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samedi, 31 mars 2007
Herr Bach, ich will dich preisen ewiglich !
Mais en farfouillant sur Ibai, je suis tombé sur deux places on ne peut mieux placées à un prix défiant toute concurrence pour la représentation d’hier soir (et j’en remercie grandement le vendeur). La Passion selon Saint-Jean étant une de mes œuvres favorites (je suis de plus en plus bouleversé par cette musique), j’ai sauté sur l’occasion.
Bien m’en a pris, car ce fut un spectacle magnifique.
Evidemment, Bob Wilson wilsonise, utilisant son répertoire habituel, mais il y aurait mauvaise grâce à le lui reprocher, tant son univers est très personnel et très fort ; si personnel et si fort que certains lui font le procès de ne pas se renouveler, ce qui est faux, à mon avis. Il est vrai que les parti-pris wilsoniens sont plus ou moins cohérents avec l’œuvre qu’il met en scène, mais en l’occurrence l’adéquation me semble très satisfaisante.
En effet, la Passion selon Saint-Jean n’est pas un opéra – malgré le drame, les arias, les dialogues entre les protagonistes de l’action – car l’évangile johannique, qui est omniprésent, dans son intégrité et son intégralité, n’est pas conçu dans un objectif de progression et d’efficacité dramatique, non plus que la présence d’un narrateur (« Jésus dit », « Pilate répond » und so weiter) imposé par le respect scrupuleux du texte.
Aussi, les images hiératiques et intemporelles de Bob Wilson conviennent parfaitement à la hauteur de vue de Bach – si l’on accepte le principe d’une représentation, bien sûr, ce à quoi personne n’est tenu, tant cette musique se suffit à elle-même – , suggérant plutôt que montrant, arrêtant le geste avant qu’il ne soit trop démonstratif, et le symbole avant qu’il ne soit trop évident (pas de croix, mais presque).
Le contrepoint de Lucinda Childs apporte peu, mais n’est vraiment superfétatoire que dans le dialogue entre Pilate et le chœur où son agitation apparaît bien inutile.
Musicalement, Emmanuelle Haïm est aux antipodes de Frans Brüggen, entendu la semaine dernière.
En incise, je note que j’ai lu les quelques recension de la première représentation de la Passion haïmienne et wilsonnienne (mercredi dernier), et que j’ai vraiment l’impression de n’avoir ni vu ni entendu la même chose.
Autant Brüggen était dans l’épure et la retenue, faisant de la Passion une grande déploration introspective sur la mort du Christ, sans théâtre, mais non sans drame, concentré dans les récits, autant Haïm est dans le registre de l’expressivité. C’est elle qui m’a le plus surpris, dès les premières notes, car c’est d’elle que j’attendais le moins, et sa direction souple et dynamique, avec une belle pulsation, m’a vraiment plu.
Le choix des chanteurs participe à cette optique lyrique, tous ayant un timbre chaleureux, et une voix vibrante, les plus représentatifs étant à cet égard Emma Bell (soprano) et Luca Pisaroni (Jésus). A noter l’impressionnant Pilate de Simon Kirkbride et la superbe basse Christian Gerhaher (époustouflant Betrachte, mein Seel). Je serai plus réservé quant au ténor encore un peu vert Finnur Bjarnason (mais s’intégrant parfaitement dans la conception d’ensemble), et dubitatif quant à Andreas Scholl (que je n’avais jamais entendu) qui a un timbre curieux et une projection limitée, mais dont l’air Es ist vollbracht était émouvant au plus haut point.
Il n'y aurait naturellement pas de Passion sans Evangéliste. Pavol Breslik n'est certes pas dans la lignée des Helden-évangélistes, mais il vit et transmet le drame de la Passion avec beaucoup d'intensité (et de voix de tête) et d'expressivité.
Le chœur était à l’unisson, moins précis que d’autres, mais plus lyrique et très expressif (et capable de remarquables nuances), et l’orchestre absolument splendide (sur ce point, je ne comprend absolument pas les critiques qui ont trouvé le Concert d’Astrée médiocre), coloré et virtuose.
Beaucoup d’émotions, et quelques larmes !
La Passion selon saint Jean BWV 245, de Johann Sebastian Bach. Avec Luca Pisaroni, Pavol Breslik, Emma Bell, Andreas Scholl, Finnur Bjanarson, Christian Gerhaher, Simon Kirkbride, Robert Wilson (mise en scène, décors et lumières), Frida Parmeggiani (costumes), Lucinda Childs (chorégraphie et danse), Orchestre et Choeur du Concert d'Astrée, Emmanuelle Haïm (direction). Théâtre du Châtelet. Vendredi 30 mars 2007.
13:25 Publié dans Bach, Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (11)
dimanche, 25 mars 2007
Une image de Chartres par semaine (35) - Tympans canoniaux
Vous verrez alors la façade de la seule maison canoniale du cloître Notre-Dame qui nous soit parvenu sans trop de restauration depuis le XIIIe siècle.
08:35 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (4)
samedi, 24 mars 2007
La pluie et la neige tombent du ciel
Comme à son habitude, Kuijken commence par une petite introduction destinée d’une part à situer les œuvres dans le temps liturgique (avant le carême pour les BWV 18 et 23, lors de l’annonciation pour la BWV 1 (en forme de cantate festive de Noël)) et d’autre part à présenter, rapidement, sa marotte actuelle, le violoncello da spalla, avec lequel il joue les sonates pour violoncelle seul. N’ayant pas le temps de faire un exposé musicologique détaillé, il demande aux spectateurs de le croire sur parole, sachant que de toutes les façons, il a raison.
Kuijken n’aime pas les compromis : aucun de ses instrumentistes à cordes n’a de mentonnière, les cors naturels n’ont pas le moindre soupçon de trous, les effectifs sont réduits (une voix par pupitre pour le chœur). Il ne va cependant pas jusqu’à choisir des enfants pour les vois de soprano et d’alto, car il est aussi réaliste, je suppose.
Trois belles cantates, très variées, qui mettent bien en évidence le génie multiforme de Bach, entre la litanie venue du fond des ages du BWV 18/3, le duo soprano/alto pergolésien du BWV 23/1, le chœur d’entrée de la cantate-choral BWV 1 et les airs da capo tout droit sortis des opéras que n’a pas écrits le Cantor de Leipzig.
Très belle qualité et homogénéité instrumentale et vocale, superbe sonorité d’ensemble, avec notamment les savoureuses couleurs des instruments à vent (très beaux cors naturels).
Je reprocherai cependant, histoire de chipoter, à Kuijken un certain manque de nerf, assez sensible dans les BWV 18 et 22, en particulier dans les récits de la basse. Il s’agit moins, de mon point de vue, de tempo, d’articulation ou d’accentuation que d’un léger manque de soutien.
Heureux de ma soirée, je m’en retournai ensuite, dans la nuit froide, vers mes pénates, non sans une discussion de A. à Z. Je dois bien avouer que la journée de vendredi fut difficile !
22:20 Publié dans Bach, Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 mars 2007
Barocco-liste
John-Eliot Gardiner (English baroque soloists, Monteverdi choir) – Malcolm Bilson – Charles Farncombe – Trevor Pinnock (The English Concert) – Philippe Herreweghe (Collegium Vocale de Gand) – William Christie (Les Arts Florissants) – Pierre Hantaï – Frans Brüggen (Orchestre du XVIIIe siècle, Capella Amsterdam) – Ton Koopman – Tini Mathot – Gérard Lesne (Il Seminario Musicale) – Jean Tubery (La Fenice) – Daniel Cuillier (Stradivaria) – Christophe Rousset (Les Talens lyriques) – Joel Cohen (Boston Camerata) – Barthold Kuijken – Bob van Asperen – Martin Gester – Rinaldo Alessandrini (Concerto italiano) – Skip Sempé – Olivier Fortin – Marcel Pérès (Ensemble Organum) – Reinhard Goebel (Musica Antiqua Köln) – Michel Laplénie (Sagittarius) – Gustav Leonhardt – Jordi Savall (Concert des Nations, Hesperion XX) – René Jacobs (Concerto Köln) – Sigiswald Kuijken (La Petite Bande – Emmanuelle Haïm (Concert d’Astrée) – Paul van Nevel (Huelgas ensemble) – Joel Suhubiette (Les Eléménts, Ensemble Jacques Moderne, Café Zimmermann) – Benjamin Alard – Ensemble La Maurache – Patrick Cohën-Akenine (Les Folies Françoises) – Nikolaus Harnoncourt (Concentus Musicus)
Il en manque quelques uns à mon palmarès, parmi les plus grands, en particulier
Je note, en revisitant mes archives, que William Christie est, de loin, celui que j'ai vu le plus grand nombre de fois.
Mise à jour du 26 décembre 2007
20:50 Publié dans Listes | Lien permanent | Commentaires (6)
jeudi, 22 mars 2007
La Passion selon Frans et Markus
Il avait choisi de remettre une nouvelle fois sur le métier Jean-Sébastien Bach, et sa Passion selon Saint-Jean. C’est une œuvre totalement géniale, est-il besoin de le dire ; les chœurs de foule (les juifs, les grands prêtres…) sont particulièrement étonnants (je dirais volontiers « modernes » si cela avait un sens), et toute la fin (depuis Es ist vollbracht jusqu’au choral final, en passant par Mein teurer Heiland (et son Ja), Zerfliesse mein Herze et le chœur Ruht wohl, Ihr Heiligen Gebeine) est d’une telle intensité et d’une telle beauté qu’elle m’en devient presqu’insupportable, et qu’il me faut toujours un certain temps pour m’en remettre (d’autant plus que le public de Saint-Roch a justement fait durer le silence après la dernière note).
Le compositeur a largement développé le récit évangélique, avec de nombreuses interventions de l’évangéliste et de Jésus, bien sûr, mais aussi beaucoup de répliques d’autres protagonistes secondaires, notamment Pilate. Brüggen traite ces passages de façon très dramatique et expressive, aidé en cela par un remarquable chanteur, Markus Schäffer, digne hériter de toute la tradition de ténors allemands ayant interprété le rôle, Ernst Haefliger par exemple, pour fixer les idées (Ernst Haefliger qui vient de disparaître).
En contraste avec ce dramatisme, Brüggen a dirigé le reste de l’œuvre à la pointe sèche, et du bout des doigts (désolé, mais je crois bien que je ne sais parler de la musique que par image !), avec beaucoup de legato, de douceur et de retenue, plutôt vif dans les chorals, et plus lent dans les airs, mais sans aucun pathos ni épanchement.
Les solistes, globalement bons, se sont intégrés de manière cohérente dans cette conception, la seule faiblesse étant l’alto (souffle court, vocalisation laborieuse, aigus difficiles). Celui-ci s’est quand même honorablement tiré de son air, central s’il en est, Es ist vollbracht, le chef en ayant fait une véritable épure.
Emblématiques de la vision de Brüggen, les deux grands chœurs d’entrée et de fin, avant la méditation finale en forme de choral, véritables portiques encadrant l’œuvre, ont été traités par le chef dans une sorte de renversement de perspective ; Herr, unser Herrscher comme une berceuse, dans la résignation de la crucifixion, tout en nuance et en douceur (sauf dans la dernière reprise en un contraste saisissant) ; Ruht wohl vif et nerveux, dans l’impatience de la résurrection, avant un ralentissement en forme de déploration, assurant la transition vers la supplique finale Ach Herr, lass dein lieb Engelein.
Retour à Saint-Roch ce soir, pour quatre cantates de Bach par Sigiswald Kuijken.
Ce billet publié le lendemain du concert peut sembler en contradiction avec la note précédente, a été en fait été rédigé sur le vif dans le train du retour, ceci expliquant peut-être cela.
17:15 Publié dans Bach, Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 mars 2007
Jauchzet Goerne in allen Landen !
Pour expliquer le terme « effort », il faut dire que ce n’est en effet pas un genre de billet auquel je me livre habituellement, d’une part car mon blogue n’est pas pour moi un aide-mémoire (je note tous les concerts par ailleurs, et je conserve les billets et les programmes), d’autre part en raison du peu d’intérêt que je trouve à ce que j’ai à en dire (surtout en comparaison des brillants blogueurs versés dans l’exercice), et enfin parce que j’ai l’esprit d’escalier, et qu’évoquer une soirée deux semaines après qu’elle a eu lieu ne doit guère être passionnant pour le lecteur.
J’en étais là, quand la lecture de la recension du concert par Bajazet sur son blogue L’Isola Disabitata, avec lequel je suis absolument d’accord en tous points, ajoutée à celle du billet de Zvezdo, sans compter le compte-rendu du Poisson rêveur (un autre Philippe), m’ont tout à fait découragé de poursuivre mon entreprise. (Tiens, il faudrait que je pense à mettre à jour ma liste noosphérique)
Je vous renverrai donc à ces trois chroniques (ici , là et là).
Et pour conclure, je proclame :
Jauchzet Goerne in allen Landen !
(après tout bien des blogues ont bâti leur réputation et leur visitorat (j’adore ce terme) quasi uniquement en proposant des renvois sur des billets rédigés par d’autres)
Enfin pour le contraste, allez voter pour le ténor n°5 !
J'ai aussi appris lors de cette soirée que toutes les lignes 9* allaient à Montparnasse, même si parfois il faut attendre un peu.
21:10 Publié dans Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (2)
20 mars, presque le printemps
14:40 Publié dans Brève | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 19 mars 2007
Un léger accès de misanthropie ratiocinante
Vendredi soir dernier, ce ne furent pourtant que toussotements, chuchotis, et feuilletages de livret, sans compter la ruée finale vers le vestiaire qui limita fort malencontreusement le nombre de bis.
11:45 Publié dans Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (5)
dimanche, 18 mars 2007
Une image de Chartres par semaine (34) - Art déco
08:00 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 15 mars 2007
Léon Bloy croqué
Il en est résulté deux croquis par jour depuis un mois environ.
C'est ici.
07:25 Publié dans Noosphérique | Lien permanent | Commentaires (0)