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samedi, 22 octobre 2005
Point-virgule
L'esprit de l'escalier soutient la création du Comité de défense et illustration du point-virgule.
11:00 Publié dans La vie est vaine et formidable | Lien permanent | Commentaires (6)
jeudi, 20 octobre 2005
de B à C
Ni Carcassonne, où l’on voit des châteaux grands comme ceux de Babylone
Ni Capri, parce que c’est fini
Ni Chatenay-Malabry, où Cécile avait cinq ans et demi en mille neuf cent quatre-vingt-trois
Ni Cologne, en face du Rhin, où j'ai voulu partir, et chercher les vestiges d'une espérance
Ni Caen, où vont les cars partant au quart
Ni Catane, en provenance de Fez dans la galère capitane
Ni Calais, dont la citadelle est assise en mer comme un palais
Ni Cadix, où la belle à des yeux de velours
Ni le Cantal, où était Hortense
Ni Casablanca, où as time goes by
Ni la Canebière, qui finit au bout de la terre
Ni Chandernagor, où il n’est pas question dans ces conditions d'abandonner les Comptoirs de l'Inde
Ni Clairvaux, où la règle, déjà, se remet
Ni Canton, dont la feuille, et la fève de Moka, vont verser leur nectar dans l'émail du Japon
Mais Chartres « Voici le paradis retrouvé ! »
Ce Pays est plus ras que la plus rase table.
A peine un creux du sol, à peine un léger pli.
C'est la table du juge et le fait accompli,
Et l'arrêt sans appel et l'ordre inéluctable.
Mais vous apparaissez, reine mystérieuse,
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l'extrême horizon ce n'est point une yeuse.
Charles Péguy
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Il est fort possible que cette note paraisse fort obscure à bien des lecteurs ; aussi je précise, qu'après avoir sévi pendant six années à Bordeaux, je m'apprête à rejoindre, en début d'année prochaine, Chartres et la plate Beauce.
16:05 Publié dans La vie est vaine et formidable | Lien permanent | Commentaires (14)
dimanche, 09 octobre 2005
Etre ou ne pas être...
Cependant, parce qu’il y a répondu malgré tout, parce que Guillaume a fait de même, et surtout parce que Madame de Véhesse me l’a demandé, je vais me plier à l’exercice, à partir de la reformulation de Guillaume.
Cinq choses que j'aimerais faire avant de mourir :
Voir toutes les œuvres de Vermeer, de Giorgione, du Caravage (entre autres) ; boire tous les meilleurs vins des vignobles français, et italiens, et espagnols et allemands (au hasard Yquem, Petrus, Corton-Charlemagne, Romanée-Conti, Château-Grillet, Coulée de Serrant…) ; visiter toutes les églises, cathédrales et basiliques romanes ; vivre en Italie, à Londres, en Allemagne, à Anvers… ; tout revoir (là j’ai copié).
Cinq choses que je fais bien ou volontiers :
Rester impassible ; classer et ranger ; la cuisine (les jours de fête) ; relier les choses entre elles ; remettre au lendemain.
Cinq choses que je fais mal ou pas du tout :
Téléphoner ; dire « je t’aime » ; croire en Dieu ; *** ; parler de sexe (là aussi j’ai copié).
Cinq choses qui m'attirent chez l'autre :
L’âme, les ondes, les ombres, les soleils, les traces de [ses] yeux.
Cinq expressions favorites :
Je n’ai pas d’expression favorite, j’emploie sûrement certaines expressions plus que d’autres, mais contre ma volonté consciente.
Cinq célébrités irrésistibles :
Non, là je ne peux pas (et pourquoi pas cinq célébrités à emporter sur l'île déserte ?).
Cinq dont je veux connaître les réponses à ce questionnaire :
Un sursaut de cohérence me retient de répondre là aussi.
17:25 Publié dans Jeux et choses sans importance, Trop intime | Lien permanent | Commentaires (24)
mercredi, 05 octobre 2005
Ceci n'est pas non plus une note sur Venise
Cependant, il n’est pas niable que la description des œuvres du Tintoret ne manque pas de pertinence, même si les conclusions qui en sont tirées peuvent paraître outrées ; mais elles sont liées à l’hostilité de l’auteur envers une certaine forme de romantisme, et à son amour de la tragédie classique.
Je ne puis me faire à Tintoret. Ce qu’on appelle sa puissance, n’est à mes yeux que de l’abondance du désordre. Il n’est ni vrai, ni au-dessus de l’image vulgaire. Il est romantique jusqu’à la frénésie.
La puissance de l’artiste, je ne la reconnais qu’à la profondeur du coup qu’il frappe ; et de même, à la beauté de la mélodie, qu’il révèle une fois pour toutes ; à l’intensité de l’harmonie qu’il est capable de produire. Un petit tableau y suffit, sur un chevalet. Mille lieues de peinture y peuvent échoue. La couleur de Tintoret est noire, lourde, monotone. Son style, plus que l’éloquence, est l’emphase continue. On n’est pas puissant parce qu’on lance cinq cents figures sur une muraille : un seul visage qui ne s’oublie plus, telle est sa force.
Cet homme est à l’art ce que l’athlète est à la beauté divine. Avec son mufle, ses muscles pareils à des tumeurs, l’athlète au front bas, aux narines camuses, le visage cousu de cicatrices et renflé de bosses, est un géant peut-être, mais aussi une brute. L’athlète a beau passer sa vie dans l’arène et dans l’exercice de ses forces : toujours, il improvise. Ainsi Tintoret est l’Improvisateur de peinture. Il vient à bout de toute surface. Il abat toute besogne. Il est virtuose prodigieux. Qu’on lui donne la Grande Muraille : il la peindra depuis la Corée jusqu’au désert de Gobi ; il y décrira toute l’histoire de la Chine.
Ce talent est énorme ; mais il est laid. Il est outré. Il n’est jamais à l’échelle, non pas de la grandeur, mais de sa propre éloquence. Il dit si fort ce qu’il veut dire, qu’on ne l’entend plus. Il a plus de pensée qu’il n’en faut pour nourrir tous les peintres de Venise ; et tant il est habile, il semble ne pas penser.
N’ose-t-on pas le mettre au rang des grands tragiques ? et qui ne parle de sa vertu pour le drame ? Telle est l’illusion du vulgaire : le geste passe pour l’action ; le tumulte, pour la tragédie ; le bruit, pour la force sonore. Mais l’éternelle agitation de Tintoret est l’aveu qu’il n’est point tragique. La véritable tragédie sera toujours dans le cœur des héros, et de leurs passions. Voilà ce qui décide souverainement de leur sort, et même des paroles capitales qu’ils disent, celles où l’homme suscite son destin, où le destin se rend visible et descend. Or ces paroles fatales, le silence qui précède et le silence qui les suit, en font seuls le prix.
Le vulgaire croit voir la tragédie dans la mêlée des personnages ; et plus ils sont, plus on se flatte de plonger dans le drame. On s’en éloigne, au contraire ; on l’oublie. La bataille n’est pas tragique, non plus que l’inondation ou le tremblement de terre. Ce ne sont que des convulsions confuses. Il n’y a de drame qu’entre un petit nombre de héros. Tout le reste est inutile ; ou pour mieux dire, tout le reste est cortège, jeu de scène et comparses. Si l’on veut que Tintoret soit tragique, il ne le fut jamais qu’à la manière de Dumas le père, et des autres énergumènes, qu’un demi-siècle a ruinés sans retour, tant ils sont vains et puérils. Tintoret, lui, a du style ; il se sauve par là, comme tous. Trop de force, en lui, trop d’éloquence, trop de chaleur pour ne point faire penser à un maître. Et, en effet, de tous les hommes, Tintoret me semble le plus voisin de Victor Hugo.
Son drame sans émotion et sans âme, n’y ayant d’émotion que de la vérité profonde, quand le cœur et les passions sont à nu ; son style formidable, et toujours un peu creux ; son éloquence qui ne saurait tarir ; son goût du contraste, jusqu’à la grossièreté ; sa manie des ombres compactes ; sa faculté de répéter cent fois ce qui ne vaut pas souvent la peine d’être dit ; sa puissance plastique et sa pauvreté intérieure : tous les dons de Tintoret me font voir en lui le Victor Hugo de la peinture.
André Suarès Voyage du Condottière (Vers Venise)
7 octobre: la discussion se poursuit ici et là
17:55 Publié dans Littérature, Peinture | Lien permanent | Commentaires (12)
mardi, 04 octobre 2005
Ceci n'est pas une note sur Venise
This is so contemporary, contemporary, contemporary
13:25 Publié dans La vie est vaine et formidable, Venise | Lien permanent | Commentaires (8)