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dimanche, 18 décembre 2005

Evitez de manger de la perche si vous êtes émotif

Deux éléments m'incitaient à me préparer au pire. En premier lieu, nous n'avons pratiquement rien vu de correct au TNBA depuis deux ans ; en second lieu, Rêves d'après Kafka, spectacle déjà ancien de Philippe Adrien, est l'une des choses les plus calamiteuses que je n'ai jamais vue sur scène.
Mais nous avions quand même pris des places pour assister à Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz, mise en scène par Philippe Adrien, au TNBA, à cause de Gombrowicz, de la Bourgogne, du titre de la pièce, et parce que je crois que j'avais confondu, dans mon souvenir, Philippe Adrien et Claude Régy.
Et si cela ne fut pas extraordinaire, cela ne fut pas non plus catastrophique...
Mais, bon sang de bon soir, pourquoi toujours tant de hurlements, tic du théâtre actuel - en particulier cette fois le Roi et le Chambellan dans la scène de la préparation du meurtre par arête de perche. C'est un signe, à mon avis, du problème principal de la mise en scène, à savoir le pléonasme : ajouter du grotesque, par le jeu des acteurs, au grotesque présent dans le texte rend celui-ci ridicule, donc inopérant, alors qu'il devrait paraître grinçant et tragique.



16 décembre 2005 Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz, mise en scène de Philippe Adrien, au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (salle Jean Vauthier)

Commentaires

Je suis heureux de voir que vous partagez la même interrogation que moi sur ces cris. Est-ce pour faire plus "vrai" ? Pour mieux provoquer le raptus ?

Je crains que ce ne soit, hélas, un problème d'apprentissage du placement de la voix et d'acquisition de la projection. Lié à des velléités esthétiques, c'est possible, mais pas réjouissant.

Quant à ajouter dans un texte ce qu'il y a déjà, c'est un problème récurrent lorsqu'on manque d'idées et qu'on cherche l'effet ; ou lorsqu'on ne prend pas assez de recul par rapport à son propre jeu (c'est aussi pour ça qu'un metteur en scène est là...). Au demeurant, c'est un exercice difficile que d'incarner sans souligner, et de suggérer ce qui n'est pas explicite.

Écrit par : DavidLeMarrec | dimanche, 18 décembre 2005

Cette note me rappelle un passage de "Venises" où Paul Morand fait une remarque semblable sur le théâtre et où il déplore ce phénomène du cri ; il semblerait que le massacre ait débuté dans les années 70 si j'en crois ses dires.

Au passage, très bon blogue. Merci à vous.

Écrit par : slak | lundi, 19 décembre 2005

Merci

(je vais vérifier de ce pas dans "Venises")

Écrit par : Philippe[s] | lundi, 19 décembre 2005

« Les acteurs vocifèrent pendant cinq actes, abusando del registro urlato ; l'art dramatique d'aujourd'hui n'est qu'une surenchère d'agressions criées ; on devrait apprendre aux acteurs, dont le métier est « d'avoir l'air », qu'il leur faut avoir l'air de crier, sans crier »

8 octobre 1970, Venises, L'imaginaire/Gallimard p. 192

Voilà.

Écrit par : slak | lundi, 19 décembre 2005