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samedi, 10 mai 2008

BΛBYLONE

A la fin de l'exposition consacrée par le musée du Louvre à Babylone (Babylone antique, et Babylone dans la tradition), il manque à mon avis, pour la couronner digniment, une œuvre majeure de la fin du XXe siècle. Je vous la propose ici pour réparer cet oubli :


Rivers of Babylon


(peut-être plus tard une critique sérieuse si mon énervement diminue)


Musée du Louvre, Hall Napoléon - Babylone - du 14 mars au 2 juin 2008

mercredi, 07 mai 2008

Une / la / sa mère (Sophie Calle)

Sophie Calle est bien connue pour construire ses œuvres à partir de morceaux de vie (celles d’inconnus, celles de ses amis ou de son entourage, mais surtout la sienne). Aussi, à la place de X (un écrivain non-nommé (namenlos) que certains gougnafiers prétendument amateurs d’art se permettent de dévoiler sur la toile), j’aurais réfléchi à trois fois avant d’envoyer ce mail de rupture à la dite Sophie (j’aurais réfléchi avant même d’entamer une relation avec elle, à vrai dire (à moins que X en ait prévu l’issue dès le début)) :

Sophie,


Cela fait un moment que je veux vous écrire et répondre à votre dernier mail. En même temps, il me semblait préférable de vous parler et de dire ce que j'ai à vous dire de vive voix.
Mais du moins cela sera-t-il écrit.
Comme vous l'avez vu, j'allais mal ces derniers temps. Comme si je me retrouvais dans ma propre existence. Une sorte d'angoisse terrible, contre laquelle je ne peux grand chose, sinon aller de l'avant pour tenter de la prendre de vitesse, comme j'ai toujours fait.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous aviez posé une condition : ne pas devenir la "quatrième". J'ai tenu cet engagement : cela fait des mois que j'ai cessé de voir les "autres", ne trouvant évidemment aucun moyen de les voir sans faire de vous l'une d'elles.
Je croyais que cela suffirait, je croyais que vous aimer et que votre amour suffiraient pour que l'angoisse qui me pousse toujours à aller voir ailleurs et m'empêche à jamais d'être tranquille et sans doute simplement heureux et "généreux" se calmerait à votre contact et dans la certitude que l'amour que vous me portez était plus bénéfique pour moi, le plus bénéfique que j'ai connu, vous le savez. J'ai cru que l'écriture serait un remède, mon "intranquillité" s'y dissolvant pour vous retrouver. Mais non. C'est même devenu encore pire, je ne peux même pas vous dire dans quel état je me sens en moi-même. Alors, cette semaine, j'ai commencé à rappeler les "autres". Et je sais ce que cela veut dire pour moi et dans quel cycle cela va m'entraîner.
Je ne vous ai jamais menti et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer.
Il y avait une règle que vous aviez posé au début de notre histoire : le jour où nous cesserions d'être amants, me voir ne serait plus envisageable pour vous. Vous savez comment cette contrainte ne peut que me paraître désastreuse, injuste (alors que vous voyez toujours B., R., ...) et compréhensible (évidemment) ; ainsi, je ne pourrais jamais devenir votre ami.
Mais aujourd'hui, vous pouvez mesurer l'importance de ma décision au fait que je sois prêt à me plier à votre volonté, alors que ne plus vous voir ni vous parler ni saisir votre regard sur les choses et les êtres et votre douceur sur moi me manqueront infiniment.
Quoiqu'il arrive, sachez que je ne cesserai de vous aimer de cette manière qui fut la mienne dès que je vous ai connue et qui se prolongera en moi et, je le sais, ne mourra pas.
Mais aujourd'hui, ce serait la pire des mascarades que de maintenir une situation que vous savez aussi bien que moi devenue irrémédiable, au regard même de cet amour que je vous porte et de celui que vous me portez et qui m'oblige encore à cette franchise envers vous, comme dernier gage de ce qui fut entre nous et reste unique.
J'aurais aimé que les choses tournent autrement.
Prenez soin de vous.

X


La réaction de Sophie Calle à ce message passablement exaspérant fut la suivante :

« J’ai reçu un mail de rupture. Je n’ai pas su répondre. C’était comme s’il ne m’était pas destiné. Il se terminait par ces mots : Prenez soin de vous. J’ai pris cette recommandation au pied de la lettre. J’ai demandé à cent sept femmes – dont une à plumes et deux en bois –, choisies pour leur métier, leur talent, d’interpréter la lettre sous un angle professionnel. L’analyser, la commenter, la jouer, la danser, la chanter. La disséquer, l’épuiser. Comprendre pour moi. Parler à ma place. Une façon de prendre le temps de rompre. A mon rythme. Prendre soin de moi. »


Le résultat, semblable à une perle de la plus belle eau constituée patiemment par cent sept huitres à partir d’une poussière d’un médiocre intérêt, est présenté actuellement dans la salle Labrouste de la Bibliothèque nationale de France (site Richelieu), après avoir représenté la France à la Biennale de Venise (après Annette Messager et son très poétique Casino).

Si l’artiste a toujours utilisé les moyens d’expression les plus divers, elle atteint là une sorte d’œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk comme dirait l’autre, je n’irai cependant pas jusqu’à comparer la salle Labrouste au Festspielhaus), qui produit une forte impression dès le premier abord, en particulier le bruit de fond de toutes ces femmes qui parlent, chantent, murmurent, récitent ou psalmodient dans toutes les langues, tous les styles et tous les tons (il y a même du tir à la carabine).

Il n’est évidemment pas question de tout lire, tout voir, tout écouter ; le tout est en l’occurrence vraiment plus intéressant que le détail de chacune des parties.

Si Prenez soin de vous semble jouir d’un succès critique assez unanime, je trouve tout de même que les commentateurs (-trices en majorité) prennent trop au sérieux tant le mail de rupture que la réaction de Sophie Calle.

Je perçois pour ma part beaucoup d’ironie dans la démesure de l’œuvre, d’amusement dans beaucoup des interventions des cent sept femmes (Cento in Francia, in Turchia novantuna) et surtout le texte d’une mère révèle pour moi le pot-aux-roses : la liaison rompue avec X aura été brève et puis « ma chérie, ne te fais pas de bile, avec ton intelligence, tu retrouveras vite un homme.. » (ce qui a d’ailleurs été le cas ("Je l'ai trouvé tout de suite. Un architecte." Prudent, ce dernier lui a demandé de ne pas être le prochain à se retrouver dans son œuvre. "Je m'y suis engagée." (Le Monde du 7 juin 2007))).

Cette lettre de mère est peut-être d’ailleurs une sorte de point aveugle de l’œuvre (en ce sens que si l’on ne la voit pas, on ne voit rien) et son cœur le plus sensible (Sophie Calle ayant appris en même temps sa participation à la Biennale de Venise et la mort prochaine de sa mère, dont elle a filmé les derniers instants (Pas pu saisir la mort, présentée aussi à Venise)).



Prenez soin de vous / Sophie Calle – Bibliothèque nationale de France ; site Richelieu ; salle Labrouste – du 26 mars au 15 juin 2008

lundi, 05 mai 2008

Contraste / Paradoxe


Une symphonie de Haydn lourde, épaisse et empesée

Une symphonie de Bruckner tendue, claire et vigoureuse


10 avril 2008 – Théâtre des Champs-Elysées – Orchestre philharmonique de Vienne dir. Riccardo Muti – Haydn (Symphonie n° 99), Bruckner (Deuxième symphonie)

dimanche, 04 mai 2008

Achille

Le talon d’Achille

Pour Kleist, le talon d’Achille est son cœur, conquis par Penthésilée, et qui le conduira à sa perte..

Le nom d’Achille

Kleist use et abuse de la périphrase pour désigner Achille – du péléide au fils de la néréide – sans doute parce que, le faisant mourir, dévoré par Penthésilée, contrairement au mythe grec, il s’éloigne de la figure du héros antique (Nomen est omen).

Le déguisement d’Achille

Classiquement, le héros masculin tue son amante / son fils... parce qu'il ne la / le reconnaît pas, sous le travestissement d'un preux chevalier (Tancrède et Clorinde, Rustan et Zorab...). Ici, dans un renverssement à double détente, Penthésilée tue Achille car celui-ci s'est avancé vers elle pour être vaincu, ce qu'elle n'a pas compris, le prenant pour le combattant acharné qu'elle a toujours connu.


2 mai 2008 - Comédie française - Penthésilée - Heinrich von Kleist - Mise en scène de Jean Liermier avec Martine Chevallier, Catherine Sauval, Thierry Hancisse, Cécile Brune, Sylvia Bergé, Eric Ruf, Bakary Sangaré, Léonie Simaga, Grégory Gadebois, Géraldine Martineau, Denis Moreau, Sébastien Raymond, Bertrand Tschaen.

vendredi, 02 mai 2008

Rue Fontaine


Assis aux trois premiers rangs de la Comédie de Paris (soit 3x2x6 = 36 places), cinq couples de gays (soit 5x2 = 10 gays), soit 27,78% (à partir du quatrième rang, je ne sais pas, je ne me suis pas retourné).

Sinon, cette femme est folle, mais devrait être plus rigoureuse dans le choix, la longueur et le rythme de ses textes.

Sinon bis, l'habitant le plus illustre de la rue Fontaine ayant déménagé, nous dûmes nous contenter de croque-monsieur face au Moulin-rouge.

26 avril 2008 – Comédie de Paris – Voyage en Armélie – Armelle