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lundi, 20 mars 2006
Die... die... die...
J’ai narré naguère ma découverte de la musique savante, à l’origine de laquelle se trouvent un guide des disques et la revue Diapason.
Or il se trouve que, à l’heure où j’écris ces lignes dans le train entre Paris et Bordeaux (soit vendredi soir), je suis en train d’écouter Alfred Deller dans son opus ultime, publié à titre posthume, consacré à Henry Purcell Music for a while / O Solitude (avec Wieland Kuijken, William Christie et Roderick Skeaping).
Mes innombrables allers et retours auront eu, au moins, pour mérite de me permettre de consacrer quelques heures supplémentaires à la lecture et à l’écoute de CD, que j’avais un peu délaissées au profit des blogues, horresco referens.
Donc, la redécouverte de ce disque m’a fait me remémorer d’un fait qui amende, ou complète ma précédente note.
En effet, je me souviens très précisément de l’annonce de la mort d’Alfred Deller par Jean-Michel Damian sur l’antenne de France Musique un après-midi de juillet 1979.
Cet été là, et le suivant, j’avais été embauché comme agent d’accueil à l’office du tourisme de mon village natal – natal étant bien entendu un abus de langage, étant né comme tout un chacun dans la maternité de la grande ville voisine – sur ma bonne mine et mes compétences naturellement, le fait que mon père en fût secrétaire (ou vice-président je ne sais plus), et adjoint au maire, n’ayant eu aucune influence.
La charge de travail étant réduite, j’écoutais beaucoup la radio – Claude Villers, Jacques Pradel sur Inter, et France Musique, pour ce que je me rappelle.
En fait, je crois que Jean-Michel Damian, avec Jacques Merlet, en particulier dans leurs émissions du samedi, – ainsi que Claude Maupomé, mais j’y reviendrai – ont beaucoup compté dans mon apprentissage musical, et pas uniquement de la musique ancienne et baroque, mais aussi de Schubert et Mahler par exemple (à une époque où la musique de ce dernier était moins universellement reconnue qu’aujourd’hui en France, me semble-t-il, mais les spécialistes pourront me contredire si nécessaire).
Or donc, Jean-Michel Damian annonça la mort d’Alfred Deller le 16 ou 17 juillet 1979, avec une grande émotion qui me frappa. Il faut dire qu’Alfred Deller occupait une place à part dans le milieu musical baroqueux – comme l’a très bien montré Gaétan Naulleau cet été dans sa série d’émissions que j’ai déjà évoquée – de par sa personnalité chaleureuse, son parcours d’autodidacte, ses interpétations fondées sur l’intuition plus que sur la musicologie.
A cette funeste occasion, Jean-Michel Damian a dû certainement diffusé O Solitude et Music for a while, qui furent pour Alfred Deller des œuvres fétiches (et qui donnent son titre à son dernier enregistrement). Ce fut un choc, et je suis toujours autant bouleversé en écoutant ces interprétations aujourd’hui (même dans un TGV peu propice au recueillement).
Ce disque posthume fit partie de mes premiers 33 tours, acquis dès sa sortie, et figure parmi les disques fondateurs, que j’ai rachetés en CD, à peu d’exceptions près.
Pour terminer, je vous propose l’air qui figure entre O Solitude et Music for a while sur cet enregistrement, extrait de The Prophetess or The History of Dioclesian, Since from my dear Astraea's sight qui se termine par :
12:00 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
j'ai eu plaisir à lire cette note, mais n'ai pas pu écouter le son...(Alorsqu'en général je n'ai pa de problème...)
Écrit par : ennairam | mardi, 21 mars 2006
Pourtant ça a l'air de fonctionner...
Écrit par : Philippe[s] | mardi, 21 mars 2006
et puis Deller était un peu vu comme le père par tous les "baroqueux" non ?
Écrit par : brigetoun | mercredi, 22 mars 2006
C'est plus compliqué que çà. Le père ? je ne pense pas (il n'a pas vraiment eu de disciple) ; plutôt une sorte de figure tutélaire.
Écrit par : Philippe[s] | vendredi, 24 mars 2006