Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 07 septembre 2008

Profondeur / Surface ; Flou / Net ; Cadré / Décadré


Si vous n’êtes pas convaincu que la photographie a toute sa place dans l’art contemporain, rendez vous immédiatement à la galerie du Jeu de Paume (site Concorde). Si vous êtes persuadé du contraire, vous y êtes forcément déjà allé (c’est un des photographes majeurs du XXe siècle). Sinon dépêchez vous, la magnifique exposition rétrospective consacrée à Richard Avedon s’achève le 27 septembre prochain.


Classiquement, l’on dit de l’art du portrait, qui n’a pas attendu l’invention de la photographie, qu’il doit, pour être grand, saisir et montrer ce que le modèle cèle au fond de lui-même (son âme si l’on veut), aller au-delà des apparences.
Richard Avedon prend le contre-pied de cette tradition, puis qu’il affirme :
« Mes photographies ne vont pas derrière la surface des choses. Elles ne vont derrière rien. Ce sont juste des lectures de la surface. » (on peut lire cela dans les escaliers entre les premier et deuxième niveau de l’exposition)


Il y a là matière à réflexion, tant cette conception (rester à la surface) heurte la vulgate de l’histoire du portait dans l’art occidental.
Mais lire la surface, la lire en détails et en totalité, ne dévoile-t-il pas plus la personnalité du modèle qu’une analyse psychologisante mise en scène en forçant le trait ?
De plus, lire la surface, ce n’est certainement pas facile, car il faut trouver la bonne distance, ni trop près ni trop loin, être précis dans la mise au point (pas uniquement au sens de la technique photographique), éviter la perturbation de ce qui n’est pas l’essentiel (le décor, le fond)…
Tous les artifices (au sens laudatif du terme) employés par Richard Avedon – le grand format, le noir et blanc, la frontalité, le fond blanc, la conservation d’un cadre noir.. – ne visent en réalité qu’à cela : se concentrer sur la surface, la lire, et la faire percevoir aux spectateurs (en tous cas à ceux qui veulent bien (ou peuvent) dépasser les limites de l’anecdote).


Le risque de tout cet art, à son plus haut niveau dans la série « In the American West », serait de verser dans une perfection glacée, qui est évitée, à mon sens, par un usage discret mais efficace du décadrage (il manque souvent un morceau de coude, de crane, une main..),


et du flou (outre le contour des modèles, une mèche de cheveu, un détail vestimentaire..).






Un délicat équilibre parfaitement réussi.

vendredi, 05 septembre 2008

Pestacles 2008 (2)

Après les spectacles de l'été, une nouvelle saison, et donc une nouvelle liste, désormais définitive :

4 juillet Festival d'Aix-en-Provence, Théâtre du Jeu de Paume – Passion – Dusapin – Frigeni
5 juillet Festival d'Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence – Turangalila symphonie – Messiaen – Cambreling
6 juillet Festival d'Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence – Haydn – Berliner Philharmoniker – Rattle
7 juillet Festival d'Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence – Siegfried – Richard Wagner – Rattle, Braunschweig
8 juillet Festival d'Aix-en-Provence, Théâtre de l'Archevêché – Cosi fan tutte – Mozart – Rousset, Kiarostami
19 juillet Comédie Française – Figaro divorce – Odön von Horváth
6 septembre Théâtre de la Porte Saint-Martin – Le Malade imaginaire – Molière- Michel Bouquet
21 septembre Théâtre de la Monnaie (Bruxelles) – Pelléas et Mélisande – Claude Debussy
28 septembre Salle Pleyel – Bach / Brahms – Gardiner
11 octobre Théâtre de l’Atelier – Fin de Partie – Samuel Beckett – Berling & Co
21 octobre Salle Pleyel – Cantates – Bach – Harnoncourt
26 octobre Opéra Bastille – La Petite Renarde rusée – Janacek
8 novembre Bayerische Staatsoper – Le Vaisseau Fantôme – Wagner
13 novembre et 30 novembre – Tristan et Isolde – Wagner
15 novembre Théâtre de la Colline – L’Echange – Claudel
17 novembre Théâtre des Bouffes du Nord – Gustav Leonhardt
10 décembre Cathédrale de Chartres – Messiaen Berlioz – Orchestre de la garde républicaine
13 décembre Salle Pleyel – Ahmad Jamal
18 décembre Opéra Garnier – Fidélio – Beethoven

Billet créé le 11 juin 2008, mis à jour le 5 septembre, le 1er octobre et le 12 décembre

mercredi, 03 septembre 2008

Patience et longueur de temps

Mes spectacles de dans dix ans (peut-être) :



(patience et longueur de temps, certes, mais si quelqu'un connaît un coupe-file...)

samedi, 28 juin 2008

Loin des scènes




Dimanche


Vendredi


mercredi, 14 mai 2008

Wozzeck, Marie et Marie-Madeleine

J’étais loin de me douter que, me rendant le 19 avril dernier à une représentation de Wozzeck (Alban Berg) à l’Opéra Bastille, j’allais rencontrer de nouveau Marie-Madeleine et le Noli me tangere, qui m’occupèrent voilà quelque temps (mes lecteurs les plus fidèles s’en souviennent peut-être).
J’avais été frappé en son temps par une rare occurrence de Rühre mich nicht an dans une œuvre musicale (un Dialogue pour la Pâque de Schütz). Je fus donc étonné (ne connaissant pas suffisamment Wozzeck pour le savoir auparavant) d’entendre à deux reprises ce cri dans la bouche de Marie, concubine de Wozzeck (et mère de son fils), et amante vénale du Tambour-Major.

Acte I scène 5 : après avoir mollement résisté au Tambour-Major, elle lui cède, contre une paire de boucles d’oreille

MARIE
(reisst sich los)
Rühr mich nicht an!

TAMBOURMAJOR
(richtet sich in ganzer Grösse auf und tritt nahe
an Marie heran; eindringlich)
Sieht Dir der Teufel aus den Augen?!
(er umfasst sie wieder, diesmal
mit fast drohender Entschlossenheit)

MARIE
Meinetwegen, es ist Alles eins!
(sie stürzt in seine Arme
und verschwindet mit ihm in der offenen Haustür)


Acte II scène 3 : Wozzeck reproche violemment à Marie sa liaison avec le Tambour-Major ; Marie lui dit de ne pas la toucher, et qu’elle préférerait être poignardée que d’avoir sa main sur lui (elle sera effectivement poignardée par Wozzeck)

MARIE
Rühr' mich nicht an!
(Wozzeck lässt langsam die erhobene Hand sinken)
Lieber ein Messer in den Leib, als eine Hand auf mich.


Par deux fois, donc, dans une sorte de pied-de-nez et de renversement grinçants, c’est la femme qui prononce le noli me tangere, et par deux fois l’homme n’obéit pas à l’injonction, et la touche.

Ces références à Marie-Madeleine ne sont nullement le fruit du hasard, car au début du troisième acte, Marie implore le pardon divin en citant Luc 7-38 (l’épisode de la femme pécheresse chez le pharisien (l’évangéliste ne nomme pas la femme pécheresse, toute la tradition l’a assimilée à Marie-Madeleine)).

Acte III scène 1

MARIE
Und trat hinten zu seinen Füßen und weinete, und fing an, seine Füße zu netzen mit Tränen und mit den Haaren ihres Hauptes zu trocknen, und küssete seine Füße und salbete sie mit Salbe



Mais pour Berg (ou Büchner, je ne sais qui est à l’origine de ces Rühr mich nicht an), il n’est en aucune manière question de rémission des péchés, et nul bain de larmes ou flacon de parfum ne viendra apporter le salut à Marie, qui mourra par la lame qu’elle avait appelée.


19 avril 2008 Opéra Bastille – Wozzeck – Alban Berg - Direction musicale Sylvain Cambreling, Mise en scène Christoph Marthaler – Wozzeck Simon Keenlyside, Tambourmajor Jon Villars, Andres David Kuebler, Hauptmann Gerhard Siegel, Doktor Roland Bracht, Marie Angela Denoke, Margret Ursula Hesse von den Steinen, Erster Handwerksbursch Patrick Schramm, Zweiter Handwerksbursch Igor Gnidii, Der Narr John Graham-Hall – Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine/Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris