Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2008-04 | Page d'accueil | 2008-06 »

jeudi, 08 mai 2008

Premier anniversaire

Sur une idée de fcranck, j'avais réalisé l'année dernière une pochade sur l'investiture de notre bien-aimé Président :


Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand


Dans cette décade courant entre le premier anniversaire de son élection et celui de son installation à l'Elysée, je vous propose un portrait de famille en pied (merci à Francisco José de Goya y Lucientes) :


Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand

Un fantôme du passé

Je viens d'apprendre que le (trop) jeune homme dont il est question dans ce billet, a publié un ouvrage d'analyse littéraire (à connotation manifestement universitaire) en janvier dernier.

(à part moi (et encore), je ne vois pas qui cette nouvelle va intéresser !)

mercredi, 07 mai 2008

Une / la / sa mère (Sophie Calle)

Sophie Calle est bien connue pour construire ses œuvres à partir de morceaux de vie (celles d’inconnus, celles de ses amis ou de son entourage, mais surtout la sienne). Aussi, à la place de X (un écrivain non-nommé (namenlos) que certains gougnafiers prétendument amateurs d’art se permettent de dévoiler sur la toile), j’aurais réfléchi à trois fois avant d’envoyer ce mail de rupture à la dite Sophie (j’aurais réfléchi avant même d’entamer une relation avec elle, à vrai dire (à moins que X en ait prévu l’issue dès le début)) :

Sophie,


Cela fait un moment que je veux vous écrire et répondre à votre dernier mail. En même temps, il me semblait préférable de vous parler et de dire ce que j'ai à vous dire de vive voix.
Mais du moins cela sera-t-il écrit.
Comme vous l'avez vu, j'allais mal ces derniers temps. Comme si je me retrouvais dans ma propre existence. Une sorte d'angoisse terrible, contre laquelle je ne peux grand chose, sinon aller de l'avant pour tenter de la prendre de vitesse, comme j'ai toujours fait.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous aviez posé une condition : ne pas devenir la "quatrième". J'ai tenu cet engagement : cela fait des mois que j'ai cessé de voir les "autres", ne trouvant évidemment aucun moyen de les voir sans faire de vous l'une d'elles.
Je croyais que cela suffirait, je croyais que vous aimer et que votre amour suffiraient pour que l'angoisse qui me pousse toujours à aller voir ailleurs et m'empêche à jamais d'être tranquille et sans doute simplement heureux et "généreux" se calmerait à votre contact et dans la certitude que l'amour que vous me portez était plus bénéfique pour moi, le plus bénéfique que j'ai connu, vous le savez. J'ai cru que l'écriture serait un remède, mon "intranquillité" s'y dissolvant pour vous retrouver. Mais non. C'est même devenu encore pire, je ne peux même pas vous dire dans quel état je me sens en moi-même. Alors, cette semaine, j'ai commencé à rappeler les "autres". Et je sais ce que cela veut dire pour moi et dans quel cycle cela va m'entraîner.
Je ne vous ai jamais menti et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer.
Il y avait une règle que vous aviez posé au début de notre histoire : le jour où nous cesserions d'être amants, me voir ne serait plus envisageable pour vous. Vous savez comment cette contrainte ne peut que me paraître désastreuse, injuste (alors que vous voyez toujours B., R., ...) et compréhensible (évidemment) ; ainsi, je ne pourrais jamais devenir votre ami.
Mais aujourd'hui, vous pouvez mesurer l'importance de ma décision au fait que je sois prêt à me plier à votre volonté, alors que ne plus vous voir ni vous parler ni saisir votre regard sur les choses et les êtres et votre douceur sur moi me manqueront infiniment.
Quoiqu'il arrive, sachez que je ne cesserai de vous aimer de cette manière qui fut la mienne dès que je vous ai connue et qui se prolongera en moi et, je le sais, ne mourra pas.
Mais aujourd'hui, ce serait la pire des mascarades que de maintenir une situation que vous savez aussi bien que moi devenue irrémédiable, au regard même de cet amour que je vous porte et de celui que vous me portez et qui m'oblige encore à cette franchise envers vous, comme dernier gage de ce qui fut entre nous et reste unique.
J'aurais aimé que les choses tournent autrement.
Prenez soin de vous.

X


La réaction de Sophie Calle à ce message passablement exaspérant fut la suivante :

« J’ai reçu un mail de rupture. Je n’ai pas su répondre. C’était comme s’il ne m’était pas destiné. Il se terminait par ces mots : Prenez soin de vous. J’ai pris cette recommandation au pied de la lettre. J’ai demandé à cent sept femmes – dont une à plumes et deux en bois –, choisies pour leur métier, leur talent, d’interpréter la lettre sous un angle professionnel. L’analyser, la commenter, la jouer, la danser, la chanter. La disséquer, l’épuiser. Comprendre pour moi. Parler à ma place. Une façon de prendre le temps de rompre. A mon rythme. Prendre soin de moi. »


Le résultat, semblable à une perle de la plus belle eau constituée patiemment par cent sept huitres à partir d’une poussière d’un médiocre intérêt, est présenté actuellement dans la salle Labrouste de la Bibliothèque nationale de France (site Richelieu), après avoir représenté la France à la Biennale de Venise (après Annette Messager et son très poétique Casino).

Si l’artiste a toujours utilisé les moyens d’expression les plus divers, elle atteint là une sorte d’œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk comme dirait l’autre, je n’irai cependant pas jusqu’à comparer la salle Labrouste au Festspielhaus), qui produit une forte impression dès le premier abord, en particulier le bruit de fond de toutes ces femmes qui parlent, chantent, murmurent, récitent ou psalmodient dans toutes les langues, tous les styles et tous les tons (il y a même du tir à la carabine).

Il n’est évidemment pas question de tout lire, tout voir, tout écouter ; le tout est en l’occurrence vraiment plus intéressant que le détail de chacune des parties.

Si Prenez soin de vous semble jouir d’un succès critique assez unanime, je trouve tout de même que les commentateurs (-trices en majorité) prennent trop au sérieux tant le mail de rupture que la réaction de Sophie Calle.

Je perçois pour ma part beaucoup d’ironie dans la démesure de l’œuvre, d’amusement dans beaucoup des interventions des cent sept femmes (Cento in Francia, in Turchia novantuna) et surtout le texte d’une mère révèle pour moi le pot-aux-roses : la liaison rompue avec X aura été brève et puis « ma chérie, ne te fais pas de bile, avec ton intelligence, tu retrouveras vite un homme.. » (ce qui a d’ailleurs été le cas ("Je l'ai trouvé tout de suite. Un architecte." Prudent, ce dernier lui a demandé de ne pas être le prochain à se retrouver dans son œuvre. "Je m'y suis engagée." (Le Monde du 7 juin 2007))).

Cette lettre de mère est peut-être d’ailleurs une sorte de point aveugle de l’œuvre (en ce sens que si l’on ne la voit pas, on ne voit rien) et son cœur le plus sensible (Sophie Calle ayant appris en même temps sa participation à la Biennale de Venise et la mort prochaine de sa mère, dont elle a filmé les derniers instants (Pas pu saisir la mort, présentée aussi à Venise)).



Prenez soin de vous / Sophie Calle – Bibliothèque nationale de France ; site Richelieu ; salle Labrouste – du 26 mars au 15 juin 2008

mardi, 06 mai 2008

Bibliothèque en cartons

La bibliothèque dans les cartons n'est pas une image !

Enfin si, c'est une image, que voici :



mais ce n'est pas une métaphore.

Le mot de la semaine : douloureux

(en fait, il s'agit du mot d'il y a deux semaines)

Si la langue française entend par douloureux, à la fois ce qui cause une souffrance et ce qui l’exprime, il semble qu’elle réserve à la douleur morale l’acception relative à celui qui l'éprouve (confer le Tlf).
Les urgentistes (et le personnel hospitalier et médical dans son entier, je suppose) utilise pourtant ce terme au sujet de la douleur physique (ce malade est tellement douloureux que l'on n'arrive pas à trouver une veine pour le perfuser).