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jeudi, 31 mai 2007

Haydn à l'Epau (Pentecôte)











jeudi, 03 mai 2007

Traces et écarts (Praxitèle au Louvre)

Praxitèle : un nom, quelques anecdotes – Phryné… – ; une aura importante dans l’antiquité grecque ; des copies innombrables dans l’antiquité romaine ; une renommée qui perdure à la Renaissance ; à l’âge classique, au XIXe siècle ; très peu d’œuvres originales ; beaucoup de recherches savantes…

Mais Praxitèle peut-il faire l’objet d’une exposition intéressante ? Intéressante pour les spécialistes, sans nul doute. Mais intéressante pour les amateurs, peu ou moyennement éclairés ?

La grande réussite de l’exposition consacrée au sculpteur grec et au praxitélisme à travers les âges que propose actuellement le musée du Louvre est précisément de permettre plusieurs niveaux d’appréhension, selon que l’on lira seulement les grands panneaux d’information, ou l’ensemble des cartels, ou encore que l’on se contentera de regarder les œuvres.
Car, en effet si le parcours et les textes proposés sont remarquablement intelligents et instructifs, l’exposition donne aussi à voir de très belles sculptures, mais surtout, par l’accumulation des copies d’un même sujet, permet d’exercer son regard et de forger son propre goût, qui pourra être confronté à (ou conforté par) celui des chercheurs et de l’Histoire de l’art (le mien me portant vers les œuvres présentant une certaine fermeté, la mollesse habituelle de la sculpture romaine me laissant en général indifférent).

Le sérieux des commissaires de l’exposition s’adoucit cependant à la toute fin par la présentation du Satyre de Mazara del Valo, qui ne peut qu’étonner le visiteur par le contraste du bronze avec le marbre omniprésent jusque là, et par la posture de danseur volant très impressionnante, mais fortement suggérée par la présentation muséographique, alors que cette œuvre ne peut être, semblerait-il, attribuée en aucune manière à Praxitèle, et que la notice rame un peu pour la rattacher à la thématique praxitélisante.


Musée du Louvre - Hall Napoléon, jusqu'au 18 juin 2007 - Praxitèle, un maître de la sculpture antique

dimanche, 29 avril 2007

Tharaud président !

Alexandre Tharaud est intelligent, Alexandre Tharaud est virtuose, Alexandre Tharaud est beau, Alexandre Tharaud est généreux, Alexandre Tharaud est étonnant, Alexandre Tharaud est éclectique, Alexandre Tharaud est époustouflant, Alexandre Tharaud est original et naturel, Alexandre Tharaud est aérien et profond, Alexandre Tharaud est génial…


Alors pourquoi pas, comme l’a crié spontanément un spectateur dans le délire des bis du concert du pianiste, hier soir au théâtre des Champs-Élysées, Tharaud président ?

(oui, je sais, cela fait un peu trop groupie du pianiste, mais j’assume.)


Bach, Couperin, Ravel – Alexandre Tharaud, piano – Théâtre des Champs-Élysées – Samedi 28 avril 2007.

mardi, 24 avril 2007

A la porte

Assis seul dans un compartiment – vide – d’un train – vide – quittant la gare Saint-Lazare – vide – vers une destination inconnue – mais sûrement vide – dans un monde d’après la catastrophe, dont personne ne sait que le signe annonciateur a été la mort de ses enfants, broyés dans leur voiture le long d’une nationale, le philosophe – un professeur de philosophie à la retraite devient-il nécessairement philosophe ? – contemple, installé sur la banquette qui lui fait face, le portrait de Cornelius van der Geest, trouvé dans le sous-sol du café situé à l’angle de la rue des Récollets et du canal Saint-martin, portrait dans lequel il s’est reconnu alors qu’il se regardait dans la glace des toilettes.
C’est ainsi que s’achève, vers le soleil couchant, le voyage au bord de la folie, du rêve ou du cauchemar (mais pas tellement au bord, en fait) entamé une heure et demie auparavant sur le seuil d’une porte, malencontreusement claquée alors que les clés sont restées sur le guéridon, à l’intérieur.



Seul sur scène, avec seulement quelques chaises, la lumière et un beau texte dense, dans un décor réduit à quelques panneaux rouges évocateurs, Michel Aumont est magnifique, merveilleux, époustouflant, génial, jouant, avec son corps et sa voix, les silences, les émotions, les emportements bernhardiens, les changements de ton, emportant avec lui dans les névroses du personnage les spectateurs fascinés.


A la porte, texte de Vincent Delecroix, adapté et mise en scène par Marcel Bluwal, avec Michel Aumont – Théâtre de l’Œuvre – Dimanche 22 avril 2007.

mercredi, 18 avril 2007

Thérèse philosophe

Après quelques désastreuses expériences théâtrales à Chartres, il nous est venu, il y a quelque temps, le désir de voir du théâtre véritablement contemporain – contemporain du point de vue de la mise en scène.
En feuilletant au hasard les programmes des salles susceptibles de répondre à l’assez vague cahier des charges (Chaillot, l’Odéon, le théâtre de la Ville…), nous avons jeté notre dévolu sur Thérèse philosophe, un texte du XVIIIe siècle attribué à Boyer d’Argens et mis en scène par Anatoli Vassiliev à l’Odéon.

Pour quelles raisons ?
Ma foi, uniquement sur la consonance russe du nom du metteur en scène et de vagues impressions d’avoir lu ou entendu des critiques alléchantes (au regard du cahier des charges, bien entendu).

Ce n’est qu’en arrivant dimanche dernier aux Ateliers Berthier, où a été hébergé le Théâtre de l’Odéon pendant les travaux de sa salle principale, que Philippe s’est souvenu, en grand lecteur de textes libertins qu’il fut, que Thérèse philosophe pourrait bien être un roman érotique de l’époque des Lumières (quoique en fait, il ait plutôt lu Juliette philosophe ou l'Anti-Thérèse).
La lecture du programme confirma tout cela, et aussi qu’Anatoli Vassiliev ne décevrait probablement pas notre attente d’avant-gardisme (si l’on peut encore prononcer ce mot).


...le rubicond priape de Sa Révérence...


L’univers et les partis pris du metteur en scène sont très forts : utilisation de machines et d’accessoires, et surtout imposition aux acteurs d’une énonciation tout à fait particulière de la langue classique. Volume sonore, phrasé, intonation, articulation, pause et silence, absence totale de liaison, l’on assiste là, quasiment, à la transformation d’un texte théâtral en partition musicale ; l’absolu contraire du travail d’un Eugène Green sur la reconstitution de la langue des XVIIe et XVIIIe siècles.
Je ne sais s’il s’agit d’une marque de fabrique vassilievienne appliquée à toutes les œuvres qu’il met en scène (à l’instar des lumières et de la gestique de Bob Wilson) ; je l’imagine volontiers.
En l’occurrence, le texte ainsi trituré, quoique parfaitement compréhensible (du moins dans les deuxième et troisième parties), perd un côté désuet et daté dans lequel une lecture plus traditionnelle pourrait le faire tomber. De plus, il atteint, par l’attention soutenue qu’il requiert, au plus profond des spectateurs (longtemps après les images et les voix restent encore dans la tête).

Si les partis pris s'imposent, il n’y a cependant aucun systématisme et chacune des trois parties est traité différemment. Je dois bien avouer que la première m’a été plutôt insupportable, d’abord par le sujet (les stigmates, la pénitence mystique qui vire à la débauche sexuelle, l’exaltation hystérique…). J’ai bien failli partir (ce que j’aurais fait si j’avais été seul).
Cela aurait été dommage, car la suite fut passionnante, dès lors que l’on a accepté de rentrer dans l’imaginaire du metteur en scène.

Une telle conception ne résiste naturellement que grâce aux acteurs, Valérie Dréville et Stanislas Nordey, qui sont excellents et font une véritable performance. Je n'aurai garde d'oublier les deux musiciens protagonistes, dont un contrebassiste qui monte à l'échelle avec son instrument (Kamil Tchalaev et Ambre Kahan)

Quant au texte lui même, s’il est très anticlérical, il est tout aussi contre l’esprit des Lumières. Deux extraits de la conclusion illustrent cette ambivalence :

Oui, ignorants ! la nature est une chimère, tout est l’ouvrage de Dieu. C’est de lui que nous tenons les besoins de manger, de boire et de jouir des plaisirs. Pourquoi donc rougir en remplissant ses desseins ? Pourquoi craindre de contribuer au bonheur des humains en leur apprêtant des ragoûts variés propres à contenter avec sensualité ces divers appétits ? Pourrai-je appréhender de déplaire à Dieu et aux hommes en annonçant des vérités qui ne peuvent qu’éclairer sans nuire ?

Je vous le répète donc, censeurs atrabilaires, nous ne pensons pas comme nous voulons. L’âme n’a de volonté, n’est déterminée que par les sensations, que par la matière, La raison nous éclaire, mais elle ne nous détermine point. L’amour-propre (le plaisir à espérer ou le déplaisir à éviter) sont le mobile de toutes nos déterminations. Le bonheur dépend de la conformation des organes, de l’éducation, des sensations externes […]


Je ne prendrai pas le risque de donner un conseil, mais si vous aimez les expériences dérangeantes...



Thérèse philosophe, texte attribué à Jean-Baptiste de Boyer, marquis d’Agens ; mise en scène, adaptation, machines Anatoli Vassiliev ; scénographie et lumière Igor Popov ; costumes et accessoires Antal Csaba ; musique créée et jouée par Kamil Tchalaev ; avec Valérie Dréville, Stanislas Nordey et Ambre Kahan