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samedi, 09 juin 2007
Le roi et l'oiseau (fable germanique)
D’aucuns trouvent l’intrigue de Lohengrin simple, voire simpliste.
Cependant, dans un décor de théâtre d’un après-guerre indéterminé, sur la scène de l’Opéra Bastille, autour d’une pierre venue d’un autre âge – lieu de tous les affrontements, tribune des proclamations, autel sacrificiel – ce sont des situations éternelles qui se jouent, sans anecdotes ni intrigues secondaires : la confiance et la fidélité au serment donné face à la trahison et à la tentation, le combat des dieux anciens contre la religion nouvelle, l’honneur, l’origine (Für deutsches Land das deutsche Schwert ! So sei des Reiches Kraft bewährt !), le nom, enfin (et surtout).
Lohengrin est d’autre part une sorte de matrice de l’œuvre entier de Wagner : Ortrud invoque Wotan et Fricka, Lohengrin est le fils de Parsifal, le cygne (de Zwaan) tire un Vaisseau fantôme, Lohengrin offre à Elsa son anneau (Der Ring), les dieux crépusculent, le jeune Gottfried échappant in extremis au sortilège de la dernière descendante de la lignée de Radbod.
Malgré quelques tunnels (la préparation du combat au 1er acte, notamment), Lohengrin regorge de musique magnifique (et j’ai du mal à croire que l’on puisse lui préférer Le Bal masqué (ohé, ohé) !), en particulier au 2ème acte où l’on découvre par exemple, ébahi, un mouvement lent d’une sérénade pour vents quasi mozartienne, accompagnant le défilé des suivantes d’Elsa avant ses noces.
L'arche d'alliance au portail nord de la cathédrale de Chartres
Sur les questions d’interprétations, si je suis en désaccord avec Zvezdo quand il prétend qu’elles n’ont pas d’intérêt, je ne souhaite pas non plus tomber dans l’exagération de nombreux forumistes d’opéra, prétentieux donneurs de leçon et coupeurs de cheveux en quatre. Aussi je m’en tiendrai à quelques appréciations générales sur une distribution excellente (si l’on excepte Jan-Hendrik Rootering à bout de souffle), en particulier les prodigieux Ben Heppner et Waltraud Meier, et Mireille Delunsch qui, si l’on arrive à accepter son timbre particulier, dessine une Elsa très intéressante, sans rien d’un héroïsme dramatique, mais plutôt dans la lignée d’une folie fragile caractéristique des personnages romantiques et belcantistes. Bonne direction de Michael Güttler (qui arrive à remettre d’aplomb les chœurs un peu perdus au 1er acte), quelques bonnes idées de mise en scène, dans une tonalité sombre, jouant sur des effets de lumière pas toujours très subtils.
Grande soirée wagnérienne.
Wagner : Lohengrin - Jan-Hendrik Rootering, Mireille Delunsch, Waltraud Meier, Ben Heppner, Jean-Philippe Lafont, Evgeny Nikitin, Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris, Michael Güttler - Robert Carsen (mise en scène) - Opéra Bastille - 8 juin 2007
Cependant, dans un décor de théâtre d’un après-guerre indéterminé, sur la scène de l’Opéra Bastille, autour d’une pierre venue d’un autre âge – lieu de tous les affrontements, tribune des proclamations, autel sacrificiel – ce sont des situations éternelles qui se jouent, sans anecdotes ni intrigues secondaires : la confiance et la fidélité au serment donné face à la trahison et à la tentation, le combat des dieux anciens contre la religion nouvelle, l’honneur, l’origine (Für deutsches Land das deutsche Schwert ! So sei des Reiches Kraft bewährt !), le nom, enfin (et surtout).
Lohengrin est d’autre part une sorte de matrice de l’œuvre entier de Wagner : Ortrud invoque Wotan et Fricka, Lohengrin est le fils de Parsifal, le cygne (de Zwaan) tire un Vaisseau fantôme, Lohengrin offre à Elsa son anneau (Der Ring), les dieux crépusculent, le jeune Gottfried échappant in extremis au sortilège de la dernière descendante de la lignée de Radbod.
Malgré quelques tunnels (la préparation du combat au 1er acte, notamment), Lohengrin regorge de musique magnifique (et j’ai du mal à croire que l’on puisse lui préférer Le Bal masqué (ohé, ohé) !), en particulier au 2ème acte où l’on découvre par exemple, ébahi, un mouvement lent d’une sérénade pour vents quasi mozartienne, accompagnant le défilé des suivantes d’Elsa avant ses noces.
L'arche d'alliance au portail nord de la cathédrale de Chartres
Sur les questions d’interprétations, si je suis en désaccord avec Zvezdo quand il prétend qu’elles n’ont pas d’intérêt, je ne souhaite pas non plus tomber dans l’exagération de nombreux forumistes d’opéra, prétentieux donneurs de leçon et coupeurs de cheveux en quatre. Aussi je m’en tiendrai à quelques appréciations générales sur une distribution excellente (si l’on excepte Jan-Hendrik Rootering à bout de souffle), en particulier les prodigieux Ben Heppner et Waltraud Meier, et Mireille Delunsch qui, si l’on arrive à accepter son timbre particulier, dessine une Elsa très intéressante, sans rien d’un héroïsme dramatique, mais plutôt dans la lignée d’une folie fragile caractéristique des personnages romantiques et belcantistes. Bonne direction de Michael Güttler (qui arrive à remettre d’aplomb les chœurs un peu perdus au 1er acte), quelques bonnes idées de mise en scène, dans une tonalité sombre, jouant sur des effets de lumière pas toujours très subtils.
Grande soirée wagnérienne.
Wagner : Lohengrin - Jan-Hendrik Rootering, Mireille Delunsch, Waltraud Meier, Ben Heppner, Jean-Philippe Lafont, Evgeny Nikitin, Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris, Michael Güttler - Robert Carsen (mise en scène) - Opéra Bastille - 8 juin 2007
11:35 Publié dans Vu, lu, entendu | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Que pourrais-je ajouter ?! D'ailleurs je n'ajoute rien, et je compose un billet sur un tout autre sujet. Content, en tout cas, de vous avoir croisés, et à la prochaine fois...
Écrit par : L'Amateur | lundi, 11 juin 2007