Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 11 décembre 2005

La porte des Ménines a été verrouillée de l'intérieur


Quand un metteur en scène recherche à tout prix la provocation, et qu'il ne la trouve qu'en transformant en grosse farce vulgaire les scènes comiques entre les valets, qui ne sont dans le fond que des respirations au sein d'une pièce très noire, il ne provoque en moi qu'un profond ennui.
Quand un metteur en scène se demande à un tel point comment on peut jouer une telle pièce, et que sa réponse consiste à rajouter des répliques inutiles de son cru - peu, certes, mais du style j'ai envie de faire pipi -, il provoque mon énervement.
Quand un metteur en scène fait montre d'une telle prétention (ça voudrait ressembler aux Ménines de Velasquez), il ne réussit qu'à se ridiculiser.
Et que la malpeste soit sur ces acteurs qui hurlent à longueur de temps et hors de propos, sur un ton monocorde et essouflé - serait-ce là le résultat de l'enseignement des conservatoires, ici l'école du TNS en l'occurence ?.
Heureusement pour l'intensité des applaudissements que le public est composé pour une grande part de collégiens et de lycéens, émoustillés par les clins d'oeil démagogiques du metteur en scéne.



8 décembre 2005 La fausse Suivante de Marivaux, mise en scène de Guillaume Vincent, au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (salle Jean Vauthier)

vendredi, 09 décembre 2005

Le moment désabusant où l'on en a fait le tour

Plaisir, souffrance et sublimation, le thème du colloque international organisé ces jours-ci par l'université Michel de Montaigne de Bordeaux est tellement à cent lieues de ce que l'on perçoit de la pensée de Renaud Camus à travers ses ouvrages, que l'étonnement fut grand à l'annonce de sa participation à la table ronde de la première journée Corps meurtri et démembré, corps aimé et amoureux ; mon étonnement, celui de VS, et celui de Renaud Camus lui-même, qui l'a rapporté dans un propos liminaire à l'une de ses réponses à Jean-Michel Devésa, l'instigateur de cette invitation et l'animateur du débat.
Quoique débat il y eut peu, en fait. Et ce fut heureux, car si Renaud Camus prétend régulièrement être un piètre débatteur, ce qui est probablement exact si l'on entend le débat comme un combat, il est en revanche un délicieux orateur, élégant, charmeur et cultivé – j'avoue un faible pour qui cite Mallarmé au débotté, un peu profond ruisseau calomnié la mort.


Et les questions furent plutôt bienveillantes, de la part, à l'évidence, d'un lecteur de Tricks et de Du sens, quoique me parurent curieuses plusieurs tentatives, in fine, d'entraîner la discussion vers l'identité, terrain glissant s'il en est ; Cratyle préféré à Hermogène resta la seule réponse.
Si Renaud Camus apprécie les vastes saunas et les grands musées, parce ce que l'on peut s'y perdre, j'apprécie de même l'oeuvre camusien, car l'on n'y atteint jamais le moment désabusant où l'on en a fait le tour, non plus que de l'homme lui-même, d'ailleurs, car j'ai découvert à cette occasion que Renaud Camus est plein d'humour.

Ah, j'oubliais, il a cité le nom de mon blogue ! Non qu'il l'ait jamais lu, je suppose, mais l'esprit de l'escalier lui est manifestement familier !

-----------------------------------------------------------------------------------------------
Quoiqu'elle en dise, c'est bien VS qui fait de la dite "table ronde" et de la soirée qui a suivi une véritable recension. C'est en plusieurs épisodes, et cela se passe ici.


dimanche, 27 novembre 2005

Trois... Sept... As !

medium_piqdam.gif

Il est un lieu commun de dire que les pays de l'Est produisent de grandes voix. Et parfois les lieux communs se révèlent exacts.
Souvenir de Régine Crespin, dans le rôle de la Comtesse, à la fin de sa carrière.
Tchaïchovski à son meilleur, pour moi, dans l'inspiration classique plutôt que dans le romantisme exacerbé.




26 novembre 2005 La Dame de pique de Piotr Ilyitch Tchaïkovski par l'Opéra national de Lettonie au Grand Théätre de Bordeaux

dimanche, 14 août 2005

Oh ! les beaux masques

L’exposition L’homme et ses masques au musée Jacquemart André a ceci de remarquable qu’elle est organisée sur un principe poétique autour de textes de Michel Butor, et que de ce fait elle tranche sur les visions traditionnelles de ces objets - thématiques, géographiques, anthropologiques ou ethnologiques ; scientifiques, pour tout dire, ou purement esthétiques -, par exemple le travail remarquable que fait le musée Dapper.

Au-delà du plaisir de l’œil de voir des masques magnifiques - archétypaux pour certains – et de l’étonnement face à certaines permanences par delà l’espace et le temps, ce rassemblement quasi hétéroclite m’a amené à quelques réflexions, à inscrire dans la suite des débats récurrents autour des arts premiers : la levée de bouclier des chercheurs du musée de l’Homme, en partie intégré dans le futur musée du Quai Branly, les discussions autour de la création de la section du musée du Louvre consacrée à quelques chefs d’œuvre des civilisations extra occidentales, le rôle contesté de Jacques Kerkache, la politique des Barbier-Müller, l’évolution du musée Dapper du côté esthétique de la force, les revendications de restitution des pays d’origine, la prise en compte ou non du caractère religieux toujours vivant de certaines pièces… Vous trouverez sur ce sujet de nombreux documents intéressants grâce à G**gle.

Dans la controverse Esthétisme vs Ethnologie, L’homme et ses masques se situe résolument dans le premier camp - elle ne vient pas des musées Barbier-Müller pour rien. Elle présente cependant la particularité d’exposer dans les mêmes vitrines que les productions issues de la tradition de chacun des pays présents, des objets industriels sortis des usines occidentales - masques à gaz, ou masques sportifs.

Cette confrontation crée une sorte de renversement dialectique fort intéressant, me semble-t-il. En effet, nul visiteur ne peut ignorer, en face d’un casque de gardien de but de hockey ou d’un casque de protection de la fumée, leur fonction et leur utilité, par delà leur statut de ready-made. De ce fait, le masque angolais mwana phwevo ou le masque zambien sachihongo de style mbalango retrouvent, de par cette proximité et par contamination en quelque sorte, leur rang d’objets utilitaires ou cérémoniels qu’ils avaient perdu dans leur élévation à la dignité d’objet d’art, et ce en dépit de notre méconnaissance de l’utilité ou de la cérémonie.

Et il y a vraiment une certaine ironie à voir ainsi cette exposition, qui peut apparaître comme l’acmé d’une vision esthétisante des arts premiers, complètement détachés des civilisations qui les ont produits, opérer un retour aux sources de l’anthropologie et de l’ethnologie provoqué par l’excès même d’esthétisme que constitue le mélange entre la tradition et la manufacture.

----------------------------------------------------------------------------------------------

Je dois à la vérité de dire que cette analyse m’a été soufflée par [s], qui n’est pas la moitié d’un idiot quoiqu’il en dise.

Vous pouvez lire une description de l’exposition chez Fuligineuse, et voir un beau diaporama ici.

Le musée Jacquemart André possède dans ses collections permanentes plusieurs tableaux magnifiques (Chardin, Fragonard, Boucher, Rembrandt, Franz Hals, Van Dyck, Mantegna, Uccello…) dont la plupart sont quasiment invisibles car trop hauts, trop loin, mal placés, ou mal éclairés. Il est naturellement intéressant de visiter un hôtel particulier d’un collectionneur amateur d’art dans son jus, mais il est particulièrement frustrant et désagréable pour un visiteur amateur d’art de ne pas pouvoir regarder les œuvres d’art dans des conditions correctes.


mardi, 02 août 2005

Choses vues