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dimanche, 28 septembre 2008

Passacaille

Qu’aurait donc dit Eve Ruggieri, qui trouve les chœurs de Saint Eustache et de l’orchestre Colonne « magnifiques », si elle avait entendu le Monteverdi Choir (mais je ne sais si sa culture musicale va jusque là).
C’est en effet un des meilleurs chœurs du monde, tout simplement, et remarquablement dirigé par Sir John Eliot Gardiner.

Je me suis souvenu, en les écoutant ce dimanche après-midi salle Pleyel dans les pièces de Gabrieli et Schütz enchâssées dans un programme composite et composé autour de Brahms, d’une de mes tous premiers disques : Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, dans leur interprétation de référence, à l’époque, en compagnie du Monteverdi Orchestra (John Eliot Gardiner, qui n’était pas encore Sir, ne s’était pas non plus encore converti aux instruments anciens). Que de chemin parcouru depuis lors, dans l’approfondissement technique et sonore, et dans l’élargissement du répertoire.
La première partie du concert est à cet égard exemplaire, mettant en valeur les différentes facettes du chœur. Je retiendrai tout particulièrement la première œuvre de Brahms Geistliches Lied, op.30, et les deux extraits de la cantate BWV 150 de Bach (avec effet de basson).

Si l’année dernière, John Eliot Gardiner m’avait littéralement fait découvrir le Requiem Allemand (qui m’avait jusqu’alors toujours paru lourd et boursouflé), en l’allégeant et en mettant en évidence les influences de Haendel et, surtout, de Haydn (plus que de Schütz et de Bach, d’ailleurs), les deux premiers mouvements de la quatrième symphonie ne m’ont pas apporté grand chose. Je connais peut-être trop cette œuvre géniale, et aucun point de vue fort de la part du chef ne m'a permis de transcender la sonorité peu soyeuse des cordes (dans Brahms, c’est un peu rédhibitoire pour moi (quoique la qualité de l’orchestre fut remarquable (contrairement à ce que de nombreuses critiques ont dit des concerts symphoniques de l’an dernier))).
En revanche, avec les troisième et quatrième mouvements, tout change. Les attaques des violoncelles donnent tout leur élan au 3ème, et surtout le 4ème rend justice à la forme extraordinaire voulue par Brahms (une passacaille dont le point culminant, et celui de la symphonie entière, est un solo de flûte !). J’ai été complètement saisi par le début de cet allegro energico e passionato final, en forme de musique funèbre pour la mort de la reine Mary (autre disque fétiche de Gardiner, perdu corps et biens avec l’ensemble de mes 33t).

Vivement les enregistrements !




28 septembre 2008 – Salle Pleyel
The Monteverdi Choir
Orchestre Révolutionnaire et Romantique
Sir John Eliot Gardiner : direction
Beethoven, Brahms, Giovanni Gabrieli, Johann Eccard, Roland de Lassus, Heinrich Schütz, Johann Sebastian Bach
Johannes Brahms : Symphonie No.4 en mi mineur op.98

samedi, 27 septembre 2008

Quat'z

On se serait cru dans Récré A2 (les Quat’zamis du distingué Fabrice) : ce matin Frédéric Martel nous a parlé des quat’zenjeux d’Albin Michel (ou de je ne sais plus quoi) dans son émission matinale et hebdomadaire sur France Culture, consacrée en l’occurrence à la rentrée littéraire !

21:26 Publié dans Brève | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france culture

vendredi, 26 septembre 2008

La première fois que j'écoute le Requiem de Verdi en entier



Eve Ruggieri est vraiment une excellente conteuse, en ce sens qu’avec peu de notes, elle tient son auditoire en haleine et l’emmène où elle veut. Cependant, à la fin, l’auditeur un tant soit peu cultivé se dit in petto « Mais qu’est ce qu’elle nous a raconté ! C’est n’importe quoi ?! ».
C’était particulièrement vrai il y a deux ans lors des causeries sur Mozart qu’elle prononça lors des Journées lyriques de Chartres et d’Eure-et-Loir. C’était encore un peu le cas ce samedi soir dans son intervention liminaire au concert d’ouverture des XXe journées dans la cathédrale de Chartres, qui proposait comme plat unique le Requiem de Verdi.
Opposant théâtralité frivole et religiosité sérieuse, Eve s’est fourvoyé dans les grandes largeurs, d’une part car ce n’était pas une question qui préoccupait vraiment Verdi, et d’autre part parce que l’on est bien obligé de constater que les plus beaux passages sont les plus opératiques (on se croirait à certains moments dans Don Carlo), et que les moins intéressants sont les plus sérieux dans le style religieux (notamment les parties fuguées (en tout cas dans la direction sans vie de Pierre-Michel Durand)).
Hans von Bülow n’avait pas tort lorsqu’il disait que le Requiem était un « opéra en costume d’ecclésiastique » (même s’il s’est renié plus tard).

Chœurs lamentables, sonorisation pitoyable (a-t-on vraiment besoin de sonoriser le Requiem de Verdi dans une cathédrale ?) ; heureusement, Eve Ruggieri sait choisir les solistes, en l’occurrence surtout les femmes : Cécile Perrin et Béatrice Uria-Monzon remarquables.



26 septembre 2008 – Giuseppe Verdi – Messa da Requiem – Cécile Perrin, Béatrice Uria-Monzon, Luca Lombardo, Randall Jakobsh, Orchestre Prométhée, Chœur de l'Orchestre Colonne et de Saint-Eustache, Direction : Pierre-Michel Durand

jeudi, 25 septembre 2008

On a pris le tram 44

Le Musée royal d’Afrique centrale de Tervuren (au frange du Brabant flamand à une portée de tram 44 du centre de Bruxelles (mais on n’a pas pris le tram 33)) est intéressant à plus d’un titre : évidemment en raison de la remarquable collection d’objets d’art africain qu’il abrite, mais aussi pour l’impressionnant bâtiment du début du XXe siècle et son vaste parc, et encore pour les différents états de la muséographie qu’il présente.


En effet, se présentent sous les pas des visiteurs une galerie consacrée à la conquête du Congo par les colonisateurs dans sa présentation d’origine, immédiatement voisine de deux salles didactiques récentes relatant la même histoire mais n’omettant pas les zones sombres de la présence belge (qui fut assez rude).
Puis des vitrines des années 1950 présentent les objets africains (pour l’essentiel) d’une part d’un point de vue ethnique (dans l’objectif de mettre en évidence les caractéristiques propres à chaque ethnie), et d’autre part d’un point de vue ethnographique (les différentes étapes de la vie en société). Ces vitrines sont contigües à une salle « d’art », plus moderne, ayant l’ambition esthétique de mettre en valeur les plus beaux objets de la collection. A tout cela, s’ajoute une exposition temporaire sur une thématique transversale (le bois) organisée selon les canons les plus récents de la muséographie, jouant sur la scénographie, l’éclairage et le multimédia.
Le Musée de l’Homme et le Quai Branly en un seul endroit, en quelque sorte.


La xylothèque du musée

Quelques animaux empaillés en diorama complètent le panorama (dont un célèbre (célèbre en Belgique) éléphant naturalisé pour l’exposition universelle de 1956).


L'éléphant en point de mire de la grande pirogue

Comme chaque fois, et d’autant plus ici en l’absence de notices pédagogiques, on est frustré par le manque de références permettant d’apprécier les œuvres présentées. Que mon lecteur ne se méprenne pas : je trouve ridicules les critiques qui visent à dénoncer la présentation d’objets sacrés dans des lieux hors de leur contexte initial : nos musées, par essence, sont pleins de telles œuvres, surtout pour l’art occidental (il ne s’agit pas non plus d’examiner les questions de pillage et de propriété).
Mais je sens bien que mon jugement esthétique n’est guère solide, et fonctionne plus par similitude avec l’art que je connais (quoique je commence à connaître un peu l’art africain, à force de le fréquenter).
Par exemple, j’ai tout de suite aimé ce buste d’homme accoudé. Mais comment faire la part entre les qualités intrinsèques de cet objet, et le fait qu’il m’évoque fortement le buste de Nicolas de Leyde du musée de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg ?





Pour finir sur une note populaire et amusante, voici la juxtaposition d'un géant bruxellois et d'un esprit africain :


23:30 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bruxelles, tervuren

mercredi, 24 septembre 2008

Je ne sais pas... je suis perdu aussi

Un spectateur d’opéra des années 1930, voire des années 1950, serait très étonné en s’apercevant qu’aujourd’hui comprendre parfaitement tous les interprètes d’une œuvre en français est une chose si rare qu’elle en devient notable quand elle se produit.
C’est ce qui s’est passé pour Pelléas et Mélisande, donné jusqu’à très récemment au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Toute la distribution, y compris le non-francophone de l’équipe, a rendu de façon parfaitement intelligible et de bout en bout le très beau texte de Maeterlink, que l’on redécouvre à chaque fois avec émerveillement.


La forme inventée par Anish Kapoor (et magnifiquement éclairée), à l’intérieur et autour de laquelle tout se passe, évoque à merveille, et loin de toute littéralité, les lieux de l’action : fontaine, grotte, chambre…
D’un côté matrice originelle, à la fois accueillant et inquiétante, et de l’autre promontoire, escalier et passerelle, seuls éléments réalistes d’un décor abstrait, ultimes traces d’une présence humaine. La poésie et la beauté de cet objet tournant sur lui même sont stupéfiantes (et très en harmonie avec la musique de Debussy).

Face à cela, le metteur en scène (Pierre Audi) ne pouvait qu’abandonner toute référence au symbolisme et toute tentation réaliste (même modernisée). Il a même abandonné la longue chevelure de Mélisande, qui apparaît ainsi chauve au bord de la fontaine.
Tant vocalement que dramatiquement, chaque personnage est parfaitement caractérisé (mais pas toujours d’une manière traditionnelle), mais surtout laisse apparaître des failles et une personnalité plus complexe que les lectures habituelles ne nous les montrent.
L’inquiétude et l’angoisse sont omniprésentes, en particulier avec le jeu d’observation auquel jouent tous les personnages, mais surtout Golaud, tout le temps à l’affût autour de la scène, épiant Pelléas et Mélisande, et donc sachant tout dès le début.

Remarquable spectacle, qui incite à regarder de plus près la programmation du Théâtre de la Monnaie (j’ai déjà noté dans mes carnets deux autres propositions : Mort à Venise de Britten et le Grand Macabre de Ligeti).




21 septembre 2008 – Pelléas et Mélisande – Claude Debussy – Maurice Maeterlinck
direction musicale, Mark Wigglesworth - mise en scène, Pierre Audi – scénographie, Anish Kapoor – costumes, Patrick Kinmonth – éclairages, Jean Kalman - chef des chœurs, Piers Maxim
Pelléas, Stéphane Degout – Mélisande, Sandrine Piau – Golaud, Dietrich Henschel – Geneviève, Marie-Nicole Lemieux – Arkel, Alain Vernhes - Un médecin, Jean Teitgen - Un berger, Wiard Witholt – Yniold, Valérie Gabail
Orchestre symphonique et choeurs de la Monnaie