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vendredi, 30 juin 2006

Sur l'autel


Revenant de Preuilly sur Claise, Guillaume propose à notre réflexion quelques vitraux de l'église Saint Pierre, en particulier l'adoration des bergers qui l'a amené à quelques notations à propos du piédestal sur lequel repose le nouveau-né :
Chacun admire ce piédestal, qui est déjà un tombeau.
From womb to tomb

Cette question du piedestal me ramène à Chartres.
En effet, le double linteau et le tympan du portail droit de la façade occidentale de la cathédrale de Chartres sont une méditation sur l'enfance du Christ, articulé autour la symbolique de l'autel (terme qui me semble en l'occurence plus approprié que celui de piedestal).


Au premier linteau, Marie se repose après la Nativité ; Joseph est à gauche, un ange à droite. Au dessus du lit de la ci-devant parturiente, sur un autel, Jésus emmailloté, dans son couffin, est offert à l'adoration des bergers, venus contempler la bonne nouvelle.


Au deuxième linteau, Jésus est présenté par sa mère au Temple, selon la tradition juive. Le vieillard Siméon l'accueille dans un geste d'ouverture des bras, mais aussi lui rend hommage par un geste de fléchissement des genoux, tandis que le Christ est placé sur un autel. Les yeux de Siméon ont vu le salut, l'ancienne religion s'incline devant la nouvelle.


Au tympan, entourées des sagesses antiques et protégée par la main de Dieu, la Vierge en majesté porte Jésus. Elle en est l'autel, trône de sagesse, trône de la sagesse divine, englobant la sagesse antique (et en particulier la philosophie grecque, spécialité de l'école de Chartres).


L'autel de la nativité est donc le chemin vers la sagesse, plutôt que vers le tombeau, même si le sacrifice est nécessaire à son accomplissement.

22:00 Publié dans Chartres | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Indépendamment de ta démonstration, très convaincante (et je concède nager dans les flottements), Marie parturiente n'est-elle pas représentée d'une manière très originale ?

Écrit par : Guillaume | vendredi, 30 juin 2006

Que voilà une question intéressante (et rappelons que je ne suis qu'un modeste amateur autodidacte dans ces domaines), qui mériterait bien une autre note, peut-être (avec quelques illustrations).
Représenter Marie couchée dans une Nativité est assez courant dans l'art roman, voire gothique (à Chartres même au portail Nord, ainsi que dans les vitraux ; mais dans de nombreux autres édifices religieux en France) : on insiste ainsi sur l'incarnation (Marie a réellement accouché), comme le font toujours les églises orientales (voir les icônes représentant la nativité), et contrairement à la quasi-totalité des représentations ultérieures dans l'art occidental.
Ce qui est plus original (il me semble me souvenir d'un autre exemple à Vézelay), c'est la position de la main gauche de Marie qui semble protéger son sexe. Probablement la volonté de mettre en avant, à coté de l'incarnation, l'immaculée conception (que l'on retrouve ailleurs dans le programme des vitraux de Chartres). Une manière de rappeler que la Vierge a enfanté sans connaître la semence de l'homme.

Écrit par : Philippe[s] | samedi, 01 juillet 2006

C'est ce qu'il me semble : originalité, non du motif, mais de l'attitude.

Écrit par : Guillaume | samedi, 01 juillet 2006