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vendredi, 04 mai 2007

Une histoire de façade[s]

Il y a pratiquement un an, et cela quelques mois après mon arrivée à Chartres, j’avais fait une tentative de reconstitution de la façade de la cathédrale romane de Chartres, avant l’incendie de 1194. Il s’agissait en fait plutôt d’une fantaisie, contrairement à la manipulation d’images à laquelle je m’étais livrée sur la façade de Strasbourg.

J’indiquais à la fin de cette note :
«Une autre tentative, peut-être, plus tard, après de profitables lectures érudites...»

Je suis actuellement en train de constituer une documentation succincte qui me permettra de proposer à mes hôtes des visites guidées sans trous de mémoire, erreurs ou embrouillaminis. A cette occasion, je me suis penché de nouveau sur la façade romane chartraine, et je pense que je suis en mesure de proposer des images plus sérieusement documentées.


Quand en 1006, Fulbert, l’un des plus grand érudits du temps, est nommé évêque de Chartres, son église-cathédrale n’a pas la dimension que requerrait la renommée du pèlerinage marial et l’accueil des nombreux pèlerins.
Aussi, quand en 1020, l’édifice est détruit par un incendie, le nouveau bâtiment, consacré en 1037, sera très imposant, puisque, tant en longueur qu’en largeur, sa taille est quasiment celle de la cathédrale actuelle.
Si l’église basse est toujours là (elle est aujourd’hui dénommée incorrectement « crypte »), nous ne savons en revanche que peu de choses sur la façade du XIe. Un clocher-porche est cependant une hypothèse probable, comme celui de l’abbaye de Saint-Benoît sur Loire, par exemple, ou encore, pour rester à Chartres, celui de l’église Saint-Père :


Près d’un siècle plus tard, en 1134, un important incendie détruit une partie de la cité. Profitant de l’espace ainsi libéré, et souhaitant offrir à leur église un porche plus moderne, digne de la renommée du sanctuaire et de son école, les chanoines et l’évêque du temps décide la construction d’une nouvelle façade, d’un style roman à son apogée, commencée par les étages inférieures des deux tours, continuée par le portail central (dit portail royal) et achevée en 1170 par l’admirable flèche de la tour Sud, la tour Nord restant quant à elle inachevée.


Peu de temps après, en 1194, un nouvel incendie détruit la cathédrale de Fulbert, couverte d’une charpente de bois, épargnant toutefois l’église basse et la façade (ainsi que la relique du voile de la Vierge, d’une façon si miraculeuse que l’on se demande si l’incendie était accidentel ou volontaire, tant la soif de modernité du tout récent style gothique étreignait le chapitre chartrain). La reconstruction commence immédiatement et sera menée tambour battant.
La décision de conserver la façade ayant été prise, il fallait cependant y apporter des modifications, d’une part pour l’adapter au goût de l’époque, et d’autre part en raison de la hauteur plus importante de la nef. Une rose (ornement gothique s’il en est), une galerie de rois et un fronton triangulaire ont donc été rajoutés au dessus du portail royal et un étage supplémentaire a été édifié sur la tour Nord pour rétablir un certain équilibre.


En 1506, les chanoines profitent de la destruction par la foudre du clocher de bois et de plomb de la tour Nord pour confier à l’architecte Jehan de Beauce la construction d’un nouveau clocher en pierre, dans un style de transition entre le gothique flamboyant et la Renaissance, « de la hauteur du clocher de pierre d’icelle église ou autre haulteur plus convenable et le plus honorable et sumptueux que faire se pourra. »


C’est à peu de choses près, et nonobstant la destruction du trumeau du portail central, la façade telle que l’on peut la voir aujourd’hui.

Viollet-le-Duc a affirmé, dit-on, que la Madeleine de Vézelay était le plus bel exemple d’harmonie entre les styles roman (la nef) et gothique (le chœur).
Cela est certes vrai, mais la façade de la cathédrale de Chartres n’est pas moins harmonieuse, quoiqu’encore plus composite.

Commentaires

Par rapport à ce que nous disions ailleurs, très cher, voilà l'exemple type d'un message passionnant à lire, mais à la suite duquel il est difficile de laisser un commentaire (crainte de ne sortir qu'une banalité ou, pire : une connerie...).

Écrit par : Didier Goux | samedi, 05 mai 2007