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samedi, 22 septembre 2007

La délivrance inutile (Ariane et Barbe-Bleue)


Si je dois à Maeterlinck l’un de mes plus marquants souvenirs de théâtre (Intérieurs mis en scène par Claude Régy), je suis en revanche assez imperméable au symbolisme assez lourd et à la poésie assez épaisse de nombre de ses œuvres.

Rédigé aux temps où la psychanalyse commence à étendre son emprise (de l’interprétation des rêves à, beaucoup plus tard, la psychanalyse des contes de fées), Ariane et Barbe-Bleue (ou la délivrance inutile (curieuse référence à Marivaux Beaumarchais (à moins que Maeterlinck ne soit un joyeux drille amateur de jeux de mots (la Barbe bleue du Barbier de Séville (les prénoms des cinq filles d’Orlamonde se prêtent d’ailleurs facilement au calembour))))) est un texte surchargé d’images sentencieuses qui le rendent bien moins subtil que Pelléas et Mélisande (pour ce qui est, en tous les cas, du livret de l’opéra de Debussy, qui a largement retravaillé l’œuvre originale, semble-t-il).
Qu’y a-t-il à tirer comme enseignement ou interprétation de cette fable souvent proche de la boursouflure ? D’Ariane, sûre d’elle même et voulant imposer sa vérité aux autres (mais y renonçant in extremis) ou des cinq recluses quittant à regret leur geôle où pourtant elles pleuraient (mais renonçant à la fin à tenter l’aventure de l’inconnu et à abandonner Barbe-Bleue), qui détient la morale de l’histoire ? Il y aurait certainement à approfondir, autour de la transgression, de la soumission et de la tentation, ces deux phrases prononcées par Ariane au début du premier acte :

« D’abord, il faut désobéir ; c’est le premier devoir quand l’ordre est menaçant et ne s’explique pas. »
« Tout ce qui est permis ne nous apprendra rien. »

Mais peut-être qu’au fond, l’ultime transgression, c’est de ne pas transgresser, quand la transgression est devenue sans danger, voire la norme (selon une classique spirale bathmologique).

La musique de Paul Dukas est, à la première audition, plus illustrative que symbolique (les oiseaux, le tremblement des murs…), et d’une richesse orchestrale qui la rend très plaisante à écouter, à défaut d’être vraiment le grand chef-d’œuvre oublié de l’opéra français annoncé (l’ouverture des portes ne soutient pas la comparaison avec celle de Bartok dans le Château de Barbe-Bleue). Zvezdo nous en dira certainement plus, mais pour ma part, si j’entends bien l’influence de Wagner, celle de Debussy (au-delà de l’anecdote de la citation sur le nom de Mélisande) me paraît plus ressortir à la musique française de l’époque en général, plutôt qu’à un compositeur particulier.

Belle direction de Sylvain Cambreling, intéressante mise en scène d’Anna Viebrock (1er acte réussi, mais beaucoup de scènes des deuxièmes et troisièmes actes inabouties ou sans idée), bonne distribution (mais que le haut de la tessiture de Déborah Polaski est laid).


21 septembre 2007 Opéra Bastille – Ariane et Barbe-Bleue – Livret de Maurice Maeterlinck, Musique de Paul Dukas – Orchestre et Choeurs de l'Opéra national de Paris, Direction musicale Sylvain Cambreling, Mise en scène, décors et costumes Anna Viebrock, Lumières David Finn, Réalisation vidéo Till Exit, Dramaturgie Malte Ubenauf, Chef des choeurs Peter Burian – Barbe-Bleue Willard White, Ariane Deborah Polaski, La nourrice Julia Juon, Sélysette Diana Axentii, Ygraine Iwona Sobotka, Mélisande Hélène Guilmette, Bellangère Jaël Azzaretti

Commentaires

(Marivaux ou Beaumarchais ?

(Quant à Pelléas et Mélisande, pour l'avoir vu au théâtre (à moins que le metteur en scène n'eût pratiqué les mêmes coupes que le musicien), je crois au contraire que Debussy a presque exactement respecté le texte de la pièce (à l'exception de quelques scènes en forme de prologue ou d'intermède (certes lourdement symboliques (ou qui me parurent telles alors, faute de musique)) où interviennent les servantes.)))

Écrit par : guillaume | samedi, 22 septembre 2007

Ciel ! Confondre Marivaux et Beaumarchais !!
Debussy a certes coupé quelques scènes (j'ai noté les suivantes, mais il y en a peut-être d'autres: la première (servantes, portier), la dernière de l'acte II (Arkel, Golaud), la première de l'acte III, la première de l'acte V (encore les servantes)), mais surtout, il a fait de nombreuses petites modifications dans le corps du texte (un mot pour un autre, une suppression, un ajout) qui sont loin d'être négligeables.
De toute façon, Pelléas est du côté des textes de Maeterlinck que j'aime...

Écrit par : Philippe[s] | samedi, 22 septembre 2007

Le même soir à Tours, raté diffusion de Pelléas sur Arte (avec Magdalena Kozena, snif !).

Écrit par : Guillaume Cingal | lundi, 24 septembre 2007

Pas le même soir : Ariane c'était vendredi, Pelléas sur Arte samedi. Je voulais regarder moi aussi cette diffusion (pour voir la partie gauche de la mise en scène que je n'avais point vu au théâtre des Champs Elysées).
Mais impossible à cause du Messie hurlé par les hauts-parleurs de la Fête de la lumière, et qui envahissait tout l'appartement !

Écrit par : Philippe[s] | lundi, 24 septembre 2007