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jeudi, 22 décembre 2005

La famille, ah la famille !


Mon père et mon grand-père, image prise sur le vif par un photographe de rue dans les années 1950.

De retour la semaine prochaine après un Noël en famille.

dimanche, 09 octobre 2005

Etre ou ne pas être...

Je partage l’avis de Monsieur Gvgvsse sur les questionnaires qui circulent en chaînes sur les blogs, symptôme de la paresse du blogueur, abus du second degré, sujets convenus, lieux communs des listes… [à la lumière du message d'un blogueur qui s'est senti visé par cette tirade moralisatrice, je m'aperçois qu'elle peut effectivement être mal prise, et je précise qu'il s'agit en premier lieu d'une autocritique, en particulier concernant les listes.]

Cependant, parce qu’il y a répondu malgré tout, parce que Guillaume a fait de même, et surtout parce que Madame de Véhesse me l’a demandé, je vais me plier à l’exercice, à partir de la reformulation de Guillaume.


Cinq choses que j'aimerais faire avant de mourir :
Voir toutes les œuvres de Vermeer, de Giorgione, du Caravage (entre autres) ; boire tous les meilleurs vins des vignobles français, et italiens, et espagnols et allemands (au hasard Yquem, Petrus, Corton-Charlemagne, Romanée-Conti, Château-Grillet, Coulée de Serrant…) ; visiter toutes les églises, cathédrales et basiliques romanes ; vivre en Italie, à Londres, en Allemagne, à Anvers… ; tout revoir (là j’ai copié).

Cinq choses que je fais bien ou volontiers :
Rester impassible ; classer et ranger ; la cuisine (les jours de fête) ; relier les choses entre elles ; remettre au lendemain.

Cinq choses que je fais mal ou pas du tout :
Téléphoner ; dire « je t’aime » ; croire en Dieu ; *** ; parler de sexe (là aussi j’ai copié).

Cinq choses qui m'attirent chez l'autre :
L’âme, les ondes, les ombres, les soleils, les traces de [ses] yeux.

Cinq expressions favorites :
Je n’ai pas d’expression favorite, j’emploie sûrement certaines expressions plus que d’autres, mais contre ma volonté consciente.

Cinq célébrités irrésistibles :
Non, là je ne peux pas (et pourquoi pas cinq célébrités à emporter sur l'île déserte ?).

Cinq dont je veux connaître les réponses à ce questionnaire :
Un sursaut de cohérence me retient de répondre là aussi.

jeudi, 18 août 2005

Moi aussi

Dire «je t’aime», c’est fort, et ce n’est pas anodin. Je voudrais le dire plus souvent, parce que je l’aime ; mais une pudeur excessive, une peur ou une gêne devant des émotions trop visibles, un atavisme familial de la surface des choses et des êtres font que je me tais. Lui n’a pas ces blocages, alors il me dit souvent «je t’aime», et je réponds «moi aussi».
Et c’est une grande frustration.

"5. Je t’aime – Moi aussi.
Moi aussi n’est pas une réponse parfaite, car ce qui est parfait ne peut être que formel, et la forme ici est défaillante, en ce qu’elle ne reprend pas littéralement la profération – et il appartient à la profération d’être littérale. Cependant, telle qu’elle est fantasmée, cette réponse suffit à mettre en marche tout un discours de la jubilation : jubilation d’autant plus forte qu’elle surgit par revirement : Saint-Preux découvre brusquement, après quelques dénégation hautaines, que Julie l’aime. C’est la vérité folle, qui ne vient pas par raisonnement, préparation lente, mais par surprise, éveil (satori), conversion. L’enfant proustien – demandant que sa mère vienne coucher dans sa chambre – veut obtenir le moi aussi : il le veut follement, à la manière d’un fou ; et il l’obtient lui aussi par renversement, par la décision capricieuse du Père, qui lui octroie la Mère (« Dis–donc à Françoise de te préparer le grand lit et couche pour cette nuit auprès de lui »).

6. Je fantasme ce qui est empiriquement impossible : que nos proférations soient dites en même temps : que l’une ne suive pas l’autre, comme si elle en dépendait. La profération ne saurait être double (dédoublée) : seul lui convient l’éclair unique, où se joignent deux forces (séparées, décalées, elles n’excéderaient pas un accord ordinaire). Car l’éclair unique accomplit cette chose inouïe : l’abolition de toute comptabilité. L’échange, le don, le vol (seules formes connues de l’économie) impliquent chacun à sa manière des objets hétérogènes et un temps décalé : mon désir contre autre chose – et il y faut toujours le temps de la passation. La profération simultanée fonde un mouvement dont le modèle est socialement inconnu, impensable : ni échange, ni don, ni vol, notre profération, surgie en feux croisés, désigne une dépense qui ne retombe nulle part et dont la communauté même abolit toute pensée de la réserve : nous entrons l’un par l’autre dans le matérialisme absolu.

7. Moi aussi inaugure une mutation : les anciennes règles tombent, tout est possible – même, alors, ceci : que je renonce à te saisir. […]


9. De là, nouvelle vue du je-t-aime. Ce n’est pas un symptôme, c’est une action. Je prononce, pour que tu répondes, et la forme scrupuleuse (la lettre) de la réponse prendra une valeur effective, à la façon d’une formule. Il n’est donc pas suffisant que l’autre me réponde d’un simple signifié, fût-il positif («moi aussi») : il faut que le sujet interpellé assume de formuler, de proférer le je-t-aime que je lui tends : Je t’aime, dit Pelléas. – Je t’aime aussi, dit Mélisande.
La requête impérieuse de Pelléas (à supposer que la réponse de Mélisande fût exactement celle qu’il attendait, ce qui est probable puisqu’il meurt aussitôt après) part de la nécessité, pour le sujet amoureux, non pas seulement d’être aimé en retour, de le savoir, d’en être bien sûr, etc. (toutes opérations qui n’excèdent pas le plan du signifié), mais de se l’entendre dire, sous la forme aussi affirmative, aussi complète, aussi articulée, que la sienne propre : ce que je veux, c’est recevoir de plein fouet, entièrement, littéralement, sans fuite, la formule, l’archétype du mot d’amour : point d’échappatoire syntaxique, point de variation : que les deux mots se répondent en bloc, coïncidant signifiant par signifiant (Moi aussi serait tout le contraire d’une holophrase) ; ce qui importe, c’est la profération physique, corporelle, labiale, du mot : ouvre les lèvres et que cela en sorte (sois obscène). Ce que je veux éperdument, c’est obtenir le mot.
Magique, mythique ? La Bête – retenue enchantée dans sa laideur – aime la Belle ; la Belle, évidemment, n’aime pas la Bête, mais à la fin, vaincue […], elle lui dit le mot magique : «Je vous aime, la Bête» ; et aussitôt, à travers la déchirure somptueuse d’un trait de harpe, un sujet nouveau apparaît. […]
Et puis, de nouveau le mythe : le Hollandais Volant erre en quête du mot ; s’il l’obtient (par serment de fidélité), il cessera d’errer (ce qui importe au mythe, ce n’est pas l’empirie de la fidélité, c’est sa profération, c’est son chant)."
Fragment d'un discours amoureux Roland Barthes


Mais la profération initiale, primordiale, de laquelle tout a découlé, c'est moi qui l'ai prononcée.

samedi, 13 août 2005

Celui avec les inhibitions

Où l'on essaie d'être moins introverti
et où l'on y parvient peut-être par des chemins détournés


J'aurais aimé avoir écrit "il est mon pays", et plus encore lui avoir dit.

vendredi, 01 juillet 2005

Dix an[s]