selon Saint-Jean. C’est une œuvre totalement géniale, est-il besoin de le dire ; les chœurs de foule (les juifs, les grands prêtres…) sont particulièrement étonnants (je dirais volontiers « modernes » si cela avait un sens), et toute la fin (depuis Es ist vollbracht jusqu’au choral final, en passant par Mein teurer Heiland (et son Ja), Zerfliesse mein Herze et le chœur Ruht wohl, Ihr Heiligen Gebeine) est d’une telle intensité et d’une telle beauté qu’elle m’en devient presqu’insupportable, et qu’il me faut toujours un certain temps pour m’en remettre (d’autant plus que le public de Saint-Roch a justement fait durer le silence après la dernière note).
Le compositeur a largement développé le récit évangélique, avec de nombreuses interventions de l’évangéliste et de Jésus, bien sûr, mais aussi beaucoup de répliques d’autres protagonistes secondaires, notamment Pilate. Brüggen traite ces passages de façon très dramatique et expressive, aidé en cela par un remarquable chanteur, Markus Schäffer, digne hériter de toute la tradition de ténors allemands ayant interprété le rôle, Ernst Haefliger par exemple, pour fixer les idées (Ernst Haefliger qui vient de disparaître).

En contraste avec ce dramatisme, Brüggen a dirigé le reste de l’œuvre à la pointe sèche, et du bout des doigts (désolé, mais je crois bien que je ne sais parler de la musique que par image !), avec beaucoup de legato, de douceur et de retenue, plutôt vif dans les chorals, et plus lent dans les airs, mais sans aucun pathos ni épanchement.
Les solistes, globalement bons, se sont intégrés de manière cohérente dans cette conception, la seule faiblesse étant l’alto (souffle court, vocalisation laborieuse, aigus difficiles). Celui-ci s’est quand même honorablement tiré de son air, central s’il en est, Es ist vollbracht, le chef en ayant fait une véritable épure.

Emblématiques de la vision de Brüggen, les deux grands chœurs d’entrée et de fin, avant la méditation finale en forme de choral, véritables portiques encadrant l’œuvre, ont été traités par le chef dans une sorte de renversement de perspective ; Herr, unser Herrscher comme une berceuse, dans la résignation de la crucifixion, tout en nuance et en douceur (sauf dans la dernière reprise en un contraste saisissant) ; Ruht wohl vif et nerveux, dans l’impatience de la résurrection, avant un ralentissement en forme de déploration, assurant la transition vers la supplique finale Ach Herr, lass dein lieb Engelein.

Retour à Saint-Roch ce soir, pour quatre cantates de Bach par Sigiswald Kuijken.

Ce billet publié le lendemain du concert peut sembler en contradiction avec la note précédente, a été en fait été rédigé sur le vif dans le train du retour, ceci expliquant peut-être cela.

mardi, 20 mars 2007

Jauchzet Goerne in allen Landen !

Il est tout à fait regrettable que la seule évocation sur ce blogue du splendide concert qu’ont donné Matthias Goerne et Christoph Eschenbach vendredi soir dernier à la salle Pleyel en reste à la relation des désagréments occasionnés par certains spectateurs. J’avais donc projeter de faire un effort pour en rédiger un compte-rendu.
Pour expliquer le terme « effort », il faut dire que ce n’est en effet pas un genre de billet auquel je me livre habituellement, d’une part car mon blogue n’est pas pour moi un aide-mémoire (je note tous les concerts par ailleurs, et je conserve les billets et les programmes), d’autre part en raison du peu d’intérêt que je trouve à ce que j’ai à en dire (surtout en comparaison des brillants blogueurs versés dans l’exercice), et enfin parce que j’ai l’esprit d’escalier, et qu’évoquer une soirée deux semaines après qu’elle a eu lieu ne doit guère être passionnant pour le lecteur.

J’en étais là, quand la lecture de la recension du concert par Bajazet sur son blogue L’Isola Disabitata, avec lequel je suis absolument d’accord en tous points, ajoutée à celle du billet de Zvezdo, sans compter le compte-rendu du Poisson rêveur (un autre Philippe), m’ont tout à fait découragé de poursuivre mon entreprise. (Tiens, il faudrait que je pense à mettre à jour ma liste noosphérique)

Je vous renverrai donc à ces trois chroniques (ici , là et ).

Et pour conclure, je proclame :

Jauchzet Goerne in allen Landen !

(après tout bien des blogues ont bâti leur réputation et leur visitorat (j’adore ce terme) quasi uniquement en proposant des renvois sur des billets rédigés par d’autres)

Enfin pour le contraste, allez voter pour le ténor n°5 !

J'ai aussi appris lors de cette soirée que toutes les lignes 9* allaient à Montparnasse, même si parfois il faut attendre un peu.

20 mars, presque le printemps

Printemps qui commence / Versant l'espérance


14:40 Publié dans Brève | Lien permanent | Commentaires (3)

lundi, 19 mars 2007

Un léger accès de misanthropie ratiocinante

Dans la hiérarchie des genres musicaux, il est habituel de placer au sommet le récital de lieder, au côté de la soirée de quatuor à cordes. L’on pourrait donc espérer que le public qui fait l’effort d’assister à un concert consacré entièrement à des lieder de Schumann et de Brahms, et qui ne devait guère avoir pour motivation à cela de raisons sociales ou médiatiques (comme par exemple pour un concert de Cécilia Bartoli ou une première à Bastille), soit particulièrement attentif au respect des artistes, et par là même des autres spectateurs.
Vendredi soir dernier, ce ne furent pourtant que toussotements, chuchotis, et feuilletages de livret, sans compter la ruée finale vers le vestiaire qui limita fort malencontreusement le nombre de bis.