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jeudi, 14 juin 2007
Un trousseau de clef[s]
Cet afflux soudain m’a rappelé un échange de messages avec Monsieur KA, dans lequel celui-ci me faisait part, au temps ancien où je figurais dans sa liste de liens, de son souhait de rédiger un texte autour des clefs. N’ayant rien vu venir, je me permets de lui griller la politesse, en proposant quelques rôles tenus par la clef en peinture.
L’idée étant partie du tableau de Jan Steen, La Leçon de clavecin, daté de 1660, toutes les illustrations seront tirées d’œuvres du XVIIème siècle.
La clef, en premier lieu, est présente en tant que clef (key is a key is a key is a key) permettant de fermer une porte (Ceci est une clef).






A mi-chemin entre le symbole et la réalité, les vaincus offrent à leur vainqueur la clef de leur cité.


S’éloignant du réalisme, les clefs de Saint-Pierre ouvriront les portes du Paradis aux âmes méritantes.




Les vanités et les natures mortes sont avares en clefs. Leur rare présence offre pourtant matière à de profondes réflexions sur le temps qui passe, quand elles servent à remonter une montre, substitut au traditionnel sablier.


Après ce moment de philosophie, le retour à Jan Steen est un peu trivial, car chez lui, et à plusieurs reprises, la clef a un caractère grivois.
Que ce soit le professeur de clavecin et sa jeune élève (1660), le vieux client et la jeune servante dans la taverne (1660), ou encore le oude vrijer et la jonge meid dans la cuisine (1665), nous sommes en présence d'un vieillard libidineux convoitant la virginité d'une demoiselle.

La clef ouvrira-t-elle la voie au vieil homme, ou protègera-t-elle la jouvencelle ? L'histoire ne le dit pas.



La clef dissimulée par Hoogstraten dans sa Vue d’un couloir (1662), et ses pièces en enfilades, est plus étrange.



Enfin pour terminer ce tour de clefs, et ne pas laisser croire que seul le XVIIème siècle s’y est intéressé, voici un tableau de Fragonard, la Leçon de musique, sans vieillard, mais non sans trouble.

Mise à jour (20 juin) : il n'y a naturellement pas de clef dans le tableau original de Fragonard. C'est la clef de Steen qui a voyagé depuis la Wallace Collection !
19:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Comme d'habitude tu sais élever le débat et rendre ce qui pourrait paraître à certains insignifiant très intéressant
Écrit par : Philoo | jeudi, 14 juin 2007
Superbe travail, très cher : on en a l'oeil qui frise...
Écrit par : Didier Goux | vendredi, 15 juin 2007
Escroc !!
Écrit par : Fragonard | vendredi, 15 juin 2007
Exellent billet ! Il me rappelle ce proverbe chinois que j'affectionne : "La bonne clef ne suffit pas, il faut aussi la bonne serrure."
Écrit par : Damien | samedi, 16 juin 2007
(Excellent)
Écrit par : Damien | samedi, 16 juin 2007
Ah tu as bien fait de me griller la politesse, parce que des promesses du genre "je vais faire un billet sur…", j'en ai formulées quelques-unes et n'en ai concrétisées que peu ;-)
Cela dit, je te signale que le monsieur qui a signé l'un des commentaires sous le nom de Fragonard est un vil usurpateur, oui. Doit-on prendre son accusation à la légère ? Ceci est une autre histoire, comme aurait dit Gustave Kipligne à la caissière du Louvre.
Écrit par : KA | samedi, 16 juin 2007
Vraiment passionnant. Merci.
Écrit par : Irremplaçable Épouse | samedi, 16 juin 2007
Superbe. Merci.
o---:::
Écrit par : lipcare | lundi, 25 juin 2007
Merci !
Écrit par : ckankonvaou | mardi, 17 juin 2008
Bonsoir,
Au sujet de la mosaïque d'images tout en haut de votre page, pour ainsi dire son frontispice, il y a un regard en noir et blanc (en partant du coin supérieur-gauche, à la 3ème ligne en bas on arrive à Bach, puis de 3 cases en allant à droite) : est-ce Monteverdi ?
En partant maintenant du coin inférieur droit, s'agit-il bien de Siméon Chardin ? Puis, au-dessus et à gauche de lui : est-ce Spinoza ?
Enfin, le 4ème portrait sur la droite, en partant de nouveau du coin supérieur gauche, est-ce Wagner ou Gauss ?
J'aime les peintures qui sont sur cette page. J'ai un fort penchant pour les pantoufles de Samuel Van Hoogstraten et leur mystérieuse pénétration de l'espace par une perspective intelligemment curieuse.
Écrit par : Karim | mardi, 06 novembre 2012