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jeudi, 06 septembre 2007

I have a dream

La prise de pouvoir de la psychanalyse, au début du XXe siècle, a fait basculer définitivement l’interprétation des rêves du côté de l’intime et de l’introspection, alors que pendant des siècles, et à tout le moins pendant le Moyen-âge, le songe fut un moyen d’expliquer le monde et ses mystères, de prédire le futur ou de deviner le passé.
Dans un contexte théologique, la Bible et la vie des Saints fourmillent de rêves, permettant la médiation de l’homme et de Dieu (ou du Diable), sous une forme peut-être plus acceptable pour le quidam que de véritables apparitions.

C’est ainsi que les vitraux de la cathédrale de Chartres nous montrent de nombreux dormeurs (notons cependant immédiatement que les concepteurs du programme de la vitrerie chartraine n’ont guère versé dans la rêverie légendaire et fantastique, se concentrant sur leurs objectifs théologiques et politiques).

A tout seigneur, tout honneur, Charlemagne est enjoint, dans un songe, par Saint Jacques de délivrer son tombeau à Compostelle.


Dans la même verrière, Charlemagne de songeur devient songé, puisqu’il apparaît à l’empereur byzantin Constantin, lui annonçant son aide contre les sarrasins.


Des bons rois (selon l’Eglise), passons aux mauvais rois dans le vitrail de Saint Etienne. Le mauvais roi songe en effet au Diable.


Du vitrail et des rois à la sculpture et aux mages, ou aux rois mages, avertis en songe, au portail Nord, de ne pas retourner vers Hérode.


S’il est un homme aux songes dans la Bible, c’est bien Joseph, le fils de Jacob. Dans le vitrail qui lui est consacré (en tant que préfigurateur de Jésus), le songe aux étoiles est figuré (11 étoiles, la lune et le soleil).


Mais c’est surtout comme interprète des rêves d’autrui qu’il est représenté, tout d’abord ceux des serviteurs de Pharaon…


...puis celui de Pharaon lui-même.


Bien entendu des saints locaux sont aussi honorés. Tout d’abord Saint Savinien, légendaire évêque de Sens, auquel apparaissent en songe Saint Pierre et Saint Paul.


Et puis évidemment le célèbre Saint Martin de Tours, auquel apparaît le Christ.


Mais il est un autre dormeur, dans les images de Chartres. C’est Jessé, du flanc duquel sort l’arbre portant les rois de Juda et, au sommet, le Christ.


Il s’agit là bien sûr du célèbre arbre de Jessé illustrant à la fois la prophétie d’Isaïe (Un rameau sortira de la souche de Jessé, / un rejeton jaillira de ses racines. / Sur lui reposera l'esprit du Seigneur ) et la généalogie du Christ de l’évangile selon Saint Matthieu.



Mais alors, le Christ, et le christianisme par conséquent, ne serait donc qu’un songe de Jessé ?

Commentaires

Les trois premiers dormeurs tête vers la gauche (Charlemagne, Constantin, Joseph) se ressemblent étonnamment, non ?

Écrit par : Guillaume Cingal | vendredi, 07 septembre 2007

Il y a, à propos du rêve et du christianisme, quelques remarques dans le livre de Gracq ("Carnets du grand chemin"), que je lis ces jours-ci :
"Le christianisme a mis pour deux mille ans le tabou et jeté le discrédit sur le songe" (Voilà qui est à tempérer au vu des vitraux de Chartres...)
"Jésus, l'homme parfait selon le christianisme, d'après les Evangiles et pour parler comme le surréalisme, est un "non-rêveur définitif", semble n'avoir jamais fait état d'aucun rêve" (etc.)

("le Christ, et le christianisme par conséquent, ne serait donc qu’un songe de Jessé" = peut-on être rêvé et rêver ? )

Écrit par : guillaume | vendredi, 07 septembre 2007

Moi, je m'en vais songer. Et songer. Et encore songer.
Songer pour se souvenir ou songer pour oublier ?
Songer d'un roi et d'un saint, songer d'une reine et d'une sainte.
Pas
de
plainte.
MuMM, où es-tu ?

Écrit par : deedee | samedi, 22 septembre 2007