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samedi, 22 juillet 2006

Les perles d'Edmée

Pour faire plaisir à Kozlika, et pour honorer la proposition faite dans ce billet, voici quelques articles d'Edmée Santy parus circa 1990 dans le Provençal pour lequel elle était chargée de la critique théatrale et lyrique.
Edmée Santy était un véritable personnage à Marseille. Quelque soit l'heure de la fin du spectacle, sa critique paraissait le lendemain, au prix parfois de quelques approximations. Son style fleuri versait souvent dans la grandiloquence et quelques jolies perles émaillaient souvent ses articles.
Mais sa perception de la mise en scène, de la direction, et surtout des voix étaient très juste.
La lecture de sa prose était toujours un plaisir et une occasion de se remémorer les bons et les moins bons moments passés à l'opéra la veille.
(cliquez sur les images pour lire les articles)


L'ascenseur étant en panne (comme le jeu d'orgues), j'ai eu le temps de gravir les six étages qui conduisent au septième ciel avant que ne cessent les bravos !


Beethoven ne ferait plus recette ? Banquettes vides à l'heure où les chaînes tombent où les murs de la honte sont battus en brêche...


Genoux en terre, dans ses voiles de déesse, triomphante et ressuscitée, "La" Malfitano le visage baigné de larmes a connu son sacre marseillais parce que "Butterfly", une fois encore, nous a bouleversés.


...une aussi éclatante et déchirante preuve qu'il est "Le" baryton de son temps. Le nôtre. Le mien pour qui, si j'avais une âme, je la damnerais afin que par lui arrive le salut.


Rigolettissimo... Verdissimo... Bravissimo...


La comédienne le disputant à la cantatrice, Auguste a vacillé dans sa niche et le Théâtre en son âme


Après treize ans d'absence, "Le Vaisseau Fantôme" a cinglé en pleine mer lyrique; le duo bouleversant de van Dam et de Ruth Falcon en étant le phare... et José-le-Magnifique, l'irremplaçable timonier.


Je m'aperçois que je parle d'Edméee Santy au passé, mais peut-être écrit elle encore dans la Provence ?

07:55 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (5)

vendredi, 21 juillet 2006

Valeurs, touristes et orgues

J’ai toujours eu un goût particulier pour l’orgue. Cependant, je ne connais guère le répertoire attaché à cet instrument, et j’ai assisté à peu de concerts, ce qui est fort dommage car j’ai vécu dans des villes possédant de fort beaux instruments (l’orgue Silbermann de Saint-Thomas de Strasbourg, ou celui Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux par exemple).

StrasbourgBordeaux



A Chartres, j’entends l’orgue depuis mon salon. Je n’ai donc aucune excuse, et je me suis rendu récemment à trois concerts (Eric Lebrun, Christophe Mantoux, Olivier Vernet) du festival international d’orgue, qui se déroule en juillet et en août, et qui s’achève par un concours international en septembre. Cela m’a amené à quelques réflexions.

Il y a une condition d’écoute particulière aux concerts d’orgue du fait que l’on ne voit pas l’instrumentiste (la plupart du temps en tous cas). Il est amusant d’observer comment les auditeurs contournent la difficulté, car je suis persuadé que c’en est une pour le commun des mortels – la concentration sur la seule musique sans le support visuel (qui ressortit parfois à du cirque, confer le nombre de spectateurs qui souhaitent se placer sur le côté droit gauche de la salle dans laquelle va se produire un pianiste, pour voir ses doigts) n’est pas si facile –, qui en se concentrant sur son programme, qui en étudiant les voûtes ou les vitraux, qui en scrutant le buffet d’orgue.
Cette écoute qui devrait être donc plus attentive, est dans les faits, à Chartres, totalement perturbée par les spectateurs eux-mêmes, qui papotent, qui arrivent, qui partent, et par les touristes (oui, je suis touriste plus souvent qu’à mon tour et Didier Eribon gît dans la mémoire vive de l’ordinateur, comprenne qui pourra) qui continuent à déambuler pendant le concert, flashant de ci de là, faisant couiner leurs chaussures de touristes, trimbalant leurs enfants de touristes et lisant leurs guides de touristes. C’est totalement exaspérant, mais absolument prévisible, car les concerts ont lieu le dimanche à 16h45 et sont gratuits (chacun sait que ce qui est gratuit n'a pas de valeur).
Il me semblerait bien préférable d’abolir cette gratuité, quitte à modifier le jour et l’heure, par respect pour les artistes, les compositeurs, et les auditeurs.


Malgré cela (c’était mon quart d’heure vieux râleur), l’orgue est superbe, le lieu magique et les organistes invités de haut niveau. Je m’interroge cependant sur le répertoire, et en particulier sur le répertoire contemporain.
Comme je l’ai dit plus haut, mes connaissances sont limitées, mais j’ai eu la nette impression que les œuvres récentes qui nous ont été jouées, pourtant de différentes époques et origines (même Duruflé, horresco referens), faisaient pâle figure dans le panorama de la musique contemporaine qui compte. Cela est-il un effet d’optique, les compositeurs majeurs n’ont-ils éprouvé aucun intérêt pour l’instrument, ont-ils été rebuté par le contexte ecclésial ? Je suis preneur de vos points de vue et de vos objections.

mardi, 18 juillet 2006

Phocée-liste

Ce billet de Kozlika, évoquant le programme de la prochaine saison de l'opéra de Marseille, me donne l'occasion d'ajouter une entrée à ma liste de listes, en l'occurence la liste des opéras vus sur la scène phocéenne, avec leur distribution vocale, la maison ne vous refusant rien.

Les quelques années passées à Marseille restent pour moi un excellent souvenir, et furent l'occasion de voir sur scène, d'entendre surtout, des chanteurs exceptionnels. En effet, le public marseillais était friand de performances vocales (voire hurlantes) et d'opéra italien, et le directeur de l'époque (Jacques Karpo) avait su, plus par ses relations nouées dans les théatres italiens que par les cachets que la ville de Marseille pouvaient offrir, attirer des noms et des voix prestigieuses (parfois sur le retour, il faut bien le dire) mais aussi découvrir des nouveaux talents. Evidemment, les mises en scène étaient plutôt illustratives au premier degré (Ah la Tosca ! ), et l'orchestre passablement médiocre.
Je serais curieux de voir ce que cette maison est devenue (accède-t-on toujours au paradis par des escaliers réservés sur les côtés ?). Manifestement, au vu du programme de la saison 2006-2007, les divas et les divos ne sont plus autant à l'ordre du jour.
En avant pour la liste :


Saison 1989-1990
Il Trovatore / Margarita Castro-Alberty – Fiorenza Cossotto – Lando Bartolini – Paolo Coni – Ivo Vinco
Le Nozze di Figaro / Nelson Portella – Maria Bayo – Ingvar Wixell – Clarry Bartha – Kimberly Barber – Nathalie Dessay
Fidelio / Jeannine Altmeyer – James King – Wolfgang Probst – Bengt Rundgren – Anne-Marie Rodde – Jean-Luc Maurette – Gerolf Scheder
La Cenerentola / Martine Dupuy – Rockwell Blake – Christine Cadol – Martine March – Enrico Fissore – Georges Pappas – Orazio Mori
Tosca / Stefka Evstatieva – Vasile Moldoveanu – Ingvar Wixell
Elektra / Ute Winzing – Anne Evans – Leonie Rysanek – Hermann Winkler – Pierre Thau
Cavalliera RusticanaI Pagliacci / Nadine Denize – Jesus Pinto – Liubomir Videnov – Sophie Fournier – Alice Chamirian – Giorgio Lamberti – Sergio de Salas – Patricia Baldi – Jean-Luc Maurette
Carmen / Livia Buda – Barry Mac-Cauley – Patricia Baldi – Patrick Meroni
Lucia di Lammermoor / Kathleen Cassello – Ned Barth – Ramon Vargas

Saison 1990-1991
Madama Butterfly / Catherine Malfitano – Sumiko Ichikawa – Barry Mac-Cauley – Michel Trempont
Peter Grimes / Michael Myers – Patricia Myers – Bent Norup – Jocelyne Taillon – Anne Wilkens - Lawrence Bakst – Eric Garrett – Donald Litaker – Peter Van Derick – John Tranter – Monique Baudouin
Thaïs / Kathleen Cassello – José Van Dam – Ginès Sirera – Danyelle Chostawa – Rachelle Esso
Don Giovanni / Jean-Philippe Lafont – Bruno Pratico – Ruth Falcon – Michèle Command – Lawrence Dale – Luigi Roni – Ned Barth – Elisabeth Baudry
Andrea Chenier / Lando Bartolini – Leo Nucci – Marion Sylvestre
Aïda / Leona Mitchell – Grace Bumbry – Lando Bartolini – Sergio de Salas
Turandot / Galina Savova – Bruno Sebastian – Kim Lee – Luigi Roni
Anna Bolena / Daniela Longhi – Martine Dupuy – Dimitri Kavrakos – Gérard Garino
I Puritani / Kathleen Cassello – Ignacio Encinas – Ned Barth – Mario Luperi

Saison 1991-1992
Lucrezia Borgia / Christine Weidinger – Beniamino Prior – Eugenia Dindekova – Alain Vernhes
Tristan und Isolde / William Johns – Gwyneth Jones – Nadine Denize – Hans Tschammer – Ludwig Baumann
Katya Kabanova / Martine Surais – Leonie Rysanek – Barry Mac-Cauley – Gabor Andrasy – Ivan Kiurkciev
Macbeth / Alain Fondary – Gail Gilmore – Romuald Tesarowicz – Jean-Bernard Thomas
Bohema / Michèle Command – Maryse Castets – Jorge pita – Patrick Meroni – Alain Vernhes – Georges Pappas
Die Meistersinger von Nürnberg / José Van Dam – Ben Heppner – Marion Sylvestre – Lars Magnusson – Ildiko Szoenyi – Victor von Halem – William Murray

Saison 1992-1993
Il Barbiere di Seviglia / Maria Bayo – Fabio Previati – Alessandro Safina – Eric Garett – Mario Luperi
La Fanciulla del West / Penelope Daner – Sergio de Salas – Vasile Moldoveanu
L’incoronazione di Poppea / Dagmar Schellenberger – Daniel Munoz – Ning Liang – Victor von Halem
Manon / Fabienne Chanoyan – Patrick Power – Paul Guigue – Pierre Thau
Simone Boccanegra / José Van Dam – Daniele Longhi – Alberto Cupido – Manfred Schenk – Ned Barth
Rigoletto / Leo Nucci – Kathleen Cassello – Ignacio Encinas – Mario Luperi – Jocelyne Taillon – John Tranter
Die Frau ohne Schatten / Carmen Reppel – Ute Winzing – Diane Curry – Robert Schunk – Jean-Philippe Lafont – Nathalie Stutzmann

Saison 1993-1994
Der Fliegende Holländer / José Van Dam – Ruth Falcon – Wieslaw Ochman – Hélène Jossoud – Michael Philip Davis – Peter Meven
La Forza del Destino / Bonaldo Giaiotti – Zlatomira Nikolova – Ned Barth – Vincenzo Scuderi – Pauletta de Vaughn
Lady Macbeth de Mzensk / Olivia Stapp – Jacques Trussel – Dimiter Petkov
Mefistofele / Mario Carrara – Serguej Koptchak – Ljuba Kazarnovskaia


Une certaine nostalgie me prend à la lecture de cette liste, car j'ai vécu de grands moments dans ce théâtre où j'ai découvert pour la première fois une bonne partie du répertoire.

Un dernier mot : un des plaisirs de tout lyricomane marseillais était la lecture de la critique d'Edmée Santy dans le Provençal, dès le lendemain de la première (une performance). Si vous insistez, je vous dénicherai quelques perles de cette chère Edmée (j'ai conservé une bonne partie de ses articles !).

09:40 Publié dans Listes, Musique | Lien permanent | Commentaires (4)

dimanche, 21 mai 2006

Merci

Je me trouvai fort dépourvu, ayant patienté toute une année, lorsque l’été dernier fût venu, en constatant que France Musique – je ne sais plus si le s était alors encore de rigueur – avait abandonné la rediffusion de Comment l’entendez-vous, dont elle avait pris la bonne habitude estivale.
J’avais alors commencé un note pour marquer mon désappointement, et rendre grâce à cette émission, et à sa productrice, Claude Maupomé, qui ont beaucoup contribué à mon éducation musicale. Les choses étant ce qu’elles sont, ce texte est resté à l’état d’ébauche, jusqu’à ce que j’apprenne la disparition récente de Claude Maupomé. On ne peut pas vraiment dire que la radio musicale nationale, en dehors de manifestations individuelles, d’ailleurs fort émouvantes, de quelques animateurs, se soit vraiment préoccupé de célébrer dignement celle qui fait pourtant partie des grandes heures de la station (Y-a-t-il encore de grandes heures sur France Musique ?).
Le temps m’ayant manqué, je n’ai moi-même salué la mémoire de Claude Maupomé qu’à travers un bref écho. Aussi, je voudrais lui rendre un plus conséquent hommage en évoquant en particulier deux émissions qui m’ont particulièrement marqué, en ceci qu’elles m’ont fait découvrir des musiques parmi celles qui me passionnent le plus désormais.


C’était un soir de réveillon du jour de l’an, il y a vingt-cinq ans ; j’étais seul et, m’étant couché avant minuit, j’allumais la radio, calée sur France Musique. Claude Maupomé proposait ce soir là un Comment l’entendez-vous consacré aux madrigaux de Monteverdi, Jean-Patrice Brosse étant l’invité. Ce fut un véritable éblouissement.
Les madrigaux de Monteverdi, cela peut paraître un sujet aride, surtout pour un réveillon. Mais Claude Maupomé y fit preuve des qualités de pédagogie, qui lui étaient habituelles et qui lui faisaient véritablement conduire l’entretien par la pertinence de ses interventions et la grande culture qu’elle y démontrait, mais tout en laissant à son interlocuteur le temps de répondre et de développer son propos.
C’est ainsi que furent abordés, pour autant que je m’en souvienne, l’invention de la monodie accompagnée, puis de l’opéra, les rapports du texte et de la musique, la prima pratica, héritée de la Renaissance, la nouvelle seconda pratica, issue des travaux de la Camerata Bardi, le stile rappresentativo, le stile concitato (le Combat de Tancrède et Clorinde)…
A cette époque, les enregistrements des madrigaux étaient rares, et l’on dût diffuser maintes interprétations de Raymond Leppard et d’Edwin Loehrer (et même de Nadia Boulanger, sauf erreur), que l’on jugeraient plus sévèrement aujourd’hui (quoique…). Mais par delà les défauts des enregistrements, j’ai vraiment découvert une musique et un compositeur qui m’étaient inconnus, et qui me sont aujourd’hui essentiels (et j’y reviendrai ici certainement un jour).


Il est probable que j’aurais fini par rencontrer les madrigaux de Monteverdi, même si je n’avais pas écouté ce Comment l’entendez-vous. En revanche, je ne suis pas certain que le flamenco m’aurait été révélé sans Claude Mapomé et son invité, Michel del Castillo, qui avaient consacré une émission entière au cante jondo (quand ? je ne sais plus, avant 1986 probablement). Dans des domaines musicaux inconnus et complexes, la qualité de l’invité est naturellement primordiale, mais la manière de rendre son discours et ses connaissances accessibles est tout aussi importante, et Claude Maupomé, par sa curiosité et son ouverture d’esprit, savait intéresser l’auditeur à des univers lointains.
La découverte de Pepe de la Matrona, de Terromoto de Jerez, et tant d’autres, fut un véritable ébranlement, et le demeure, car le flamenco, quand le duende est là, est une musique qui provoque sur moi un effet quasiment physique immédiat, comme aucune autre. Il faudra bien d’ailleurs, un jour ou l’autre, que je m’interroge aussi là dessus.


Pour Monteverdi, pour le flamenco, pour tout le reste (Jankelevitch, Levi-Strauss, Massin..), pour vos silences, pour votre grâce et votre élégance, pour votre voix, merci, Claude Maupomé.



12:30 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)

vendredi, 07 avril 2006

Comment l'entendez vous ?

En attendant de trouver le temps de rédiger une note plus conséquente, je veux rendre hommage ici à Claude Maupomé, décédée vendredi dernier, et dont les cendres ont été dispersées hier.
Claude Maupomé fut la délicieuse, spirituelle, cultivée, pertinente et distinguée productrice de Comment l'entendez vous ? sur France Musique, émission qui a contribué de manière décisive à mon éducation musicale, et émission emblématique d'une qualité, d'une exigence et d'une ambition qui me semblent révolues.

11:20 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (123)