Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Pestacles 2007 (1) | Page d'accueil | Une image de Chartres par semaine (28) - Portes »

mercredi, 31 janvier 2007

Les figures de Poussin

Ceux de mes lecteurs qui me lisent depuis longtemps (enfin, longtemps sur une échelle de temps géoblogique) savent que naguère, j'appréciais peu la peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles, et que si je suis désormais conquis par Le Lorrain, Poussin me résiste encore.
Je ne suis pas insensible cependant aux paysages avec personnage de celui-ci, comme les Quatre Saisons du Musée du Louvre, par exemple.

Aussi fus-je particulièrement intéressé par ce texte de Burattoni et Abrioux judicieusement installé dans le jardin intérieur du domaine de Coubertin à Saint-Rémy lès Chevreuse, en regard du jardin des bronzes et de ses visiteurs.


Il arrive que Poussin se fourvoie dans les figures qu’il insère dans ses paysages.
(montage photographique qui m'a demandé quelque effort)


L’œuvre de Buratoni et Abrioux constituait une partie de l’exposition temporaire Le spectre des jardin : l’art au jardin / le jardin comme art qui s’est tenue à la fondation du 13 septembre au 12 novembre dernier, et que nous avons visitée fin septembre. Le jardin des bronzes abrite (si l’on peut dire) une partie de la collection permanente, en particulier de nombreuses statues de Joseph Bernard, ainsi que des sculptures d’André Abbal, Jean Carton, Appel’les Fenosa, Pablo Gargallo, Etienne Hadju, Karel, Robert Wlérick.
Je dois bien avouer que la qualité assez médiocre de ces œuvres entraîne à penser qu’il y a bien fourvoiement quelque part. Le reste de la collection est disséminée dans le parc, ce qui a défaut d’occasionner de grandes émotions esthétiques, permet au photographe amateur de faire quelques clichés.







Mais revenons en à Poussin. Je ne sais pas à quels tableaux précisément fait référence la phrase de Buratoni et Abrioux, ni même si cette assertion est bien fondée sur une réelle observation de l’œuvre de Poussin. Quoiqu’il en soit, elle aura au moins eu le mérite de m’inciter à examiner de nouveau ses paysages (grâce notamment à la Web Gallery of Art).

Ma préférence pour Le Lorrain est confirmée. Je trouve que les figures de Poussin s’insèrent mal dans la composition : taille trop grande, couleur trop vive, le trait trop précis. Pourtant, il est d’usage de placer au plus haut Poussin dans la hiérarchie des paysagistes, en raison de sa plus grande intelligence, de sa grande culture et de sa pensée plus élevée.
Et bien pour ma part, cette intelligence, cette culture, cette pensée sont bien trop ostentatoires pour m’émouvoir. Alors que les paysages du Lorrain, comme je l’ai déjà écrit ici, tout en étant remarquablement et intelligemment construits (les personnages étant loin d’être simplement anecdotiques), laissent toute leur place à l’émotion et à la sensualité.

20:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

je me garderai bien de choisir entre Poussin et Lorrain... mais je ne peux que constater qu'au Louvre je passe plus de temps devant les paysages du premier que du second...
Pourquoi ? d'abord parce qu'il y a une élaboration du paysage chez Poussin qui va jusqu'à la bizarrerie, au surnaturel (le fameux bleu de la Bacchanale à la joueuse de Luth) et qui fascine... pourtant Poussin n'est pas un peintre de mondes fantastiques : dans ses meilleurs tableaux la réalité est recréée, la vérité n'est pas trahie (je pense aux Saisons : à la façon dont la lumière spéciale aux mois est redonnée : la grisaille poussiéreuse de l'été, le vert-jaune du printemps, l'ombre fuligineuse de l'hiver, la pâleur violette de l'automne) ; quant aux figures...

Écrit par : guillaume | mercredi, 31 janvier 2007

Les leurres selon Poussin 

 Dans tous ces tableaux, le souci majeur de Poussin est d'adapter la composition au sujet, chacun réclamant un type de traitement particulier : c'est la « théorie des modes » empruntée à la musique des anciens Grecs, selon lesquels les différents modes musicaux exprimaient les caractères des thèmes. Transposés en peinture, ces modes sont censés produire certains effets sur le spectateur, et le dessin, qui seul parle à l'esprit par l'intermédiaire de l'intelligence et de la raison, est ce qui compte avant tout, tandis que les couleurs ne sont que « des leurres qui persuadent les yeux ».

Écrit par : Well | jeudi, 01 février 2007