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mardi, 08 mai 2007

La valeur du travail

Le portail Nord de la cathédrale de Chartres est d’une grande complexité, d’une grande richesse, d’une grande beauté, aussi ; quelque soit le versant par lequel on l’aborde, il y a toujours un détail à découvrir, une mise en perspective ou en abyme qui apparaît, ou une leçon à en tirer.
En ce jour de l’octave de la fête du Travail, et celui-ci ayant été au cœur du discours des deux candidats présents au second tour de l’élection présidentielle, il m’est venu à l’esprit que le labeur, tant intellectuel que manuel, des hommes et des femmes était largement présent, en particulier sur les voussures des trois porches.

La voussure intérieure du porche gauche associe la vie contemplative et la vie active.


La lecture, la méditation et la prière symbolise la contemplation.





Le travail de la laine représente l’action, complément nécessaire de la pensée.


La voussure intérieure du porche droit est constituée des travaux des mois, classiquement en regard d’un zodiaque sculpté sur la voussure extérieure.


Le vigneron travaille dans ses vignes.



Le vannier ramène de l’osier sur son épaule.


Le plus intéressant est sans doute le porche central dont les voussures représentent d’une part la création du monde, et d’autre part la chute d’Adam et Eve et leur expulsion du Paradis.
En effet, « [Dieu] dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. » (Genèse 3.17)
« Et l'Éternel Dieu le chassa du jardin d'Éden, pour qu'il cultivât la terre, d'où il avait été pris. » (Genèse 3.23)


Nous voyons bien Adam peiner sur sa bêche, tandis qu’Eve file la quenouille. Mais Dieu, sous les traits du Christ, ne les maudit pas.

Bien au contraire, il bénit le travail de l’homme et de la femme.

21:16 Publié dans Chartres | Lien permanent | Commentaires (4)

vendredi, 04 mai 2007

Une histoire de façade[s]

Il y a pratiquement un an, et cela quelques mois après mon arrivée à Chartres, j’avais fait une tentative de reconstitution de la façade de la cathédrale romane de Chartres, avant l’incendie de 1194. Il s’agissait en fait plutôt d’une fantaisie, contrairement à la manipulation d’images à laquelle je m’étais livrée sur la façade de Strasbourg.

J’indiquais à la fin de cette note :
«Une autre tentative, peut-être, plus tard, après de profitables lectures érudites...»

Je suis actuellement en train de constituer une documentation succincte qui me permettra de proposer à mes hôtes des visites guidées sans trous de mémoire, erreurs ou embrouillaminis. A cette occasion, je me suis penché de nouveau sur la façade romane chartraine, et je pense que je suis en mesure de proposer des images plus sérieusement documentées.


Quand en 1006, Fulbert, l’un des plus grand érudits du temps, est nommé évêque de Chartres, son église-cathédrale n’a pas la dimension que requerrait la renommée du pèlerinage marial et l’accueil des nombreux pèlerins.
Aussi, quand en 1020, l’édifice est détruit par un incendie, le nouveau bâtiment, consacré en 1037, sera très imposant, puisque, tant en longueur qu’en largeur, sa taille est quasiment celle de la cathédrale actuelle.
Si l’église basse est toujours là (elle est aujourd’hui dénommée incorrectement « crypte »), nous ne savons en revanche que peu de choses sur la façade du XIe. Un clocher-porche est cependant une hypothèse probable, comme celui de l’abbaye de Saint-Benoît sur Loire, par exemple, ou encore, pour rester à Chartres, celui de l’église Saint-Père :


Près d’un siècle plus tard, en 1134, un important incendie détruit une partie de la cité. Profitant de l’espace ainsi libéré, et souhaitant offrir à leur église un porche plus moderne, digne de la renommée du sanctuaire et de son école, les chanoines et l’évêque du temps décide la construction d’une nouvelle façade, d’un style roman à son apogée, commencée par les étages inférieures des deux tours, continuée par le portail central (dit portail royal) et achevée en 1170 par l’admirable flèche de la tour Sud, la tour Nord restant quant à elle inachevée.


Peu de temps après, en 1194, un nouvel incendie détruit la cathédrale de Fulbert, couverte d’une charpente de bois, épargnant toutefois l’église basse et la façade (ainsi que la relique du voile de la Vierge, d’une façon si miraculeuse que l’on se demande si l’incendie était accidentel ou volontaire, tant la soif de modernité du tout récent style gothique étreignait le chapitre chartrain). La reconstruction commence immédiatement et sera menée tambour battant.
La décision de conserver la façade ayant été prise, il fallait cependant y apporter des modifications, d’une part pour l’adapter au goût de l’époque, et d’autre part en raison de la hauteur plus importante de la nef. Une rose (ornement gothique s’il en est), une galerie de rois et un fronton triangulaire ont donc été rajoutés au dessus du portail royal et un étage supplémentaire a été édifié sur la tour Nord pour rétablir un certain équilibre.


En 1506, les chanoines profitent de la destruction par la foudre du clocher de bois et de plomb de la tour Nord pour confier à l’architecte Jehan de Beauce la construction d’un nouveau clocher en pierre, dans un style de transition entre le gothique flamboyant et la Renaissance, « de la hauteur du clocher de pierre d’icelle église ou autre haulteur plus convenable et le plus honorable et sumptueux que faire se pourra. »


C’est à peu de choses près, et nonobstant la destruction du trumeau du portail central, la façade telle que l’on peut la voir aujourd’hui.

Viollet-le-Duc a affirmé, dit-on, que la Madeleine de Vézelay était le plus bel exemple d’harmonie entre les styles roman (la nef) et gothique (le chœur).
Cela est certes vrai, mais la façade de la cathédrale de Chartres n’est pas moins harmonieuse, quoiqu’encore plus composite.

mardi, 01 mai 2007

Entre deux tours

Le choix qui vous sera offert dimanche prochain vous semble cornélien ?
Vous vous sentez perdu ?
Vous êtes égaré dans le labyrinthe des programmes ?

Une seule solution : venez à Chartres, car le labyrinthe, entre les deux tours, n’en est pas un, et vous conduira sans fausse route ni impasse, après un parcours de deux cents soixante et un mètres cinquante, directement au centre, où figurait autrefois, sur une plaque en cuivre, le combat de Thésée et le Minotaure (je vous laisse le choix de déterminer qui est qui parmi les combattants).


Malheureusement, le labyrinthe n’est accessible, c’est-à-dire débarrassé des chaises qui l’encombrent habituellement, que les vendredis, du début du Carême jusqu’à la fin octobre.


De ce fait, chaque vendredi, le labyrinthe est très occupé. Je me demande si les autorités religieuses n’en ont pas limité volontairement l’accès pour éviter les débordements mystiques et ésotériques, déjà bien présents dans la littérature et sur le web, car il faut bien noter que, en dehors de la messe du dimanche matin et de quelques rares concerts, les chaises ne sont guère utilisées.


Alors, la situation est-elle désespérée ?

Non, car le fameux labyrinthe est partout à Chartres :


Vous pouvez glisser votre obole dans le tronc de la cathédrale.



Vous pouvez acheter une carte postale.



Vous pouvez vous promener dans les jardins de l'évêché.



Et le jour de la fête des mères, vous pourrez faire disparaître le labyrinthe floral du parvis en emportant un pot de fleurs chez vous (image : My Chartres).


18:55 Publié dans Chartres | Lien permanent | Commentaires (8)

mercredi, 25 avril 2007

L'Irréprochable

Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.

Tour de David, voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.

Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.


Charles Péguy - Extrait de La Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres

dimanche, 22 avril 2007

Pollution

Elles sont anciennes, mais ces voitures n'en sont pas moins un tas de ferraille disgracieux, encombrant et polluant.


Balades en voitures anciennes sur le parvis de la cathédrale de Chartres, 21 et 22 avril 2007