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lundi, 24 avril 2006

Fenêtre avec vue



Une table, une fenêtre, une table près d'une fenêtre, et la vue, les vues.
Qu'est-ce que c'est qu'une fenêtre, si elle n'est un projet d'existence ?

Renaud Camus

mercredi, 05 avril 2006

Les véritables lumières de Chartres

Le marketing touristique fait des ravages partout en France, et je crois bien, sans l'avoir encore pu le constater moi-même de visu, que l'opération "Chartres en lumières" en est un merveilleux exemple (Comment massacrer efficacement un patrimoine historique urbain). Je vous invite à voir le résultat en recherchant sur gougueule.

Pourtant, il me semble que les lumières naturelles de Chartres procurent un émerveillement qui ne nécessite aucun ajout artificiel. Certes, pour les apprécier, il faut être patient et attendre le coucher du soleil, mais ni la patience ni l'attente ne sont des vertus modernes.

















Tous les clichés qui précèdent ont été pris le 3 avril 2006 entre 19h30 et 20h30.
Cliquez sur les images si vous voulez les voir en plus grand !

mercredi, 29 mars 2006

Des ciels et des lumières

14:30 Publié dans Chartres | Lien permanent | Commentaires (12)

vendredi, 17 mars 2006

De la nécessité du regard


J'ai exprimé ici combien je ressentais l'écho des traces et des empreintes transmis par les monuments du passé, et, au delà des monuments, par les villes chargées d'histoire et de culture.
La lecture de Tempo di Roma d'Alexis Curvers, que je dois au bon conseil d'un véritable Amateur, m'amène à une réflexion - dans les deux sens du terme - à partir du passage suivant (vous en excuserez la longueur).

Oreste m’attendait tous les soirs devant la grille du garage. Ou plutôt ce n’est pas moi qu’il attendait, car, longtemps après mon retour, il s’attardait à interroger encore les perspectives de la rue dépeuplée. Qu’est-ce qu’il attendait donc ? Et qu’est-ce que tous les italiens attendent avec tant de patience, ceux que je voyais de jour et de nuit à l’affût, postés par centaines dans des lieux où apparemment il ne se passait rien ? Ils avaient constamment l’air de gens arrivés en avance à des rendez-vous. […].
Sir Craven m’avait dit un jour que les Italiens ont tellement le goût du spectacle qu’il ne faut pas chercher ailleurs le moteur de leur histoire. Peu importe qu’ils donnent le spectacle ou qu’ils y assistent, ils sont heureux pourvu que le spectacle continue et malheureux quand on les contraint à l’action réelle, prétendue telle, du moins, par les autres peuples. […] Or ce qui, à la réflexion, me frappait, c’est qu’Oreste au bord du trottoir où ne passait plus un chat ne s’ennuyait pas comme quelqu’un qui attend. Il regardait. Un évènement se produisait, un cortège invisible défilait devant ses yeux un peu exorbités. Il inventait le spectacle, il le fabriquait, il y jouait son rôle modeste et indispensable. Et ce même regard si actif et dont l’objet nous échappe (ce qui fait dire aux observateurs superficiels que les Italiens ont le regard fuyant), je l’avais remarqué chez Geronima parmi les lumières ternies du marché de San Giovanni, chez Paolino penché sur la fosse de la colonne Trajane, chez tous ceux qui rôdaient ou stationnaient sans but apparent, des journées entières, dans les jardins, autour de l’Esedra ou de la place du Panthéon, au pied des ruines et des fontaines, esclaves fugitifs et patriciens confondus, tous fixant dans le vide quelque chose que moi ni Sir Craven n’apercevions jamais. Ils regardaient Rome et quelque chose au-delà de Rome. Quoi donc ? C’était un mystère. Mais ces regards innombrables avaient suscité la beauté de Rome. Pour répondre à leur muette exigence, l’Italie était devenue la patrie des arts, où tout est spectacle et promesse de spectacle […]
Voilà pourquoi les gens de mon pays [la Belgique] avaient beau envoyer ici délégations d’urbaniste et commissions d’étude, ils ne réussiraient pas à corriger la poignante laideur du cadre qu’ils donnaient à leur vie, laideur dont n’étaient d’ailleurs blessés qu’un très petit nombre d’entre eux. Il manquait à leur regard cette patience italienne, cette insistance qui provoque le miracle. Ils n’avaient pas le temps de regarder, ils croyaient plus utile d’agir. […] Or si la beauté est ce qui inspire l’amour, inversement il est besoin d’une grande force d’amour en réserve pour appeler au jour la beauté.
Tempo di Roma Alexis Curvers


Je ne sais si la qualité et la densité des regards furent nécessaires à l'apparition de la beauté, à Chartres, à Strasbourg ou à Rome - il doit bien y être aussi question de foi, de volonté, d'orgueil, de savoir-faire et de talent. Je pense aussi que Curvers est bien injuste envers sa patrie, qui recèle tant de merveilles.
Ce dont je suis certain, en revanche, c'est de l'importance des regards dans la pérennité de la beauté. Je pensais à cette idée hier soir, seul sur la place du Châtelet - seul à regarder à tout le moins -, alors que le soleil couchant faisait flamboyer la cathédrale perchée sur son promontoire.
Si personne ne porte une attention scrupuleuse à cette beauté si fragile, menacée par tant de bonne volonté de faire pratique (un lampadaire, une antenne, un arbre), si personne ne regarde vraiment, ce miracle disparaitra, comme tant d'autres, y compris en Italie.
Au delà de cette considération quelque peu prosaïque, je crois aussi profondément que les paysages, les monuments, les places et les vues ont besoin d'être regardés avec amour et respect, et que ce regard est un préalable à leur protection par la loi et l'action.


vendredi, 24 février 2006

Appartement avec vue