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jeudi, 18 août 2005

Peut-être...



...que cela fera plaisir à quelqu'un

vendredi, 05 août 2005

Haut patronage

Après avoir lu les premières pages de La Lutte avec l'Ange de Jean-Paul Kauffmann, j'ai décidé de placer ce blog sous le Haut Patronage de Jacob.

 

"Jacob est un personnage qui symbolise à merveille l'esprit de l'escalier. Avec lui, les événements surviennent presque toujours à retardement, quand apparemment il n'est plus temps."

lundi, 04 juillet 2005

L'indicatrice de Tissot

Je l’ai dit ici ou là : je suis un grand amateur de cartes, topographiques pour être précis. Quoi de plus normal, me diriez vous, si vous me connaissiez - mais vous ne me connaissez pas -, puisque j’ai longtemps exercé le métier de géomètre. Mais nul n’est obligé d’entretenir une passion en relation avec sa profession, et mon intérêt pour la cartographie n’est aucunement en rapport avec les hasards qui m’ont conduit à la topographie.
Les cartes anciennes, pour commencer par elles, sont de magnifiques et précieux objets d’art. Par leur biais, la vision du monde des siècles passés s’affiche, avec ses peurs et ses espoirs, ses faits divers et ses lieux communs, ses terres inconnues ou lointaines et leurs monstres mythologiques.


Peut-être plus encore, je suis passionné par les cartes topographiques modernes, c’est-à-dire exactes, ce qui exclut les plans par trop anamorphosés ou schématiques.
Evidemment, par leurs formes et leur couleurs, elles présentent elles aussi un intérêt esthétique – il m’est arrivé de faire l’acquisition de certaines cartes uniquement en raison de la présence d’un isthme, d’une lagune, d’un cap ou d’une enclave.
Mais surtout, en résonnance profonde avec des traits constants de mon caractère, la carte ordonne le territoire, classe ce qui n’est pas classé, organise ce qui n’est pas organisé, elle donne une forme à ce qui n’en a pas.
C’est la Culture qui domine la Nature. La carte est le paradigme de la connaissance et de la civilisation.


Par la précision de sa légende et l’exactitude de son échelle, la carte abolit la distance du signe à la chose, et est de ce fait, par essence, du domaine de Cratyle contre celui d’Hermogène.

D'abord, parce que j'aime marcher, j'aime la promenade, j'aime les chemins, les embranchements, les cartes. Il y a au fond de l'homme, ou en tout cas de beaucoup d'hommes, une très profonde pulsion cartographique, qui justement est liée au sens, au désir d'imposer un sens au réel, à la terre, à l'espace. Voyez le nombre d'enfants qui tracent dans le sable les cartes de pays imaginaires, avec leurs frontières et leurs routes, leurs chemins, leurs carrefours, leurs enclaves. Voyez la fascination qu'exercent ces pages de Lewis Caroll ou de Borges sur les cartes, sur cette vieille utopie topomaniaque de cartes toujours plus grandes, qui bien entendu finissent par recouvrir exactement le pays dont elles sont la carte, de sorte que finalement on y renonce, elles sont trop malcommodes, les paysans protestent parce qu'ils doivent travailler à l'ombre, et on décide donc, dans Sylvie et Bruno, d'utiliser comme carte le pays lui-même, c'est encore ce qu'il y a de plus pratique...
Renaud Camus Entretien donné à la revue Genesis


Cependant, la perfection n’est pas de ce monde, et l’art de la cartographie ne fait pas exception à l’adage. En effet, la terre étant un ellipsoïde, toute projection plane doit faire des compromis, conservant les angles, donc les formes, - conforme - ou conservant les surfaces - équivalente -, ou encore conservant les distances - équidistante -, mais ne pouvant en aucun cas être parfaite.
Cette imperfection est matérialisée par l’indicatrice de Tissot, petit cercle subissant les déformations de la projection dont on veut juger les effets.


L'indicatrice de Tissot, en quelque sorte, mesure la distance qui sépare Cratyle d’Hermogène.

samedi, 23 avril 2005

Oui


OUI OUI
OUI            OUI
OUI                  OUI
OUI                        OUI
OUI                             OUI
OUI                             OUI
OUI                             OUI
OUI                             OUI
OUI                       OUI
OUI                  OUI
OUI            OUI
OUI OUI



OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                         OUI
OUI                      OUI
OUI               OUI
OUI OUI



OUI

OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI



mardi, 12 avril 2005

Pour un oui ou pour un non



H.2 : Oui ou non ?…
H.1 : Ce n’est pourtant pas la même chose…
H.2 : En effet : Oui. Ou non.
H.1 : Oui.
H.2 : Non !



Depuis plusieurs jours grandit la tentation de proposer ici un parallèle entre le referendum relatif au traité établissant une constitution pour l’Europe et l’œuvre de Nathalie Sarraute Pour un oui ou pour un non.

Mon idée première était uniquement, dans une veine ludique, de faire un jeu de mots propice à vous divertir. Etant d’un naturel scrupuleux, j’ai relu la pièce en question – oh ! bien modeste effort : vingt-cinq pages dans mon édition de poche Folio.

Une évidence m’a frappé à cette relecture – «Bon sang, mais c’est bien sûr !» ; de Nathalie Sarraute au commissaire Bourrel, je ne crains pas les grands écarts - : il y a bien d’autres enseignements à tirer de cette confrontation qu’une simple plaisanterie.

Voici un bref résumé pour vous remettre en tête l’intrigue de ce chef d’œuvre :


H.1 cherche à connaître la raison de l’éloignement de son ami H.2. Il insiste, H.2 est réticent, mais il finit par avouer que la cause en est quelques mots prononcés par H.1 alors que H.2 lui avait parlé d’un succès quelconque : «C’est biiien… ça…» un accent mis sur «bien», un suspens avant «ça». L’incompréhension de H.1 est grande, les voisins de H.2, H.3 et F., appelés en tant que témoins, ne comprennent pas plus.
Les rancoeurs et les griefs remontent du passé : H.1 est un poseur qui étale sa réussite et son bonheur, qui ne comprend rien à la vraie vie, H.2 est un «poète», un raté solitaire, un jaloux.
Ils sont dans « deux camps adverses. Deux soldats de deux camps ennemis qui s’affrontent».
Ils voudraient bien rompre, mais il faut «l’autorisation de ceux qui ont le pouvoir de donner ces permissions. Des gens normaux, des gens de bons sens». Et leur désaccord est fondé sur des mots, des intonations. Ils seraient certainement déboutés de leur demande, signalés. «Chacun saura de quoi ils sont capables, de quoi ils peuvent se rendre coupables : ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non.»


C’est d’abord la condescendance à son égard que reproche H.2 à H.1. L’autosatisfaction de H.1 exaspère H.2 : ses voyages, sa femme, ses enfants, tout est prétexte pour H.1 à poser devant H.2 et sa petite vie solitaire repliée sur elle même. D’un côté le camp des actifs et des créateurs de vie et de richesse, de l’autre celui des contemplatifs, hypersensibles aux mots, et sur-interprétant les intentions.

Condescendance, autosatisfaction, susceptibilité, surinterprétation, action, repli sur soi…
H.1 partisan du oui, H.2 partisan du non ?

A vous de juger.


H.1 : Pour un oui… ou pour un non ?
un silence

H.2 : Oui ou non ?…
H.1 : Ce n’est pourtant pas la même chose…
H.2 : En effet : Oui. Ou non.
H.1 : Oui.
H.2 : Non !