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dimanche, 10 juillet 2005
Où il est question (4)
Où il est question de moi et de la musique ancienne.
Je suis issu d’une famille pour laquelle l’art n’est pas une modalité de la présence au monde, ni un choix d’existence. Peu de musique, peu de cinéma, pas de théatre, pas de peinture ; des livres, mais je n’irai pas jusqu’à dire de la littérature.
Je me suis construit en autodidacte, d’abord en lisant un peu tout et n’importe quoi : Guerre et paix, Ray Bradbury, Françoise Mallet-Joris, Isaac Asimov, Marguerite Duras, Racine, Alejo Carpentier…
La découverte de la musique est passée par la lecture d’un guide de disques classiques édité par Diapason vers 1979, je pense - je ne l’ai malheureusement pas conservé.
Cet ouvrage était très bien fait, avec des petites notices biographiques des compositeurs, une sélection discographique et une brève description des œuvres et des interprétations. Ma première éducation musicale s’est faite là, et pas du tout dans les cours de piano et solfège que je suivais à l’époque, où l’on enseignait tout sauf la musique.
Un monde s’est ouvert devant moi, d’abord par les mots : mon premier achat fut un disque de Jean-Philippe Rameau, les pièces de clavecin en concert, choisi uniquement en raison de l’attrait exercé par le mot clavecin. Je continuai dans cette voix : Bach, Monteverdi, Haendel, Couperin, Charpentier.
C’est à cette époque que j’ai acheté mon premier numéro de la revue Diapason : le n° 245 daté de décembre 1979.
1980 a été une période charnière pour l’interprétation de la musique ancienne – à cet égard je signale, mais trop tard, une excellente série d’émission de France Musiques la semaine dernière sur le sujet. La cause était entendue pour la musique antérieure à Bach, pour Bach lui même la défaite des opposants aux «baroqueux» était proche, la bataille allait s’engager pour Mozart et Beethoven.
Je dois bien avouer qu’à l’époque j’étais totalement intégriste et je vouais aux gémonies tout écart par rapport aux canons d’interprétation à l’ancienne admis à l’époque.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai assisté à la création des Boréades de Rameau au festival d’Aix en Provence en 1982, qui a lancé le renouveau de l’interprétation de la musique française baroque - et éclipsé le pionnier Jean-Claude Malgoire ; le règne de Gardiner advint, puis celui de Christie.
Ce fut ensuite mon arrivée à Strasbourg avec la découverte de la musique symphonique romantique, de la musique de chambre, de la musique contemporaine – j’étais au premier festival Musica. Et aussi, le cinéma, le théatre, la peinture…
Aujourd’hui, j’écoute toujours Jean-Sébastien Bach par Harnoncourt, Herreweghe, Hantaï mais aussi par Tharaud, Celibidache ou Furtwängler. Et je pense être plus authentique que jadis.
de moi et de la musique
ancienne.
05:30 Publié dans Où il est question | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Au delà de leur intérêt, tes derniers billets exhalent un parfum de Vérité tout à fait saisissant dont j'ai enfin compris la source : tu es un autodidacte - au moins pour ce sujet - et tu le reconnais. Cela me touche profondément... Ayant moi-même été élevé dans un milieu fort béotien, c'est à peu près au même âge que toi,au lycée (et pas grâce aux prfos...) que j'ai entrevu des portes dans la mur du monde : la peinture, la poésie et la musique. Puis j'ai tenté d'avancer dans ses chemins ouverts... Tant bien que mal, il m'a fallu forger mes goûts, étoffer mes connaissances, assumer mes zones d'ignorance. Plus tard, entouré de gens ayant baigné dès l'enfance dans ce climat, je les enviai en même temps que je me camouflai, n'osant pas avouer mon statut d'autodidacte. Aujourd'hui, je le revendique sans gêne, presque avec un reflet de fierté. Quant à vouloir rivaliser avec la finesse de tes analyses, point encore !...
Écrit par : Vrai Parisien | dimanche, 10 juillet 2005
Manquent plus que les Mikrosymphonies I&II de Stockhausen à ton palmrès et tu seras un athlète complet.
Et comme le dit le « Vrai Parisien », une touche autobiographique donne un peu d'humanité à tes murs blancs.
Écrit par : sk†ns | lundi, 11 juillet 2005
je te bats de deux ans! mon premier numero de diapason est le 220!
Écrit par : gvgvsse | lundi, 11 juillet 2005
Oui, mais moi j'ai le N°1 de « Jeune et Jolie ».
Écrit par : sk†ns | mardi, 12 juillet 2005