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mardi, 20 février 2007

Au Louvre (une histoire de pont)

La présentation chronologique et par école nationale des collections de peinture du musée du Louvre présente l’intérêt, entre autres, de mettre en évidence les filiations, les constantes, les écarts, les singularités. A cet égard, ma visite dominicale confirme mon peu d’intérêt pour l’œuvre de Poussin, tout en l’inscrivant dans une même perspective d’indifférence à Le Sueur, Champaigne (sauf exception), David, Ingres (sauf exception encore une fois) et Bouguereau (mais là nous avons quitté le Louvre).

En revanche, Claude Gellée, dit Le Lorrain, me plaît de plus en plus. Je me suis arrêté cette fois ci devant David sacré roi par Samuel. Le pont franchit un cours d’eau (ou bien est-ce un étang ?) ; deux arches de pierre, une pile centrale, deux passerelles que l’on imagine en bois ; les montagnes bleuissent sur l’horizon, comme il se doit ; quelques barques circulent, ou accostent ; des silhouettes passent sur le pont.


Claude Gellée dit Le Lorrain - David sacré roi par Samuel (détail) - Musée du Louvre

Bien sûr, Le Lorrain a peint quelques ponts.


Claude Gellée dit Le Lorrain - Paysage avec bergers, le pont Molle (détail) - City art gallery of Birmingham

Mais le pont de David et Samuel me fait d'abord, et irrésistiblement, penser à un autre, dans le Louvre même, plus loin (non pas une vue de pont, mais un regard sur un pont).


Jean-Baptiste Camille Corot - Le Pont de Narni (détail) - Musée du Louvre

Une arche en plein cintre, deux piles en ruine ; l’influence est manifeste.

16:20 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

mercredi, 31 janvier 2007

Les figures de Poussin

Ceux de mes lecteurs qui me lisent depuis longtemps (enfin, longtemps sur une échelle de temps géoblogique) savent que naguère, j'appréciais peu la peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles, et que si je suis désormais conquis par Le Lorrain, Poussin me résiste encore.
Je ne suis pas insensible cependant aux paysages avec personnage de celui-ci, comme les Quatre Saisons du Musée du Louvre, par exemple.

Aussi fus-je particulièrement intéressé par ce texte de Burattoni et Abrioux judicieusement installé dans le jardin intérieur du domaine de Coubertin à Saint-Rémy lès Chevreuse, en regard du jardin des bronzes et de ses visiteurs.


Il arrive que Poussin se fourvoie dans les figures qu’il insère dans ses paysages.
(montage photographique qui m'a demandé quelque effort)


L’œuvre de Buratoni et Abrioux constituait une partie de l’exposition temporaire Le spectre des jardin : l’art au jardin / le jardin comme art qui s’est tenue à la fondation du 13 septembre au 12 novembre dernier, et que nous avons visitée fin septembre. Le jardin des bronzes abrite (si l’on peut dire) une partie de la collection permanente, en particulier de nombreuses statues de Joseph Bernard, ainsi que des sculptures d’André Abbal, Jean Carton, Appel’les Fenosa, Pablo Gargallo, Etienne Hadju, Karel, Robert Wlérick.
Je dois bien avouer que la qualité assez médiocre de ces œuvres entraîne à penser qu’il y a bien fourvoiement quelque part. Le reste de la collection est disséminée dans le parc, ce qui a défaut d’occasionner de grandes émotions esthétiques, permet au photographe amateur de faire quelques clichés.







Mais revenons en à Poussin. Je ne sais pas à quels tableaux précisément fait référence la phrase de Buratoni et Abrioux, ni même si cette assertion est bien fondée sur une réelle observation de l’œuvre de Poussin. Quoiqu’il en soit, elle aura au moins eu le mérite de m’inciter à examiner de nouveau ses paysages (grâce notamment à la Web Gallery of Art).

Ma préférence pour Le Lorrain est confirmée. Je trouve que les figures de Poussin s’insèrent mal dans la composition : taille trop grande, couleur trop vive, le trait trop précis. Pourtant, il est d’usage de placer au plus haut Poussin dans la hiérarchie des paysagistes, en raison de sa plus grande intelligence, de sa grande culture et de sa pensée plus élevée.
Et bien pour ma part, cette intelligence, cette culture, cette pensée sont bien trop ostentatoires pour m’émouvoir. Alors que les paysages du Lorrain, comme je l’ai déjà écrit ici, tout en étant remarquablement et intelligemment construits (les personnages étant loin d’être simplement anecdotiques), laissent toute leur place à l’émotion et à la sensualité.

20:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 22 août 2006

Un vert de Champaigne

Je n'apprécie guère Philippe de Champaigne. Il symbolise, pour moi, et avec d'autres, tous les défauts du classicisme français du XVIIème siècle : la pompe, la froideur, la rigidité, l'ennui. Lully plus que Charpentier, en quelque sorte.
Cependant, régulièrement, des morceaux de l'un ou l'autre de ses tableaux m'intéressent. Ainsi par exemple, l'ange de l'annonciation de Caen.


Annonciation - Philippe de Champaigne - Musée des Beaux-Arts de Caen


Il y a là un beau mouvement, une jolie lumière, un superbe vert (véronèse). Mais depuis ma visite à Caen, je ne peux m'empêcher de penser que j'ai déjà vu cet ange quelque part.
J'ai d'abord songé à la Lutte de Jacob avec l'Ange de Delacroix à Saint-Sulpice, mais, malgré un air de famille, ce n'est pas cela.


Quelqu'un aurait une idée ?

lundi, 21 août 2006

Das Jordangold



Le mariage de la Vierge - Le Pérugin - Musée des Beaux-Arts de Caen

Joseph vient d'être préféré à de bien plus jeunes et bien plus beaux prétendants. Il en est tout rougisseant, et sa verge fleurit.

Au centre théologique du tableau, l'anneau de l'union est invisible.

Mais la préoccupation du Pérugin est-elle vraiment le mariage de la Vierge ? Son sujet ne serait-il pas, en ce début du cinquecento, la perspective ?
Auquel cas, le centre du tableau est bien plutôt le paysage aux collines bleues s'encadrant dans l'enfilade des portes du temple.

Un vide entouré de plein ; un anneau, en quelque sorte.

vendredi, 18 août 2006

L’œil était derrière Abraham et regardait Caen

Regards croisés, offrande de pain, corps ployés.
Un seul oeil nous fixe, c'est celui du cheval blanc.
Vert, rouge, bleu ; cet œil est noir.
Noir aussi, le jeune esclave, seul à regarder Abraham de face.


Abraham et Melchisédech - Rubens - Musée des Beaux-Arts de Caen