mercredi, 25 avril 2007
L'Irréprochable
Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David, voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
Charles Péguy - Extrait de La Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres
07:30 Publié dans Chartres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (5)
jeudi, 24 août 2006
Avez-vous lu Pannard ?
Nous ne pouvons rien trouver sur la terre
Qui soit si bon, ni si beau que le verre.
Du tendre amour berceau charmant,
C'est toi, champêtre fougère
C'est toi qui sers à faire
L'heureux instrument
Où souvent pétille,
Mousse et brille
Le jus qui rend
Gai, riant,
Content.
Quelle douceur
Il porte au cœur !
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne ;
Qu'on l'entonne
Tôt,
Tôt,
Tôt,
Qu'on m'en donne
Vite et comme il faut.
L'on y voit, sur ses flots chéris,
Nager l'Allégresse et les Ris.
(Cette histoire de Tôt-tôt-tôt est quand même assez nulle)
11:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (11)
vendredi, 10 février 2006
Le travail du poète
Pourquoi la poésie, pourquoi les poètes?
Voilà l'admirable réponse de Philippe Jaccottet.
L'ouvrage d'un regard d'heure en heure affaibli
n'est pas plus de rêver que de former des pleurs,
mais de veiller comme un berger et d'appeler
tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort.
Le travail du poète in L'ignorant
Parole du berger, choral du veilleur.
12:21 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 janvier 2006
L'embarquement de Ferrando et Guglielmo
Ma contribution à l'année Mozart.

Tranquilla sia l'onda
Ed ogni elemento
Benigno risponda
Ai nostri desir
C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde, [...]
« Ô toi, désir, qui vas chanter… » Et ne voilà-t-il pas déjà toute ma page elle-même bruissante,
Comme ce grand arbre de magie sous sa pouillerie d'hiver : vain de son lot d'icônes, de fétiches,
Berçant dépouilles et spectres de locustes; léguant, liant au vent du ciel filiales d'ailes et d'essaims, lais et relais du plus haut verbe -
Ha ! très grand arbre du langage peuplé d'oracles, de maximes et murmurant murmure d'aveugle-né dans les quinconces du savoir...

Port de mer avec la villa Médicis (1637) Claude Gellée dit Le Lorrain
Cosi fan tutte (trio de l'acte I - scène 6) Wolfgang Amadeus Mozart - Lorenzo da Ponte
Vents I (extraits) Saint-John Perse