vendredi, 26 septembre 2008
La première fois que j'écoute le Requiem de Verdi en entier
Eve Ruggieri est vraiment une excellente conteuse, en ce sens qu’avec peu de notes, elle tient son auditoire en haleine et l’emmène où elle veut. Cependant, à la fin, l’auditeur un tant soit peu cultivé se dit in petto « Mais qu’est ce qu’elle nous a raconté ! C’est n’importe quoi ?! ».
C’était particulièrement vrai il y a deux ans lors des causeries sur Mozart qu’elle prononça lors des Journées lyriques de Chartres et d’Eure-et-Loir. C’était encore un peu le cas ce samedi soir dans son intervention liminaire au concert d’ouverture des XXe journées dans la cathédrale de Chartres, qui proposait comme plat unique le Requiem de Verdi.
Opposant théâtralité frivole et religiosité sérieuse, Eve s’est fourvoyé dans les grandes largeurs, d’une part car ce n’était pas une question qui préoccupait vraiment Verdi, et d’autre part parce que l’on est bien obligé de constater que les plus beaux passages sont les plus opératiques (on se croirait à certains moments dans Don Carlo), et que les moins intéressants sont les plus sérieux dans le style religieux (notamment les parties fuguées (en tout cas dans la direction sans vie de Pierre-Michel Durand)).
Hans von Bülow n’avait pas tort lorsqu’il disait que le Requiem était un « opéra en costume d’ecclésiastique » (même s’il s’est renié plus tard).
Chœurs lamentables, sonorisation pitoyable (a-t-on vraiment besoin de sonoriser le Requiem de Verdi dans une cathédrale ?) ; heureusement, Eve Ruggieri sait choisir les solistes, en l’occurrence surtout les femmes : Cécile Perrin et Béatrice Uria-Monzon remarquables.
26 septembre 2008 – Giuseppe Verdi – Messa da Requiem – Cécile Perrin, Béatrice Uria-Monzon, Luca Lombardo, Randall Jakobsh, Orchestre Prométhée, Chœur de l'Orchestre Colonne et de Saint-Eustache, Direction : Pierre-Michel Durand
23:30 Publié dans Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : eve ruggieri, requiem de verdi