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jeudi, 19 janvier 2006

Quelle belle main gauche !


Hier soir, premier essai d’un aller-retour Chartres Paris pour assister à un concert (en passant, une remarque à l’attention de la région Centre et de la Sncf : pas de train entre 22h30 et 0h30, c’est assez peu opportun).
Donc, Francesco Tristano Schlimé dans la grande salle de l’Unesco (Ben et M. Gvgvsse y sont aussi, je m’en doute, mais je ne les connais pas, et je n’ai pas eu le temps de prévenir l’un ou l’autre de ma présence, m’étant décidé à la dernière minute) et dans un programme qui suscite à lui seul déjà l’intérêt : Frescobaldi, Bach, Haydn, Francesconi, Schlimé.

Autant dire tout de suite que je suis moins enthousiaste que Gvgvsse, mais je pense comme lui que ce jeune homme a un grand avenir devant lui s’il évite quelques écueils.

Je n’ai jamais été fou de Frescobaldi, mais en plus la prestation de FTS, malgré ses qualités de virtuosité, de clarté, de dynamique, ne fait que confirmer, pour moi, que cette musique a tout à perdre à être jouée au piano. Certes, elle y gagne une certaine modernité, mais au prix d’apparaître selon les moments, soit confuse, soit d’une grande pauvreté, les rares passages intéressants rappelant Bach, en moins bien.

La sixième suite française de Bach est justement le premier sommet du concert – tant mieux, c’est en grande partie pour cela que j’ai fait le voyage. Je commence à y percevoir les caractéristiques du jeu du pianiste : une sonorité magnifique et très variée, une volonté de rechercher les ruptures, et de les accentuer (dramatisation des silences et des attaques, dynamique importante des nuances et des tempos, jeu de la main droite assez sec), au risque de déstructurer la pièce, risque évité par le jeu de la main gauche, présent sans dominer, nuancé, plus legato, et qui assure la tenue et la cohérence de l’ensemble. Une lecture de Bach intelligente, dramatique et émouvante.

Mais dès la pièce suivante, les écueils d’un tel jeu apparaissent : la recherche et l’exacerbation des ruptures dans la sonate Hob. XVI n° 48 de Haydn tiennent du pléonasme. A vouloir trop renforcer les contrastes et les surprises, déjà tellement présentes, FTS aboutit à rendre bizarre une œuvre qui ne l’est certainement pas, même si elle est éminemment moderne à son époque.
Mais quelle belle main gauche !

L’andante avec variations en fa mineur du même Haydn est dans le droit fil, mais la déstructuration à l’œuvre encore une fois fait perdre la tension du discours, et donc son intérêt.

L’intérêt revient, et très fort, avec Mambo de Luca Francesconi, qui est une sorte de prolifération musicale à partir d’une cellule de base tirée du Turkish Mambo de Lennie Tristano. Toutes les qualités de puissance, de timbre, de virtuosité, mais néanmoins de clarté, de FTS contribuent à rendre disponible la langue du compositeur (cf. ma note précédente !) auprès d’un auditoire certainement guère habitué à ce genre de musique.

Après un tel apogée, les improvisations et compositions de Francesco Schlimé lui-même paraissent bien convenues, entre musique répétitive, jazz, et jeu sur les cordes façon piano préparé. Il aurait bien tort, à mon avis, à trop s’engager sur cette voie à la Friedrich Gulda.


Mais quelle belle main gauche !



18 janvier 2006 Frescobaldi, Bach, Haydn, Francesconi, Schlimé par Francesco Tristano Schlimé dans la grande salle de l'UNESCO - Paris

Commentaires

attendons le dans Ravel, alors....

Écrit par : zvezdo | jeudi, 19 janvier 2006

La main droite n'est pas mal non plus ^^

Nous ne sommes pas tout à fait d'accord, en effet, mais je moins doué que toi pour l'expliquer !

Écrit par : Ben | jeudi, 19 janvier 2006

zvezdo : un ravel est annoncé au disque chez pentatone (et avec pletnev à la baguette!!), mais il s'agit du concerto pour les deux mains...
Philippe[s] : j'espère qu'il ne choisira jamais entre le récital classique et le jazz/impro. c'est ce mélange qui fait son originalité et sa personnalité...

Écrit par : gvgvsse | vendredi, 20 janvier 2006

Ah ! Dans Gougueule, pour la recherche "schlimé unesco", j'arrive devant Ben et Gvgvsse !!

Écrit par : Philippe[s] | dimanche, 22 janvier 2006