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mercredi, 31 janvier 2007
Les figures de Poussin
Je ne suis pas insensible cependant aux paysages avec personnage de celui-ci, comme les Quatre Saisons du Musée du Louvre, par exemple.
Aussi fus-je particulièrement intéressé par ce texte de Burattoni et Abrioux judicieusement installé dans le jardin intérieur du domaine de Coubertin à Saint-Rémy lès Chevreuse, en regard du jardin des bronzes et de ses visiteurs.
Il arrive que Poussin se fourvoie dans les figures qu’il insère dans ses paysages.
(montage photographique qui m'a demandé quelque effort)
L’œuvre de Buratoni et Abrioux constituait une partie de l’exposition temporaire Le spectre des jardin : l’art au jardin / le jardin comme art qui s’est tenue à la fondation du 13 septembre au 12 novembre dernier, et que nous avons visitée fin septembre. Le jardin des bronzes abrite (si l’on peut dire) une partie de la collection permanente, en particulier de nombreuses statues de Joseph Bernard, ainsi que des sculptures d’André Abbal, Jean Carton, Appel’les Fenosa, Pablo Gargallo, Etienne Hadju, Karel, Robert Wlérick.
Je dois bien avouer que la qualité assez médiocre de ces œuvres entraîne à penser qu’il y a bien fourvoiement quelque part. Le reste de la collection est disséminée dans le parc, ce qui a défaut d’occasionner de grandes émotions esthétiques, permet au photographe amateur de faire quelques clichés.
Mais revenons en à Poussin. Je ne sais pas à quels tableaux précisément fait référence la phrase de Buratoni et Abrioux, ni même si cette assertion est bien fondée sur une réelle observation de l’œuvre de Poussin. Quoiqu’il en soit, elle aura au moins eu le mérite de m’inciter à examiner de nouveau ses paysages (grâce notamment à la Web Gallery of Art).
Ma préférence pour Le Lorrain est confirmée. Je trouve que les figures de Poussin s’insèrent mal dans la composition : taille trop grande, couleur trop vive, le trait trop précis. Pourtant, il est d’usage de placer au plus haut Poussin dans la hiérarchie des paysagistes, en raison de sa plus grande intelligence, de sa grande culture et de sa pensée plus élevée.
Et bien pour ma part, cette intelligence, cette culture, cette pensée sont bien trop ostentatoires pour m’émouvoir. Alors que les paysages du Lorrain, comme je l’ai déjà écrit ici, tout en étant remarquablement et intelligemment construits (les personnages étant loin d’être simplement anecdotiques), laissent toute leur place à l’émotion et à la sensualité.
20:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 30 janvier 2007
Pestacles 2007 (1)
2 février (
4 février Théâtre Gérard Philipe – L’Ignorant et le fou – Thomas Bernhardt
16 février Théâtre de Chartres – Marcio Faraco
17 février Théâtre de la Madeleine – La Danse de mort – Strindberg (Charlotte Rampling, Didier Sandre, Bernard Verley)
23 février Théâtre de l’Odéon (Ateliers Berthier) – Le Roi Lear – Shakespeare (Michel Piccoli, Jean-Paul Farré, Didier Bezace)
11 mars Comédie Française – Le Retour au désert – Koltès
16 mars Salle Pleyel – Récital Matthias Goerne
21 mars Eglise Saint Roch – Passion selon Saint-Jean – Bach (Brüggen)
22 mars Eglise Saint Roch – Cantates – Bach (Kuijken)
25 mars Théâtre National de Chaillot – Leonce et Lena – Büchner
30 mars Théâtre du Châtelet – Passion selon Saint-Jean – Bach (Haïm, Wilson, Childs)
31 mars Théâtre de la Porte Saint Martin – Dom Juan – Molière (Michel Bouquet)
3 avril Théâtre de Chartres – Histoire de Faune – chorégraphies Ninjinsky, Momboye, Malandain
5 avril Parc des expositions de Paris Le Bourget – Mondial du Modélisme
6 avril Orléans Eglise Saint Pierre du Martroi – Passion selon Saint-Jean – Bach
13 avril Théâtre de Chartres – Les athlètes dans leur têtes – André Dussolier
15 avril Théâtre de l’Odéon (Ateliers Berthier) – Thérèse philosophe
22 Avril Théâtre de l'Œuvre – A la porte – Vincent Delecroix (Michel Aumont)
28 avril Théâtre des Champs Elysées – Récital Alexandre Tharaud
4 mai Opéra Bastille – L'Affaire Makropoulos – Janacek
9 mai Théâtre de Chartres – Last landscape – Jospeh Nadj
10 mai Opéra Bastille – Simon Boccanegra – Verdi
12 mai Comédie Française – Le Partage de Midi – Claudel
25 mai Abbaye de l'Epau – Nelsonmesse – Haydn
26 mai Abbaye de l'Epau – Stabat Mater – Haydn
26 mai Abbaye de l'Epau – Les Sept dernières paroles du Christ – Haydn
1 juin Théâtre de la Colline – Les Trois Soeurs – Tchekov
8 juin Opéra Bastille – Lohengrin – Wagner
10 juin Opéra Garnier – Da gelo a gelo – Sciarrino
18 juin Théâtre du Châtelet – Récital Maurizio Pollini
22 juin Théâtre des Champs Elysées – Pelléas et Mélisande – Debussy
26 juin Théâtre des Champs Elysées – Récital Evgeni Kissin
14 juillet Opéra Bastille – Le Temps des Gitans – Emir Kusturica
20 juillet Festival d'Aix-en-Provence – De la Maison des Morts – Janacek (Boulez - Chéreau)
21 juillet Festival d'Aix-en-Provence – Les Saisons – Haydn (Christie)
19:55 Publié dans Listes, Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (7)
dimanche, 28 janvier 2007
Une image de Chartres par semaine (27) - Crêche
Le chameau n'est guère à l'échelle.
L'ange est un nourrin, et hoche la tête quand une bonne âme introduit une pièce de monnaie.
08:35 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (8)
jeudi, 25 janvier 2007
Nani et gigantes
« Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque »
Il y a quelque temps, Inactuel a rapporté cette fameuse citation à l’occasion de sa lecture de l’ouvrage de Jacques Le Goff, Les intellectuels au Moyen-Age.
Souvent attribuée à Newton, ainsi qu’à beaucoup d’autres – y compris à Umberto Eco qui l’a reprise dans Le Nom de la rose – cette maxime est due à Bernard de Chartres, qui fut un éminent maître de l’Ecole de Chartres au début du XIIème siècle, alors à son apogée.
En fait Bernard de Chartres a très peu laissé d’écrits, et c’est son disciple Jean de Salisbury, qui fut évêque de Chartres à la fin du siècle après avoir été le secrétaire de Thomas Beckett, qui a rapporté la célèbre image des nains et des géants dans son Métalogicon :
Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos gigantum umeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora uidere, non utique proprii uisus acumine aut eminentia corporis, sed quia in altum subuehimur et extollimur magnitudine gigantium.
Si aujourd’hui cet aphorisme est utilisé abondamment pour rappeler que nous sommes grandement redevables de nos savoirs à ceux qui nous ont précédé, ce que nous avons tendance à oublier facilement, il est probable que Bernard de Chartres et Jean Salisbury voulait au contraire, dans une époque où l’autorité des anciens était pesante (voir le cours d’Antoine Compagon Qu’est-ce qu’un auteur ? : l’auctor est […] toujours un ancien), démontrer la nécessité et la pertinence du travail des modernes.
L’on peut voir deux représentations, contrastées et d’époques différentes, des nains et des géants dans la statuaire et les vitraux de la cathédrale de Chartres, qui pourront nous éclairer sur une question peu traitée, à savoir qui sont les géants.
La première figure au portail royal, dans les voussures du tympan de l’Incarnation, à droite.
Sont figurées là les disciplines enseignées à l’Ecole de Chartres, celles du trivium (la grammaire, la rhétorique, la logique) et celles du quadrivium (l’arithmétique, la géométrie, la musique, l’astronomie), double représentation, symbolique d’une part, et incarnée d'autre part, par un savant de l’antiquité (Aristote, Cicéron, Euclide, Ptolémée, Boèce, Donat, Pythagore). Au centre de cette sagesse antique règne la Vierge, trône de sagesse, symbole de l’Eglise.
Conçu et réalisé au milieu du XIIème siècle, ce portail illustre à merveille une des ambitions des intellectuels chartrains de cette époque (dont Bernard de Chartres et Jean de Salisbury) qui, s’appuyant sur les auteurs antiques, voulaient atteindre, par la foi chrétienne, à des vérités ignorées d’eux.
La seconde illustration des nains et des géants est à la fois plus littérale, mais aussi bien plus éloignée du sens originel, et d’ailleurs peu courante, à ma connaissance (qui est modeste).
Ces vitraux de la façade du transept Sud (qui sont encore à restaurer) ont été offerts par la famille de Dreux au début du XIIIème siècle. L’école de Chartres a alors perdu son rayonnement (parallèlement, le comté de Chartres va bientôt disparaître, absorbé par le royaume de France), supplantée par l’université de Paris, qui vient d’interdire la lecture d’Aristote. Il n’est donc plus possible de représenter les philosophes antiques dans la cathédrale, comme on a pu le faire quelques dizaine d’années plus tôt.
On a donc figuré les évangélistes juchés sur les épaules des prophètes de l’Ancien Testament.
La leçon est sensiblement différente !
20:00 Publié dans Chartres | Lien permanent | Commentaires (6)
mardi, 23 janvier 2007
Remarques diverses sans importance et quelques choses que vous ne savez pas
Il est amusant de constater que l’Esprit de l’escalier devient en quelque sorte une boîte à images, alors qu’il a disparu de la liste des liens de la Boite à images.
J’ai effectivement attaché depuis le début une importance particulière à l’illustration des notes, ainsi que, plus généralement, aux questions de forme. D’autre part, pour m’obliger à maintenir un souffle de vie au blogue, j’ai créé la catégorie Une image de Chartres par semaine (comme à une certaine époque, j’ai pris hebdomadairement des cours de piano), cette résolution ayant entraîné une inflation de clichés, comme il se doit.
Après les images, ce sont d’anciennes notes qui retiennent l’attention des moteurs de recherches et des visiteurs, par exemple celle-là ou celle-ci, ou encore celle-ci – une époque où l’inspiration ne me manquait pas et qui me semble bien lointaine.
Alors que fait-on dans ces cas là, en dehors d’une velléité de d’arrêter, qui n’est pas à l’ordre du jour ?
Et bien, on se raccroche à une chaîne qui circule ici ou là : Cinq choses que vous ne savez pas de moi (un véritable déferlement), bien que personne ne m’ait rien demandé – signe supplémentaire après tant d’autres d’une certaine désaffection – et quoique j’aie pu dire et penser de ce genre de facilité.
Au premier abord, je dis, ici ou ailleurs, peu sur moi, et donc par conséquent, vous savez peu de moi, ce qui devrait me faciliter la tâche. Cependant, l’air de rien, j’ai déjà dit beaucoup, en tout cas plus qu’à certains de mes proches. Aussi ne suis-je pas certain d’arriver à remplir le contrat et d’arriver au nombre cinq. Essayons tout de même.
Lorsque j’étais célibataire, j’ai rencontré dans mes recherches de l’âme sœur quelqu’un qui est arrivé plus tard à un poste d’une certaine importance dans un parti politique – rencontre qui n’a débouché sur rien, à mon grand regret.
Je suis un fan de Bruce Springsteen.
J’ai volé une fois un livre dans une librairie, je l’ai toujours et je n’en suis pas fier (j’ai aussi volé une fois du chocolat, mais je me suis fait prendre, et j’en suis encore moins fier).
M’étant fait à moi-même un chèque sans provision, j’ai dû rendre mon chéquier et ma carte de crédit à mon agence bancaire. Heureusement, ce n’est pas remonté jusqu’à la Banque de France.
Je me suis lamentablement fait escroquer par un allemand à Casablanca, dans des circonstances dont j’ai tellement honte que je ne les raconterai jamais à quiconque.
J’ai été interrogé par un officier de police judiciaire, et c’est une expérience peu agréable.
Ah ! Mais j’en suis déjà à six. Il est temps d’arrêter, je vais trop en dire.
18:15 Publié dans Noosphérique, Trop intime | Lien permanent | Commentaires (13)
dimanche, 21 janvier 2007
Une image de Chartres par semaine (26) - Labyrinthe, chaises et détails
15:10 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 14 janvier 2007
Une image de Chartres par semaine (25) - Deux anges à la porte
La porte cochère de l'hôtel de Champrond, actuel évêché de Chartres, est encadrée par deux anges d'allure archaïque. "Oh ! ", semblent-ils dire, étonnés sans doute par l'avarice de l'occupant des lieux - non pas l'évêque, occupant actuel, mais le président de Champrond, propriétaire au XVIIe siècle, qui aurait inspiré Molière, dit-on, pour le personnage d'Harpagon.
07:50 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 07 janvier 2007
Une image de Chartres par semaine (24) - Vie et mort des bougies
08:10 Publié dans Une image de Chartres | Lien permanent | Commentaires (9)
vendredi, 05 janvier 2007
C'est fini !
Voilà, la semaine dernière, nous avons assisté au dernier épisode de l’Homme qui danse de, avec, par Philippe Caubère (et sa mère, et madame Colomer, et Ariane Mouchkipiline, et…, et…).
Après six soirées, auquelles nous avons été bien inspirés d’assister dans l’ordre, pour apprécier la construction d’ensemble, les références, et la profondeur des mises en abîmes, c’est avec une sorte de déchirement que nous quittâmes la salle une dernière fois, d’autant plus qu’il est à peu près certain que Philippe Caubère ne reviendra plus à l’exercice – certes, il a annoncé un Epilogue en septembre, et je veux y croire, mais je ne peux m’empêcher d’avoir de forts doutes.
J’avais écrit, après le premier épisode, que l’entreprise titanesque de l’Homme qui danse, et du Roman d’un acteur, n’était pas exempte d’écueils. En fait, Caubère les évite, car d’une part il s’agit là d’un véritable texte, et même d’un texte très écrit, assez loin donc de l’improvisation initiale ; et d’autre part il n’est pas vraiment question d’une autobiographie, mais bien plus d’une écriture à partir d’éléments autobiographiques, pleine de folie et d’imagination.
Aboutissement, quintessence, synthèse, ce sixième épisode, Ferdinand, met aussi en évidence une qualité primordiale du spectacle, sous-jacente partout ailleurs, mais plus ou moins cachée sous le rire et le délire : à savoir l’émotion, qui envahit le spectateur tout au long de la dernière scène, qui mêle le tournage de Molière et l’agonie de la mère, et qui culmine sur les derniers mots du fils « Maman ! Maman ! tu es là ? ».
Qualité primordiale au point que la seule faiblesse de ces dix-huit heures de spectacle se situe pour moi dans la deuxième partie (Le Mépris) du quatrième épisode, Avignon, en raison précisément de l’absence d’émotion et de tendresse pour les personnages. Au contraire, c’est la détestation de Caubère pour ces gens qui ont conspué Vilar en 1968 à Avignon, et ce qu’ils sont devenus par la suite, que l’on ressent, et c’est assez désagréable.
Un petit clin d’œil pour terminer :
C’est Tintin au Tibet qui servait de support rigide au texte que suivait la souffleuse-productrice de Philippe Caubère, assise au premier rang tous les soirs.
Bravo, et merci.
19:15 Publié dans Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (5)
lundi, 01 janvier 2007
2007
Vitrail du zodiaque et des travaux des mois (détail)
Cathédrale de Chartres
00:05 Publié dans La vie est vaine et formidable | Lien permanent | Commentaires (9)