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dimanche, 02 octobre 2005

Une visite à l'Académie

Paolo Veneziano Poliptyque
Paolo Venziano Vierge à l’enfant avec deux commanditaires
Jacobello Alberegno Poliptyque de l’Apocalypse
Antonio Vivarini Vierge à l’enfant
Cima da Conegliano Incredulità di San Tomaso e San Magno d’Oderzo
Cima da Conegliano Madonna d’all arancio tra i santi Lodovico da Tolosa e Girolamo
Vittore Carpaccio Crucifixion et apothéose des 10 000 martyrs du mont Ararat
Vittore Carpaccio Présentation de Jésus au Temple
Cosmè Tura Vierge à l’enfant
Giovanni Bellini Pietà
Giorgione La Tempête
Giogiorne La Vieille Femme


Cessons là cette énumération, qui pourrait devenir fastidieuse, et laisser croire que je verse dans le procédé, alors que mes lecteurs fidèles se souviennent que je suis facilement las des listes.
La liste des rencontres avec Venise « et » la Peinture est donc longue, d’intensités et de qualités diverses – éblouissement, charme, séduction, virtuosité, surprise, curiosité, émotion, étonnement, ravissement, engloutissement, submersion, réflexion -, la visite de l’Académie étant à cet égard une sorte d’apothéose, et je la recommande en fin de séjour par conséquent, contrairement à Frédéric Vitoux.

La qualité de l’effet du Tintoret, de Bellini, du Titien, de Véronèse tient en partie au fait que, in situ, dans les chiese et les scuole, l’impression, produite par l’émotion autant que par la réflexion, que ces peintres et ces œuvres sont à leur place et de leur époque, vous sautent aux yeux, au cœur et au cerveau.

Seuls deux artistes me semblent échapper à cette parfaite adéquation, et ainsi se rattacher à la catégorie – qui n’en est une que pour moi – des anachroniques, mais tandis que l’un regarde vers le passé, l’autre est regardé par l’avenir.


En effet, le luxe de détail des architectures, des paysages et des personnages des arrières plans, la somptuosité des étoffes, la représentation minutieuse de la faune et de la flore, les chevaux et les dragons, la représentation dans un même plan de plusieurs actions successives, tout cela qui fait que l’on admire Carpaccio vient - ou semble venir - des primitifs flamands, de Van Eyck, de Memmling ou encore d’Uccello.

En revanche, tout - et tentant de détailler ce tout, je m’aperçois que je ne le peux pas – nous parle par dessus le temps, devant Giorgione, et les siècles suivant le sien ont dialogué continûment avec lui.


La Tempête notamment –mais comment oser écrire quoi que ce soit sur ce tableau– la Tempête… Toute l’Histoire de l’art nous dit d’admirer la Tempête. Et l’Histoire de l’art a raison. La Tempête est une séductrice, elle m’a attiré de loin, quoique de biais, elle m’a retenu, elle m’a absorbé, un groupe de japonais m’a rejeté (emporté par la foule), je suis revenu, puis il a bien fallu partir (col tempo, va, tout s’en va).

Revenu à Bordeaux, et consultant mon petit carnet, je m’aperçus que ma permière œuvre de Giogione n’était pas la Tempête, mais il Tramonto de la National Gallery à Londres, dont je n’avais pas gardé mémoire. Un instant, je crus que Saint Georges et le dragon du Tramonto allait faire le lien entre Giorgione et Carpaccio, mais non, il ne s’agit que d’un ajout d’une restauration recente. Et déçu de ne pouvoir éblouir mes lecteurs par ma merveilleuse perspicacité, je clos ici ma dernière note…


…sur Venise.


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Les liens vers le Nouvel Observateur sont en provenance de la rubrique Venise / Actualités de la Panse de l’Ours, qui m’a fait le plaisir de me citer, et que je remercie.