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vendredi, 12 septembre 2008

Boulézien !

Peut-être parce qu’il a une grande intelligence, sans doute parce qu’il a fondé des institutions importantes et occupé des positions éminents, ou encore parce qu’il a réussi à l’étranger – de New-York à Bayreuth – (et les français n’aiment pas cela), probablement pour son rôle supposé d’éminence grise (l’Opéra Bastille), le montbrisonnais Pierre Boulez est assez généralement détesté (sauf éventuellement en tant que chef d’orchestre).
Comme icône de la musique contemporaine – pour ceux qui abhorrent cette musique – comme représentant d’un certain type de composition, hégémonique et dogmatique – pour ceux qui l’aiment – boulézien est devenu un terme péjoratif et quasiment une insulte si j’en crois David – Carnets sur sol.

La lecture de la dernière page du Monde de la Musique de ce mois ci confirme ces préjugés (c’est cette page qui est cause du présent billet). Claude Chabrol (L'invité du mois) y déclare en effet : « J'aime dans la musique ce parfait équilibre de la mathématique et du sentiment, de l'ordre et du chaos, bien que Pierre Boulez ait fait pencher la balance d'un seul côté. Trop de chiffres et trop peu de cœur... ».
Voilà bien une scie (musicale) : Boulez serait trop intellectuel (c’est donc une tare ?), sa musique serait cérébrale, sans cœur, sans âme, mathématique et sans sensualité.

C’est un jugement que je ne partage pas du tout.
Pendant longtemps, au temps jadis où j’étais jeune, j’ai été un mélomane passablement sectaire (je ai raconté en partie mon éducation musicale ici), et en particulier dès les premières notes de musique contemporaine entendues à la radio, je tournais le bouton pour passer à autre chose (Wagner, la musique romantique et post-romantique… subissant le même sort).
Jusqu’au jour où j’ai assisté à l’exécution de Pli selon Pli de Pierre Boulez par Pierre Boulez au festival Musica de Strasbourg tout juste créé (c’était la quatrième édition, en 1986), quelques jours à peine avant mon départ pour le Maroc. A vrai dire je ne sais pas pourquoi je me suis rendu à ce concert (mon premier de musique contemporaine, donc) ; peut-être pour impressionner un joli garçon (ce fût raté si je m’en souviens bien).
En tout cas je fus ébloui par l’œuvre (et par le chef) qui loin de me paraître sèche et sans cœur, m’a semblé pleine de sensualité, de contrastes, de violence et de douceur et d’une beauté sonore inouïe, tout en étant d’une remarquable intelligence (je rappelle ici que je n’ai aucune connaissance en analyse musicale, et que je retranscris ce que je ressens).

Je devins, lors de mon retour à Strasbourg dix ans plus tard, un fidèle spectateur de Musica, et je reste toujours un grand amateur de Boulez compositeur.

Pour ceux qui voudraient bien laisser leur œillères (sonores) au vestiaire, un extrait du livre pour cordes (I b – Mouvement) :



Découvrez Pierre Boulez!