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jeudi, 28 août 2008

« Quel beau motif »

Les relations entre un artiste et sa ville natale sont rarement cordiales, mais généralement, quand la notoriété arrive (le plus souvent après la mort), les intérêts économico-touristiques, la reconnaissance médiatique, le temps qui passe estompent les critiques, et les commémorations ne tardent pas à fleurir.
Cézanne et Aix ne font pas exception à la règle, mais l’acceptation du peintre par la cité me semble avoir été excessivement laborieuse. Deux exemples simplement pour illustrer les réticences des aixois :
En 1925, Auguste-Henri Pontier, alors conservateur du musée Granet, claironne qu’aucune œuvre de Cézanne n’entrera au musée de son vivant. L’hommage à Cézanne de Maillol est ainsi refusé par la municipalité ainsi qu’une donation du célèbre marchand d’art Ambroise Vollard. Le résultat, c’est que le musée Granet aurait du mal à changer de nom, car il est très riche en Granet, et très pauvre en Cézanne (il y a heureusement d’autres tableaux intéressants).
Il a fallu d’autre part attendre 1969, et moult vicissitudes, pour que la ville d’Aix se rende propriétaire de l’atelier que le peintre s’était fait construire en 1902 sur la colline des Lauves (aujourd’hui colonisée par les lotissements, heureusement rendus invisibles par la végétation cachant désormais l’horizon).


L'atelier de Cézanne vu depuis le jardin

Mais depuis quelques années, tourisme et marketing aidant, Cézanne s’est largement rattrapé, au point d’éclipser totalement les autres gloires aixoises (du Roi René à Mirabeau, de Campra à Milhaud, sans oublier Zola ou Andréa Ferréol). Depuis la grande rétrospective de 2006 organisée pour la réouverture du musée Granet, il n’est question que de parcours Cézanne (à grands coups de clous en bronze dans les rues), de route Cézanne, de « terrain des peintres » (où l’on peut comparer le panorama de la Sainte-Victoire à des reproductions des toiles de Cézanne) et de visites des Sites Cézanne (outre l’atelier des Lauves, la bastide du Jas de Bouffans et les carrières de Bibemus). Les tarifs sont prohibitifs et les lieux envahis par les touristes japonais, mais désertés par tout esprit cézannien.



La Sainte-Victoire vue depuis le terrain des peintres

Heureusement, le massif de la Sainte-Victoire est toujours là, et toujours intact malgré les incendies.






Une promenade près du Tholonet


Un motif étourdissant se développe du côté du levant : Sainte-Victoire et les rochers qui dominent Beaurecueil.
J’ai dit : « Quel beau motif ».
Cézanne : Lettre à Zola, 14 avril 1878